Vouloir un enfant est le désir le mieux partagé au monde, depuis la nuit des temps. Mais la donne a changé : la reproduction de l’espèce, que l’on confiait autrefois aux caprices de Dame nature puis au bon vouloir de Dieu naît aujourd’hui de notre volonté. La contraception et les progrès de la procréation médicalement assistée nous ont fait passer maîtres dans l’art d’enfanter. Du moins en avons-nous l’impression !Dès leur plus jeune âge, les petites filles jouent à la poupée, s’imaginent maman, confient à leurs poupons préférés leurs joies, leurs peines, leurs secrets. Cette relation intime avec l’enfant imaginaire se tisse dès l’âge de deux ou trois ans. La plupart d’entre elles savent, même inconsciemment, qu’elles seront maman un jour, c’est déjà inscrit comme une évidence dans leur projet de vie.
C’est différent pour les petits garçons, qui ont bien le temps de penser à tout ça et qui commencent à l’envisager, quand, adultes, ils croisent celle qui sera la mère de leurs enfants et qui donnera l’impulsion de ce projet. Chez la femme, contrairement à l’homme, le désir d’enfant est une dimension vitale, un accomplissement personnel. Chez l’homme, l’image de la responsabilité paternelle est davantage liée à une représentation sociale.
La faute à l’horloge biologique
A l’heure où l’on peut choisir le moment d’avoir un enfant, on a l’impression de prendre une vraie décision. On fait un enfant au moment où l’on se sent mûre pour l’assumer, avec un compagnon au mieux que l’on aime vraiment, au « pire » qui fait la preuve qu’il sera un bon père, qu’il saura assumer cette responsabilité.
En réalité, on s’arrange parfois pour se trouver des arguments qui collent à notre décision alors que le père choisi ne l’aurait pas forcément été si on ne l’avait pas rencontré à 35 ans mais à 20… Il n’y a plus de temps à perdre !
N’oublions pas que, progrès de la science ou pas, l’horloge biologique tourne inexorablement. Rappelons que le taux de fertilité des femmes est de 24 % par cycle à 25 ans et qu’il tombe à 6% à 40 ans ! Alors, repousser son désir d’enfant à plus tard pour mener une carrière ou asseoir sa situation financière n’est pas toujours un bon calcul.
Est-ce vraiment moi qui veux cet enfant ?
« Nous ne connaissons jamais vraiment ce qu’il en est de notre désir. Une part de lui demeure toujours énigmatique » confie la psychanalyste Catherine Mathelin.
Derrière notre désir se cache parfois la pression familiale « à ton âge, j’avais déjà deux enfants. Tu t’y mets quand ? », la pression d’une société qui considère l’enfant comme un facteur de réussite – sans enfant, pas de 4×4, et sans 4×4, point de salut ! – et où l’on est une femme vraiment admirable quand on réussit à jongler avec un boulot hyper prenant et quatre enfants hyper éveillés !
Et puis les enfants sont devenus le centre du monde de leurs parents qui sont désormais prêts à tout leur sacrifier. Désirer un enfant, c’est aussi, vu sous cet angle, une preuve d’altruisme. Mais haro au cynisme : même si notre inconscient nous joue des tours, gardons le plaisir de penser consciemment que les enfants que nous avons ou aurons sont tous les fruit de l’amour !
En chiffres : La France est passée de 2,02 enfants par femme en 2007 à 2,07 enfants par femme en 2008. 5 % des naissances sont dues à des traitements ou des techniques médicales. 20 % des tentatives de procréation médicalement assistée conduisent à la naissance d’un enfant avant 40 ans. Sources : Ined 2008 et Insee 2009