Comme dans la vie réelle, la toile recèle ses dangers, pas toujours faciles à identifier. La déferlante Internet dans nos foyers et l’attrait qu’il exerce sur nos enfants doivent-ils être une source d’inquiétude ? Quelques experts en la matière nous éclairent.
Internet : un média hors d’atteinte
A l’heure du multimédia tous azimuts, pas si simple de s’y retrouver pour de nombreux parents souvent moins habiles que leurs enfants quant il s’agit de surfer sur la toile. Formidable outil de connaissances, d’échanges et de partage, Internet est aussi le média de la plus libre expression qui soit… De toutes les expressions, les meilleures comme les pires !
Sexe, violence, racisme, achats faciles, images choquantes : les plus petits peuvent être exposés à leur insu à des contenus traumatisants. L’entrée d’un mot clé qui leur semblera anodin peut par exemple dévier sur des sites dits « de charme » pas toujours charmants.
Selon une enquête réalisée par Médiamétrie en janvier dernier, 80% des 13-17 ans possèdent au moins un ordinateur dans leur foyer, les 2-11 ans représentent 1 900 000 visiteurs actifs et les 2-17 ans 3 500 000 ! (Source Nielsen NetRating Médiamétrie – mars 2006).
Contrairement aux autres médias, il n’existe aujourd’hui pas de norme qui régisse le contenu et l’accès à Internet par tranches d’âges, par exemple, en comparaison à la télévision qui réserve certains programmes à certaines plages horaires, ce qui, sans être la panacée, limite les dégâts. De plus, il s’avère bien difficile de légiférer sur un média planétaire.
Faut-il s’en remettre aux Droits de l’Homme ? Chaque état a-t-il son mot à dire ? Une loi applicable à la vie réelle l’est-elle au monde virtuel ? Beaucoup répondent oui, nous rappelant l’évidence : derrière le virtuel se cachent toujours des êtres humains.
Les enjeux d’une régulation du net
Toujours est-il que, selon une enquête réalisée par Médiamétrie en septembre 2005 à la demande de la Délégation aux usages Internet, 71% des parents d’enfants âgés de 6 à 15 ans ne leur laissent pas un libre accès au net, estimant la navigation dangereuse… Précisons que 31% d’entre eux ignoraient l’existence des outils de contrôle parental.
A l’évidence, la communication est encore faible sur ce sujet. Progrès notoire toutefois : suite à la Conférence sur la famille en septembre 2005, les fournisseurs d’accès à Internet proposent quasiment tous, depuis le 1er avril dernier, des solutions de filtrage parental gratuites à tous leurs nouveaux abonnés, un mouvement qu’ont suivi certains opérateurs de téléphonie mobile…
Encore faut-il appeler son service clients pour activer le contrôle et, là encore, les clients sont assez mal informés. Une campagne d’information télévisuelle vient de mettre le doigt sur ce sujet épineux, sensibilisant les parents sur le rôle « sécuritaire » qu’ils ont à jouer dans ce domaine comme dans bien d’autres. Ce qui vient corroborer les arguments de ceux qui ne voient pas de différence entre virtuel et réel quand il s’agit de jouer son rôle de parents sur l’éducation et la prévention.
Tout le monde est d’accord sur un point : Internet est entré dans nos vies et il serait inutile de le nier, voire de tenter de priver nos enfants d’un monde qui leur tend les bras et les ouvre aussi au rêve et à la connaissance. Comment, dès lors, leur éviter les dommages collatéraux ? Editeurs de jeux vidéo, fournisseurs d’accès à Internet, opérateurs de téléphonie mobile, associations et pouvoirs publics n’en sont qu’aux prémices d’un vaste champ de discussions qui devrait peu à peu nous remettre les pieds sur cette bonne vieille terre… Et la tête dans les e-toiles.