Puisque la famille est au cœur des préoccupations de Côté Mômes, nous avons voulu savoir ce qu’était aujourd’hui une famille française. Ou plutôt des familles françaises tant le paysage familial a changé en trente ans, offrant une diversité jamais égalée. De nouvelles typologies ont fait naître tout un vocabulaire qui, de parentalité à divortialité, sort petit à petit des rapports des sociologues pour entrer dans le langage courant. Décryptage non exhaustif des nouvelles tendances familiales.
Qu’est-ce qu’une famille ?
Elle peut officiellement se concevoir de deux manières : d’une part, le couple conjugal des parents et de leurs enfants ; d’autre part, ce que l’on appelle la parentèle, c’est-à-dire le réseau qui réunit tous les parents liés par le sang, ayant un ancêtre commun. Autre précision : il s’agit de ne pas confondre « ménage » et « famille » car un ménage n’est pas toujours une famille.
Selon l’INSEE, un ménage est constitué de l’ensemble des personnes qui vivent dans le même foyer, même si elles n’ont aucun lien de parenté. Pour former une famille au sens étroit, il faut donc non seulement vivre ensemble mais aussi posséder des liens de parenté. Une « étroitesse » qui ne correspond plus à grand-chose.
Le taux de divortialité (propension à divorcer) est passé de moins de 10% en 1965 à 45% aujourd’hui… Ce qui amène 3 enfants sur 10 à vivre dans des ménages monoparentaux ou des familles recomposées, c’est-à-dire pour beaucoup d’entre eux à plein temps ou à temps partiel avec des belles-mères ou beaux-pères qui ne font en rien partie de leur famille… Et qui jouent pourtant au quotidien un rôle parental bien plus important que bien des parents génétiques.
Une nouvelle configuration qui a donné naissance au terme « parentalité », néologisme qui, à ce jour, n’a reçu aucune définition, ni dans le dictionnaire, ni comme terme juridique, mais qui semble répondre à un besoin.
Par delà les liens du sang
Lequel ? Celui de distinguer le fait d’être parent au sens biologique du terme de la fonction de parent qui est aujourd’hui susceptible d’être assumée par une pluralité d’acteurs à un moment donné. Sous-jacente aussi, la notion de « compétence » parentale. Il y a 30 ans, on était père ou mère, un point c’est tout.
Aujourd’hui, il semble qu’il faille en quelque sorte justifier par ses actes de sa parentalité, savoir se situer sur l’échelle des performances parentales. Pour preuve, la cohorte de nouveaux métiers de la relation et de la famille. « Ces experts et thérapeutes pour bien-portants ont pu, sans le vouloir, contribuer au repli parental en pointant les lacunes et en se présentant comme des substituts pour compenser et corriger ces défaillances. Non seulement il faut éduquer les enfants, mais aussi les parents pour leur apprendre leur « métier » » analysait Claude Martin, directeur de recherche au CNRS dans un rapport sur la parentalité remis en 2003 au Haut Conseil de la Population et de la Famille.
Parallèlement et/ou consécutivement à cette explosion da la famille traditionnelle, l’enfant a gagné des droits internationalement reconnus, les grands-parents ont repris du service et l’espérance de vie grandissante a décalé les rôles de chacun.
Société et famille sont étroitement liées : les femmes travaillent, ce qui les libère de leur dépendance à leur mari mais complique leur rôle de maman, on se marie de moins en moins mais on vit toujours beaucoup en couple et, pour la première fois en 2007, le nombre des enfants nés hors mariage a dépassé celui des enfants de couples mariés.
Difficile, au vu de tous ces chamboulements, de définir des typologies précises, encore plus d’en tirer des conclusions. Tout au plus pouvons-nous, pour faire mentir les « déclinologues », qui voient dans ces changements profonds l’effondrement inquiétant de la famille, nous rappeler avec les optimistes que le mouvement est toujours signe de bonne santé et qu’aujourd’hui, il semble que l’on choisisse enfin sa famille !
L’aptitude au bonheur
Une liberté qui va de pair avec des responsabilités individuelles accrues puisque, quand on choisit sa vie plutôt que de se conformer à des codes sociaux préétablis, on place forcément la barre plus haut pour soi-même et son entourage. On s’impose, en quelque sorte, une obligation de résultat quant à sa capacité au bonheur. Ce qu’il faut de courage pour divorcer tout en restant les deux parents d’un enfant que l’on veut heureux !
Ce qu’il faut d’intelligence pour vivre en famille recomposée avec le passé de l’autre, les enfants de l’autre, les organisations de vacances hyper casse-tête ! Ce qu’il faut de volonté pour s’aimer envers et contre tous quand on est un couple homoparental ! Ce qu’il faut d’amour pour élever ses enfants dans un monde qui culpabilise les moindres faits et gestes des parents !
Courage, intelligence, volonté, amour… Qui a dit que la famille et ses valeurs foutaient le camp ?