Ecole : à qui profite la semaine de 4 jours ?

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harcèlement, école (1)Si elle permet aux enfants qui en ont besoin de bénéficier d’un temps de soutien scolaire au sein de l’école et à leurs parents ainsi qu’à leurs professeurs de profiter d’une grasse matinée hebdomadaire supplémentaire, la semaine de quatre jours est toujours loin de faire l’unanimité. Points de vue croisés de Gilles Moindrot, président du SNUipp, syndicat majoritaire des enseignants du primaire, Hubert Montagner, chronobiologiste ancien directeur de recherches à l’INSERM et Pierre-Yves Jardel, maire centriste dans la Marne, chargé des questions d’éducation à l’Association des maires de France.

La semaine de 4 jours, pour ou contre ?

Gilles Moindrot : Plutôt pour sur le principe. Dans la profession, les avis sont partagés. Mais il est évident qu’il y a des enseignants qui ont du mal à se lever pour aller à l’école quand leur conjoint ne travaille pas le samedi ; et puis il y en a qui aspirent à disposer de leur week-end comme les autres salariés. Mais cela ne peut pas se faire avec 26 heures au lieu de 24 dans lesquelles il faut caser des programmes encore plus chargés que ceux de l’an dernier !
Hubert Montagner : Archi contre. Drôle d’idée de laisser perdurer, voire d’accentuer le stress des enfants en compressant la même quantité à ingurgiter dans un temps plus réduit pour maintenir ceux qui en souffrent le plus dans un temps supplémentaire que l’on annonce comme plus cool !
Pierre-Yves Jardel : Pour sur le principe et archi pour qu’un maximum d’enfants puissent bénéficier à l’école d’un vrai soutien scolaire. Cependant, la mise en place sans concertation préalable de ce système entraîne des problèmes organisationnels et financiers énormes aux communes. Et puis je ne suis pas convaincu sur le fait que l’on rallonge encore la journée scolaire.
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Comment s’annonce la mise en place du système ?

GM : Pour cette rentrée, c’est le brouillard. On a de grosses difficultés d’organisation. D’un point de vue réglementaire, c’est l’Education nationale qui est responsable d’organiser ce nouveau temps puisqu’elle est responsable des horaires des élèves. Dans les faits, si une municipalité, souffrant de contraintes que nous pouvons comprendre, refuse de modifier l’organisation du ramassage scolaire ou d’aménager les horaires de la restauration scolaire, les enseignants ne peuvent pas mettre en place leur projet. C’est un peu la quadrature du cercle. C’est une mesure qui a été décidée de manière technocratique. On n’a jamais posé les problèmes. Le ministère a voulu à tout prix précipiter sa mise en place.
HM : Comme un casse-tête et un souci supplémentaire pour les parents qui devront jongler avec le ramassage scolaire pour récupérer leur progéniture. Et comme des temps de détente enlevés aux enfants, parfois au moment où ils en ont le plus besoin, surtout après le repas du midi.
PYJ : Les maires sont arrivés en majorité à une solution d’une demi-heure par jour car, dans les communes rurales, nous ne pouvons pas regrouper par exemple deux heures le mercredi faute de transports scolaires. Cela nous coûte cher. Nous avions demandé le report d’une année pour la mise en place de ce projet. Si nous avions eu ce temps, nous aurions pu, nous les maires, discuter avec les parents, les conseillers généraux, parler plus généralement aussi des rythmes scolaires… parce que c’est tout ça aussi qu’il faut remettre en cause.

Que comptez-vous faire dans les prochains mois pour faire entendre votre voix ?

GM : Nous avons demandé au ministre de mettre en place un dispositif de suivi pour pouvoir faire, peut-être au 1er novembre ou au 1er janvier, un bilan de tout ce qui s’est mis en place, de ce qui marche et de ce qui ne marche pas. Nous pourrons ensuite en tirer des conclusions et avancer.
HM : Avec mes camarades de l’appel « Evitons la catastrophe » lancé dans Le Monde en juin dernier et qui a déjà réuni plus de 7 000 signatures, nous demandons au ministère d’ouvrir enfin une vraie réflexion sur la question des rythmes scolaires et de tenir compte des avis des experts.
PYJ : Nous n’avons pas de rendez-vous précis avec le ministre mais la question sera à nouveau soulevée à notre prochain congrès des maires, fin novembre. Ensuite, on verra.

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