Avec deux enfants en moyenne par femme, la France affiche le taux de natalité le plus élevé d’Europe. Un chiffre qui contraste avec la baisse régulière du nombre de pédiatres de ville dans l’hexagone. L’Afpa, Association française de pédiatrie ambulatoire, lance sur Internet un cri d’alerte sous forme de pétition en ligne que tous les Français sont appelés à signer.Notre pays compte aujourd’hui un pédiatre pour 5 300 enfants, soit trois fois moins que la moyenne européenne et 8 fois moins que l’Italie. Cette filière est en effet limitée à 200 pédiatres par an et, faute de place disponibles, les étudiants en médecine qui souhaiteraient se spécialiser dans le soin aux enfants y renoncent. Certaines villes, certains secteurs géographique et nombre de maternités sont aujourd’hui privés de pédiatres. Pourquoi cette frilosité des pouvoirs publics vis-à-vis de la pédiatrie ?
« Nous sommes devant une incompréhension complète. C’est un choix politique très ancré qui date d’au moins une quinzaine d’années mais vous en donner les vraies raisons est impossible. Et puis on dérange sans doute des gens qui ont intérêt à faire marcher le commerce autour de l’enfant. Quand on parle par exemple d’obésité et des mesures à prendre pour arrêter sa flambée, cela ne fait pas plaisir à tout le monde ! » commente François-Marie Caron, président de l’AFPA (Association française de pédiatrie ambulatoire).
Et de rappeler que la médecine infantile est complexe et que le suivi de l’enfant en croissance, de sa naissance à l’adolescence, réclame des compétences spécifiques qui sont exclusivement celles du pédiatre.
Une pétition grand public, pour quoi faire ?
« On a déjà commencé à faire bouger les bases. Apparemment, il semblerait, mais cela reste à confirmer, que l’on soit passé à 250 postes de pédiatres par an… ce qui est néanmoins notoirement insuffisant puisque, avec 250, on va peut-être pouvoir remplir les places manquantes dans quelques années dans les hôpitaux mais certainement pas renouveler la pédiatrie de ville. Nous, ce qu’on voudrait, ce n’est pas gérer la pénurie de pédiatres que l’on a actuellement mais augmenter le nombre de pédiatres de ville. On voudrait former 5 ou 600 pédiatres par an » explique François-Marie caron, président de l’AFPA. Pas gagné, en effet, même si, ajoute-t-il encore, « différentes études prouvent que le suivi des enfants par des pédiatres est plus pertinent et plus économique. Je rappelle qu’un enfant n’est pas, contrairement à ce que certains pensent, un adulte en miniature»
Comment se faire entendre du plus grand nombre ?
« Pour le moment, on communique auprès des médias et dans nos cabinets de pédiatrie et nous allons aussi, dans un deuxième temps, aller voir les PMI, les institutions pour enfants handicapés – ça paraît quand même fantastique que les IME, IMP et autres n’aient que très peu de pédiatres à disposition. Et puis nous ferons une remise de la pétition en faisant beaucoup de bruit début janvier 2010, lors de la journée de dépistage de l’obésité qui est toujours un moment où l’on a une forte écoute médiatique ». Souhaitons aux pédiatres d’être ce jour-là entendus non seulement des Français mais aussi et surtout des instances décisionnaires.
Pétition nationale soutien aux pédiatres en ligne : www.afpa.org