Passions enfantines, laissez-les rêver !

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La passion n’attend pas le nombre des années. Mais attention, sous ce terme largement galvaudé se cachent parfois juste des passades, parfois aussi le sens de toute une vie. A quoi ressemble la passion quand on a 7, 10 ou 12 ans ? Comment la reconnaît-on ? Que signifie-t-elle au juste ? Côté Mômes ouvre le champ d’un domaine encore bien mystérieux.

Est-ce parce que s’affrontent encore et toujours les psychanalystes qui croient – presque exclusivement ? – aux pouvoirs de l’éducation et ceux qui pensent que nos penchants, nos talents, nos passions, plus forts que nous, sont dus à des gènes encore indéterminés ?


En tout cas, le moins que l’on puisse dire est que sur le sujet des passions enfantines, lorsqu’elles ne riment ni avec amitié ni avec amour, les spécialistes sont muets ! C’est parce que la passion, quand on est enfant, n’existe pas, me direz-vous ! Faux, vous répondrai-je, même si, il est vrai, les passions d’ados font plus de bruit. Mais sont-elles plus vraies pour autant ? Pas sûr et nous allons voir.

Fruit de la passion

Qu’est-ce qu’une passion ? « Mouvement violent, impétueux de l’être vers ce qu’il désire ; émotion puissante et continue qui domine la raison ; inclination très vive » nous dit le Petit Larousse. Eh bien chacun d’entre-nous est a priori capable de témoigner qu’une telle définition existe chez certains enfants. Et nous avons tous les souvenir de reportages sur de petits passionnés – prodiges ? – qui ne vivent que pour l’objet de leur désir, qu’il prenne la forme d’un piano, d’une raquette de tennis ou d’un cheval.

Nous ne parlons pas ici, bien sûr, de l’addiction aux jeux vidéos, par exemple, qui tient plus du phénomène de mode ou d’une drogue qui vient combler un manque, ni même de l’identification de certains tout jeunes à un super héros, encore que… Qui pense, dort, lit, s’habille et mange Spiderman a peut-être, au fond de lui, vocation à sauver la planète… Mais je m’égare !

Revenons à nos passions et essayons de faire le tri entre les « passions » à la mode, qui seraient plutôt des passades, celles qui « font bien », celles dont les enfants essaient de se persuader pour ne pas décevoir papa et maman… Et la passion, la vraie, qui tombe un jour sur la tête d’un gamin qui sait que sa vie, ce sera ça ou rien.

Passions torturées ?

Combien d’enfants ont dû faire taire ce sentiment pour être « comme les autres » ? Combien de parents sont-ils étonnés de voir leur progéniture comme hantée par un penchant disproportionné pour tel ou tel domaine alors qu’il n’y avait aucun « antécédent » familial ? Combien de passions d’enfants ont été ignorées et tuées dans l’œuf au profit d’une « carrière scolaire » bien menée ? Quel avenir pour la passion, qu’on l’ait suivie aveuglément ou qu’on l’ait mise de côté pour rentrer dans le rang ? Mesdames et messieurs les petits et grands passionnés, la parole est à vous !

Paroles de passionnés !

Tout pour la musique

« Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours voulu jouer du piano. Je n’ai jamais pensé qu’à ça. Mon piano, il prend toute la place dans ma tête et aussi dans ma chambre ! Quand je ne joue pas, je fais mes devoirs… Par correspondance car mes 6 heures de piano par jour ne me laissent par le temps d’aller en cours comme les autres ! J’ai de la chance parce que mes parents m’aident à vivre ma passion à fond… Je prends mes cours par correspondance et le reste du temps, je joue. Je suis différent, et alors ? Je ne sais pas quel métier je ferai plus tard, je n’y pense pas, mais franchement, ça m’étonnerait que je m’éloigne de mon clavier !» Pierre, 12 ans, 9 ans de piano derrière lui !

Fais comme l’oiseau…

« J’ai une passion bizarre si on veut, c’est les oiseaux. Enfin, moi je trouve pas ça bizarre, c’est plutôt les autres. Depuis tout petit, ça me fascine. Je les regarde pendant des heures, je me demande bien où ils vont et j’aimerais bien voler comme eux. Comme ça m’intéresse, à chaque anniversaire, chaque Noël, je demande des livres, des DVD, des CR-Rom sur les oiseaux. Tous les jours, je passe des heures sur internet, sur des sites spécialisés. Mais j’ai pas envie d’en avoir chez moi, j’aime pas les imaginer en cage. Le seul problème avec cette passion, c’est que je suis un peu tout seul… Ca n’intéresse pas grand monde de mon âge ! » Adrien, 10 ans, ornithologue en herbe

Passion déçue

« A 5 ans, je déclamais des textes en me déguisant, à 10 ans, j’écrivais de petites pièces de théâtre pour mes cousins et moi que nous jouions devant notre nombreuse famille. A 14 ans, j’ai assisté au tournage d’un film dans le tout petit village de ma grand-mère et là, ça a été la révélation : c’était ça que je voulais faire, comme ça que je voulais vivre. J’avais trouvé ma vocation ! Après deux ans de théâtre au conservatoire, j’ai tout arrêté parce qu’il fallait que je sois au théâtre tous les soirs jusqu’à minuit et que mes parents ont voulu que je passe mon bac d’abord ! Après, je me sentais trop vieille pour tout recommencer à zéro ! N’empêche, cette passion de la scène ne m’a jamais quittée… Et j’ai encore aujourd’hui parfois l’impression d’être passée à côté de ma vie, même si je fais un boulot qui me plaît. Heureusement, je fais le clown devant mes élèves ! » Marie, 35 ans, professeur de français.

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