Pétillante, spontanée, l’animatrice de C à vous sur France 5 est, à la ville comme à l’écran, une jeune femme de 34 ans très sympathique, qui vit à 100 à l’heure en jeans et baskets.
Côté Mômes : Que pensez-vous de la famille en général ?
Alessandra Sublet : Elle est plus qu’importante. C’est ma base, mon phare, avec ce fil qui me relie toujours à elle. C’est ma force aussi, car je ne stresse pas à l’idée de perdre tout ce que j’ai, puisqu’elle est là. J’ai été élevée avec de vraies valeurs familiales, entourée d’un frère et d’une sœur plus jeunes que moi. Nous avons la chance, d’avoir nos parents toujours ensembles. Pourtant, c’est rare par les temps qui courent. Nous sommes tous les cinq super proches. Et comme mon frère et ma sœur habitent à Paris, toutes les occasions sont bonnes pour se retrouver. Ce sont des personnes sincères, extrêmement franches. Et dans le métier que je fais, ils me permettent de garder les pieds sur terre.
C.M. : Quelle enfance avez-vous eue ?
A.S. : Je suis née à Lyon. Mes parents louaient et vendaient des véhicules de loisirs. Nous étions un peu les « manouches » du coin. Je suis très fière d’eux. Ils sont partis de zéro et aujourd’hui, ils passent huit mois de l’année aux Antilles. Tous les week-ends, nous allions dans le Jura, chez mes grands-parents. Bien loin des fashion victimes toujours à l’affût d’une nouvelle paire de chaussures ou de l’accessoire de mode indispensable. Il y avait des poules, des lapins, un potager. Nous étions attachés à d’autres valeurs plus paysannes. Mon grand-père était quelqu’un de très bohème, mais les pieds sur terre. En les côtoyant si souvent, ils m’ont apporté une certaine légèreté de vivre. Chez eux, on ne portait pas de chaussures, on n’était pas obligé de prendre une douche tous les jours. Et pendant les vacances, nous partions en voyage avec mes parents. Nous avons été élevés dans la joie et la bonne humeur.
Je peux dire que j’ai eu une enfance très cool. Et ironie du sort, même si aujourd’hui j’adore vivre à Paris, je pars un week-end sur deux dans notre maison du Jura. Je suis si bien là-bas.
C.M. : Avoir un enfant, cela représente quoi pour vous ? Avez-vous des appréhensions ?
A.S. : Aucune appréhension, bien au contraire. Mais je pense que pour avoir un enfant, il faut être deux et s’aimer très fort. Pour moi, c’est inconcevable d’échapper à ce schéma, celui de mes parents en somme. Je crois très fort au prince charmant, j’ai plein de contes de fées dans la tête. Et je n’ai pas encore rencontré l’âme sœur. Mais si cela m’arrive demain, cet enfant sera ma priorité.
C.M. : Quelles « bêtises » de vos parents vous aimeriez éviter ?
A.S. : Difficile de leur reprocher quoi que ce soit. On ne sait jamais, non plus, quelle mère on sera. Mais quand ils m’ont laissé partir, après le bac, toute seule en Afrique du Sud, ils ont été fous, mais ils m’ont fait confiance. Si demain ma fille prenait le même chemin, je serais terrorisée, mais je laisserai faire. Il n’y a rien de mieux pour grandir que de connaître d’autres cultures, de se débrouiller partout, de parler plusieurs langues et de se faire peur aussi parfois.
C.M. : Avez-vous des principes moraux, d’éducation ?
A.S. : Je suis attachée au respect de l’autre, de l’environnement, toutes ces valeurs que m’ont transmises mes parents. Je souhaite que mes enfants aient une enfance heureuse. J’aimerais les laisser choisir leur avenir. S’ils font des études, tant mieux, s’ils choisissent, comme moi de bourlinguer, je serai inquiète. Car je sais ce que c’est. Mais en aucun cas, je ne veux me projeter sur eux.
C.M. : Pensez-vous que l’on en fait trop pour nos enfants en général ?
A.S. : Le mal de cette génération, c’est d’être trop couvée. Autrefois, on était moins dans le « je t’aime » à tout prix, mais on ne manquait pas d’amour pour autant. Voilà pourquoi, aujourd’hui, il y a de plus en plus de Tanguy à la maison et de jeunes femmes trentenaires toujours célibataires, parce que leur père les chérit autant qu’un petit ami.
C.M. : Que vous passe-t-il par la tête quand vous observez les enfants des autres ?
A.S. : Je n’ai surtout pas envie de les avoir. J’adore les enfants, mais ce ne sont pas les miens. En revanche, j’éprouve une réelle affection pour ma filleule de 9 mois. Ce week-end, j’avais décidé de l’emmener au Parc Monceau. En voyant tous ces « petits nains », tout noirs, plein de sable, leurs parents débordés par la situation, ne sachant plus qui est le leur, j’ai fait demi-tour ! Au bout de deux heures, ils ressortent certainement avec une bonne migraine. Mais je sais, que pour les miens, comme toutes les mamans, je passerai par là.
C.M. : Aime-t-on, à votre avis, nos enfants de la même façon ?
A.S. : Certainement. À une petite différence près. Quand on est l’aîné, les parents inconsciemment vous rendent plus responsable. J’ai presque un caractère de mère avec mon frère et ma sœur. C’est un avant-goût de ce qui m’attend…
C.M. : Vous révoltez-vous contre le phénomène de l’enfant-roi ?
A.S. : Je ne suis pas révoltée, mais je plains tous ces pauvres enfants trop gâtés qui, dans quelques années, vont recevoir plus de gifles que les autres. Car il n’y aura plus de passe-droit. La vie va se charger de les remettre dans le droit chemin, et ça leur fera plus de mal qu’une fessée, une réflexion ou un refus. Leurs parents ne leur rendent pas service.
C.M. : Que souhaiteriez-vous transmettre à vos enfants ?
A.S. : La capacité d’aller vers les autres, une grande force d’adaptation, une vraie ouverture d’esprit, trois principales clefs pour réussir dans la vie et être épanouis dans ce qu’ils ont envie de faire.
C.M. : Les enfants, en général, ont-ils évolués ?
A.S. : Un enfant reste un enfant. Les valeurs n’ont pas bougé. Ce sont les technologies qui ont changé et les ont fait évoluer. Il suffit de les regarder devant un ordinateur.
C.M. : Qu’est-ce qui vous révolte aujourd’hui ?
A.S. : L’hypocrisie m’insupporte. C’est fou le nombre de gens qui vous encensent par-devant et vous démolissent dès que vous avez le dos tourné. Comment font-ils pour se regarder dans une glace ? J’ai beaucoup de défauts, mais pas celui-ci.
C.M. : Quel est le rôle des grands-parents et vos rapports avec les vôtres ?
A.S. : Ils m’ont appris la légèreté, ils m’autorisaient à faire tout ce qui était interdit à la maison. Chez eux, c’était la débandade, presque le contraire de l’éducation. Ce qui, à mon avis, apporte à réel équilibre aux enfants.