En France, en 2001, la loi de financement de la Sécurité Sociale a instauré le congé de paternité, opérationnel depuis le 1er janvier 2002. Les premières enquêtes ont montré que 60% des nouveaux pères français choisissaient de bénéficier de ce congé de paternité, avant tout pour passer du temps avec leur bébé et leur conjointe, mais aussi pour s’occuper des aînés ou organiser la vie de la nouvelle structure familiale. Presque sept ans après, qu’en est-il ?5042Selon le dernier sondage TNS-Sofrès, réalisé en décembre 2007, à présent 69% des pères Français prennent leur congé paternité, ce que confirment les statistiques des trois principales caisses d’assurance maladie (CNAMTS, CCMSA et RSI). Un succès donc pour ce congé, accordé à tous les nouveaux pères salariés, aux demandeurs d’emploi ayant un revenu et aux stagiaires en formation professionnelle continue, c’est-à-dire à tous les actifs.
D’une durée de onze jours (dix-huit pour une naissance multiple), ce congé paternité peut s’additionner directement au congé de solidarité de trois jours, ou commencer au plus tard dans un délai de quatre mois après la naissance, en accord avec l’employeur. 38% des pères le prennent ainsi juste après la naissance et les ¾ le posent au cours du premier mois du bébé (sondage TNS-Sofrès 2007).
Un même congé, différents traitements
En effet, le congé de paternité n’est pas payé par l’employeur. Le père perçoit son salaire net en indemnités journalières (IJ) à hauteur du salaire diminué des cotisations sociales et de la CSG (soit environ 80% du salaire, comme pour les IJ maternité), dans la limite du plafond fixé par la Sécurité sociale : soit 2 773 € par mois en 2008. D’où un manque à gagner important pour les plus gros salaires, ce qui explique chez certains la non prise de leur congé de paternité, notamment chez 32% de cadres supérieurs (source TNS-Sofrès 2007). Mais, selon les entreprises, les secteurs ou les conventions collectives, il peut exister des indemnités compensatoires, comme dans le public, même si le salaire dépasse le plafond de la sécurité sociale.
Prendre sa place de papa
Pour Emilie Chevalier, auteur d’une étude pour la CNAF parue en 2006 (n° 78 – Les bénéficiaires du congé paternité), « les nouveaux pères bénéficient de ce congé autant en tant que conjoint qu’en tant que père ». Elle s’est aperçue que pour tous les pères interrogés, le congé est une période bouleversante, dans le sens où ils ne s’attendaient pas à s’occuper autant de leur conjointe et de leur enfant, ni que ça allait être aussi difficile et surtout fatigant ! Enfin, si les pères qu’elle a interrogés se déclarent satisfaits par le congé de paternité, pour eux cette période reste trop courte. La proposition de la Commission européenne, en septembre 2008, d’augmenter la durée du congé de maternité (jusqu’à 18 semaines) va-t-elle influencer celle du congé de paternité ?
Le congé paternité : le temps d’être père
L’enquête Congés autour de la naissance, menée par la DREES entre avril et juin 2004, montre que « l’alternance ou la collaboration père/mère sont très fréquentes pendant cette période, mais seuls 8 à 15% des pères se chargent sans aide du biberon, du bain, des soins et du change ».
D’autre part, « les pères déclarent avoir consacré aux tâches domestiques, durant le congé de paternité, le double du temps déclaré en temps normal, soit un peu plus de deux heures par jour.
A l’opposé, un tiers des pères n’ont rien changé à leur participation (6% des pères ont même réduit le temps qui y était dédié) ». Enfin, « le temps de soins quotidiens (habillement, repas, etc.) et de jeux avec les autres enfants bénéficie pendant cette période de la plus grande disponibilité du père, particulièrement s’il y a d’autres jeunes enfants dans la famille ».
Il semble donc que le congé de paternité offre au père un temps bien venu au moment où la famille s’organise dans les premières semaines suivant l’arrivée du nouveau-né. Mais dans une autre étude de Denise Bauer pour la DREES, intitulée Le temps des parents après une naissance (2006), l’auteur montre que 4 à 6 mois après une naissance, soit à une période où les mères ne sont plus elles-mêmes en congé de maternité, « le schéma « classique » de distribution des rôles semble reprendre ses droits ».
En effet, à ce moment, les pères ne consacrent plus qu’une heure par jour aux tâches domestiques contre deux heures et demi pour les mères… Belle parité !
Cela dit, « lorsque les deux membres du couple participent de manière équivalente aux ressources du ménage, leur participation aux tâches domestiques tend à se rapprocher » remarque-t-elle. Ce schéma va-t-il se répandre ? On l’espère !
Les congés de paternité en Europe |
Chaque système a ses caractéristiques propres, difficilement comparables… Mais partout, la décision de la famille quant au moment et à la durée du congé est liée à l’indemnité offerte.
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