Comment aider son enfant à dormir?

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Questions à Brigitte Langevin, conférencière et formatrice, spécialiste du sommeil, auteure de « Comment aider mon enfant à dormir, de la naissance à l’adolescence ».Côté Mômes. Nous abordons le sujet du sommeil de l’enfant et particulièrement la tranche des 8 -12 ans. En tant que spécialiste, pensez-vous que le manque de sommeil est évident pour cette tranche d’âge et selon vous, quelles en sont les raisons ?

Brigitte Langevin. « Le manque de sommeil est effectivement évident chez les 8-12 ans.  Les professeurs le constatent régulièrement à l’école, la fréquence de leurs bâillements est très importante en début de matinée alors que le jeune devrait être bien reposé après une nuit de sommeil. La raison principale à cet âge est la peur des monstres et du noir. Ils mettent plus de temps à s’endormir et réclament la présence de leur parent. L’excès de télévision, notamment au moment du coucher, peut être une cause directe à cette peur. Le manque de discipline de la part de certains parents n’est pas à négliger non plus. Certaines limitent sont inamovibles et l’heure du coucher ne devrait pas se négocier. Sachez que tant que le cerveau est stimulé (lecture, télé, jeu, devoirs…), le processus d’endormissement menant au sommeil ne s’enclenche pas et les heures de sommeil en sont diminuées d’autant ».

Respecter leur vie d’enfant

C.M. Ne pensez-vous pas qu’il y ait un grand décalage entre le développement normal d’un enfant de 8 à 12 ans et le rythme de vie qui lui est imposé ? Ecole, devoirs, activités extrascolaires, vie sociale… Le système n’exigerait pas trop de nos enfants ? Leur sommeil ne serait-il pas le premier perturbé ?

B.L. « Vous avez tout à fait raison. Les enfants n’ont plus de « vie d’enfant » de nos jours.  Il n’est pas rare de les voir cernés en permanence. Oui, le système est peut-être à blâmer, mais les parents sont aussi responsables. L’activité principale du jeune de 8 à 12 ans en dehors de la classe et des devoirs devrait être de s’amuser et ce au grand air autant que possible ».C.M. Le sommeil est reconnu comme indispensable au bon développement de l’enfant, autant sur le plan physique (croissance) que sur le plan mental (acquisition, concentration, mémorisation…). Un enfant qui manquerait de sommeil pourrait être un enfant plus petit que la moyenne ou du moins, plus petit qu’il n’aurait dû être ? Son niveau scolaire pourrait-il être affecté ?

B.L. « Tout d’abord, rappelons qu’en plus de son incidence sur le plan physiologique et intellectuel, le sommeil en a aussi un sur le plan émotionnel. Il permet à l’enfant non seulement de grandir et de mémoriser, mais aussi de récupérer, de garder le sourire et finalement de préserver sa santé. Concernant l’aspect physiologique, en effet, nous savons maintenant que les hormones de croissance sont sécrétées durant le sommeil. Un manque de sommeil majeur et à long terme chez le jeune peut affecter sa taille. J’aimerais ajouter aussi qu’une étude publiée dans le numéro d’avril dernier du mensuel Archives of Pediatrics & Adolescent Medicine, révèle que le sommeil est une arme contre l’obésité chez les jeunes. Les enfants de cette tranche d’âge qui dorment moins de 10 heures par jour ont plus de risque d’être en surpoids.

Concernant le rendement à l’école, il est maintenant prouvé que le retard scolaire est beaucoup plus important chez les enfants dormant moins de huit heures. Pendant le sommeil et surtout durant la phase paradoxale (période plus importante en durée dans la deuxième moitié de la nuit), est rangée dans la mémoire ce qui a été appris pendant la journée ».

Respecter leur besoin de sommeil

C.M. On le sait, il y a deux catégories d’individus, ceux dits « du soir » et ceux dits « du matin ». 10 heures de sommeil répartis de minuit à 10 heures du matin sont-elles aussi bénéfiques que 10 heures de sommeil de 21 heures à 7 heures du matin ?

B.L. « Il y a encore beaucoup d’éducation à faire à ce sujet.  La science du sommeil étant encore très jeune (elle n’existe que depuis les années 50, avec l’apparition des électro-encéphalogrammes), il y a beaucoup de mythes qui courent à ce sujet.  Entre autres, beaucoup de personnes croient encore que les heures avant minuit sont plus récupératrices que celles après minuit.  Ce qui est faux. L’important est de respecter ses besoins en sommeil.  Chez les enfants, 10 heures de sommeil (ce qui est le minimum à cet âge), de minuit à 10 heures ou de 21 heures à 7 heures régulièrement et j’insiste sur le régulièrement, c’est parfait. Cependant, nous savons que le jeune enfant doit se lever bien avant 10 heures le matin pour aller à l’école. La réponse va donc de soi. Durant la nuit, toutes les phases du sommeil sont importantes : grosso modo, la première moitié s’occupe plus particulièrement de la régénération physique (réparation et construction de nouvelles cellules), tandis que la deuxième partie se concentre sur la régénération psychologique (mémorisation et équilibre des émotions) ».C.M. Quel est le schéma idéal pour l’enfant. A quelle heure devrait-il se coucher ? Combien d’heures doit-il impérativement dormir ? Doit-on leur proposer de faire une sieste dès que l’occasion se présente ?

B.L. « Il n’existe pas de schéma idéal pour tous les enfants. La culture ayant un impact majeur.  En règle générale, c’est l’heure du lever qui devrait toujours déterminer l’heure du coucher. Plus l’enfant doit se lever tôt, plus il devra se coucher tôt. Le seul moment pour proposer une sieste à un enfant, âgé de 8 à 12 ans, en dette de sommeil, est après le repas du midi, environ une trentaine de minutes maximum, sinon elle pourrait nuire à son sommeil de nuit par un endormissement plus tardif ».

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