Les enfants l’adorent. Les parents la regardent avec eux. Les enseignants la saluent bien bas. En quelques années, C’est Pas Sorcier, la célèbre émission de France 3 qui nous apprend les sciences tout en nous amusant, est devenue une véritable institution. L’une des rares à garder sourire et simplicité malgré le succès. Pourtant, derrière la caméra, on trouve du travail, du travail et encore du travail ! Nous avons rencontré Jamy le méthodique, l’un des présentateurs.
Celui qui aime jouer avec les mots et les molécules nous démontre que l’on peut trouver du plaisir même dans l’infiniment petit !
Rendez-vous aux studios de l’Olivier, à Malakoff, plateau 2, pour les séquences de Jamy sur le même thème, l’eau minérale. Equipe nettement plus étoffée, matériel plus sophistiqué, ambiance studieuse… Tous les plans d’une émission sont tournés en une journée, autant dire qu’il n’y a pas de temps à perdre. Sans prompteur, on se demande comment Jamy fait pour si bien coordonner son texte, ses mouvements qui doivent se tourner vers trois caméras à tour de rôle en même temps qu’il fait ses « manips » avec les maquettes. On lui demande donc s’il a des neurones supplémentaires pour s’en sortir.
« Non, j’en ai peut-être moins que les autres d’ailleurs mais tout est pensé depuis des semaines. Je sais exactement avant le tournage à quoi vont ressembler les maquettes, je devine même comment Fred va me lancer… Quand je fais une manip, je comprends ce que je suis en train de faire, je vis complètement ce que je raconte ».
Tout de même, pas facile de phosphorer si clairement entre carbonate et dioxyde de calcium ! Mais dites-nous, Jamy, il y a quand même des sujets plus rébarbatifs que d’autres, non ? « Non, a priori, tout m’intéresse. La chimie par exemple, ça peut paraître rebutant. Pourtant, j’aime bien quand on parle de molécules et d’atomes. Ca fait de belles histoires. C’est d’emblée très théâtral parce que le monde de l’infiniment petit est sans arrêt en ébullition. On peut suivre des molécules et des atomes comme on suivrait en quelque sorte des bêtes sauvages dans la jungle ».Derrière cette mécanique bien huilée, un petit génie de la maquette, David, qui les conçoit toutes, tout seul, dans son atelier. Trois semaines lui sont en général nécessaires sur un même thème mais il arrive que cet architecte de formation (qui d’ailleurs détestait les maquettes quand il était petit) ait tout à refaire en quelques heures… Véracité de la science oblige, il faut que les maquettes collent au poil près aux propos ! Derrière le rideau aussi, Emmanuel le chef d’édition, véritable interface entre le journaliste et la maquette qui ne manque aucune réunion, a l’œil sur tout et, à sa manière, cherche aussi la petite bête. Et puisque Fred nous a raconté son plus beau souvenir, Jamy va nous livrer le pire.
« On a fait une émission sur l’air et on voulait faire des manips en utilisant le phénomène. On avait tout préparé, tout testé dans l’atelier de David où il faisait entre 10 et 14 degrés. Tout fonctionnait à merveille… Sauf que sur le plateau, il faisait entre 30 et 35 degrés et l’air, à 20 degrés de différence, ne se comporte pas du tout de la même façon. Ca a été une galère monumentale ».
A force, Jamy, êtes-vous devenu un vrai savant ?
« Non, j’ai juste acquis, vraisemblablement, une certaine culture scientifique et je me suis surtout rendu compte que l’on place souvent la science à tort « à côté » de la culture alors que la culture scientifique fait partie intégrante de la culture. Je crois que ça explique un peu la désaffection des matières scientifiques quand on entre dans le second degré. Les sciences devraient être enseignées aussi à titre culturel ».