Xavier de Moulins : Avoir des enfants, c’est un sport de combat !

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Contrairement au héros de son roman, paru au premier semestre 2011, le journaliste assume sa paternité, et assure, depuis le premier jour. Alors, quand on lui parle de ses trois filles, le discours est rapide, dense et déborde d’amour.

Que pensez-vous de la famille en général ?

La famille, c’est sacré et paradoxalement, la séparation est le mal du siècle. Malheureusement, la société ne nous rappelle pas assez combien une rupture est douloureuse. Aujourd’hui, on rompt à la terrasse d’un café, sans imaginer à quel point il est difficile de tirer un trait sur sa famille, et d’admettre que nos enfants ne grandiront pas avec leurs deux parents réunis.

Quelle enfance avez-vous eue?

Je suis le petit dernier d’une fratrie de sept enfants. Avec une maman à la maison et un papa qui travaillait dur, jusqu’à deux métiers parfois, pour nous élever. C’est une chance d’avoir huit points d’appui dans la vie. J’ai été préservé de la violence du monde, trop peut-être. En fait, j’ai grandi en banlieue parisienne, dans une famille aristo et traditionnelle, ouverte, tolérante, sans sectarisme et dans la mixité avec des copains de toutes les origines. Ce sont les plus belles années de ma vie.

Ma famille, c’est une végétation sauvage qui se retrouve à chaque fête de Noël autour de ma grand-mère qui va souffler ses 98 bougies.

Quel genre de père êtes-vous ?

Je suis un papa poule, un père aimant, une mère juive qui veut tout bien faire et parfois trop. Mais je ne suis pas parfait et je ne cherche pas à l’être. Il faut arrêter avec cette image. Être père c’est prendre en compte ses fragilités, sa propre enfance. Et cela demande force, courage, volonté, forme et équilibre émotionnel. J’aime mes filles de manière quasi animale, mais j’ai aussi, comme tous les autres, parfois envie d’être peinard. Je suis quelquefois dépassé par les événements. Alors, dur, dur, de ne pas culpabiliser.

Être père, cela s’apprend dans le plaisir, l’envie et la joie. Il faut du temps, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Mais je ne suis surtout pas dans un truc où je porte ma croix. Surtout pas ! Et puis, ras-le-bol de cette société qui juge en permanence. On fait ce qu’on peut. Et c’est un sport de combat. Je comprends ceux qui pètent un plomb devant tant de responsabilité source d’angoisses !


Comment élevez-vous vos enfants ?

Je ne calcule pas. Je navigue à l’instinct. Je les élève dans le dialogue, la confiance et l’amour de la vie. Mais j’essaie de leur donner des limites. Il est important aussi de leur apprendre le respect de soi et des autres. Je leur parle normalement. Le langage bébé, ça me déprime. J’aimerais leur faire découvrir le monde. On lit beaucoup, on joue aussi. On reste quelquefois simplement assis côte à côte. Ou embarqués dans des étreintes sans fin. Nous sommes les champions du monde des câlins.


Avez-vous des principes moraux, d’éducation ?

Il est important de leur inculquer le respect à tous les niveaux. Vis-à-vis de soi et des autres. Je leur apprends aussi à dire non. Mes filles sont de sublimes indépendantes. Je ne veux pas qu’elles puissent dépendre du regard des autres, dans une société miroir qui crée cette dérive. Je souhaite les amener naturellement à l’autonomie. Je suis également contre la culture des marques, il est primordial qu’elles connaissent la valeur des choses.


Pensez-vous que l’on en fait trop pour ses enfants ?

On les gâte beaucoup trop, et pourtant il est important qu’on leur lâche la grappe, ils ont aussi besoin de s’ennuyer. En fait, il faut être là au bon moment, pas en permanence, et veiller à ne pas les étouffer.


Vous révoltez-vous contre le phénomène de l’enfant-roi ?

Non, mais cela me rend triste. Ce n’est pas leur rendre service que de toujours céder à tout. C’est peut-être une façon, pour les parents, de se déculpabiliser. Mais cela ruine les enfants et ne leur laisse guère de chance de s’en sortir. Les aimer ce n’est pas en faire des rois, mais des personnes à part entière. Et la vie c’est un apprentissage difficile avec des limites, un cadre de vie équilibré, baignés d’amour.


Avez-vous reproduit les mêmes « bêtises » que vos parents ?

C’est amusant car je me pose souvent la question. Parfois, on reproduit les mêmes choses. D’où l’importance de réfléchir à ce qui nous a fait souffrir quand on était petit. Mais j’en fais de nouvelles. J’ai ainsi des moments de faiblesse extraordinaire. Dévoré par leur charme, il suffit d’un œil en coin, d’un regard penché, et je cède. Les bons parents, ça n’existe pas et les miens ont fait ce qu’ils ont pu, tout comme moi !

Aime-t-on ses enfants de la même façon ?

Elles sont uniques, on les aime pour ce qu’elles sont mais avec la même densité. C’est le seul amour qui ne va jamais en diminuant.

Les enfants ont-ils évolué ?

Ils sont « plus tout » qu’autrefois. Et c’est parfois un peu inquiétant. Je me demande à quelle allure va passer leur enfance. Pourquoi brûler des étapes ? Ils raisonnent comme des adultes et font oublier à leurs parents qu’ils ne sont encore que des enfants. Ils ne sont pas non plus des singes savants. Laissons-leur le temps de grandir.


Qu’est-ce qui vous révolte aujourd’hui ?

La liste est longue: l’injustice sociale, la pauvreté, des gens qui s’en sortent de moins en moins, la solitude, la misère affective, la lâcheté et la violence.


Quel est le rôle des grands-parents ?

Il est fondateur. Les enfants en ont besoin pour se construire. Et nous aussi, pour pouvoir de temps en temps, les laisser chez eux, histoire de se retrouver en couple.


Avec du recul, que feriez-vous, ou au contraire ?

J’aimerais éviter un deuxième divorce. Cela fait trop de mal à tout le monde. Il est donc important de préserver sa vie amoureuse. Il faut savoir cultiver son jardin…

En librairie

Vive la paternité !

Du jour au lendemain, Antoine, un trentenaire parisien, quitte femme et enfants pour une aventure sans suite. Garde alternée oblige, le voilà qui découvre sur le tard, les « joies » de la paternité. Cruel, cynique et drôle, les hommes sont mis à rude épreuve dans ce premier roman du journaliste de M6. En cette rentrée 2011, Xavier de Moulins revient aux commandes du du 19h45, un JT en avance sur son temps?

Un coup à prendre, Au diable vauvert, 17€.

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