Suite à une série de faits divers « dérangeants », la secrétaire d’Etat à la Jeunesse Jeannette Bougrab, avait confié en février une mission sur le suicide des enfants au psychiatre Boris Cyrulnik. Il a été rendu public aujourd’hui, et est à présent publié aux éditions Odile Jacob.
« Penser l’impensable, comprendre l’incompréhensible »
Côté Mômes avait consacré en mai un dossier sur cette question délicate. Le psychiatre Boris Cyrulnik a remis hier son rapport sur le suicide des enfants à la secrétaire d’Etat à la jeunesse Jeannette Bougrab. « Boris Cyrulnik était la personne idéale pour aborder avec délicatesse cette question douloureuse », a expliqué cette dernière. « Il nous fallait suffisamment de matière pour être à même de mener une véritable politique de prévention. Je pense que l’on peut tous être acteurs de la prévention du suicide chez les enfants, le livre est là pour que cette étude soit accessible à tous. » Selon Boris Cyrulnik, il n’y a pas d’accident imprévisible en ce qui concerne le suicide chez l’enfant. « On a pas toujours su traduire les signaux qui prédisaient certains de ces drames. », a-t-il ajouté.
L’importance des premières semaines de la vie
Mais alors, comment prévenir ces drames ? Selon le psychiatre, une grande partie du mal être des enfants se joue dans les dernières semaines de la grossesse et les premières semaines de la vie. « Les neurosciences nous ont montré que les carences affectives qui surviennent pendant ces semaines cruciales ont des répercussions terribles qui peuvent amener un enfant à être sensible à l’extrême à des petits chocs ordinaires. » Pour lui comme pour Jeannette Bougrab, le stress maternel des dernières semaines de grossesse est donc un point central à surveiller. Selon la secrétaire d’Etat à la Jeunesse, « le stress de beaucoup de femmes vient de la discrimination à l’état de grossesse. Elles ne savent pas quel traitement leur est réservé à leur retour au travail. Il faudrait contraindre les hommes à arrêter de travailler pour prendre du temps pour leurs enfants. »
« Le problème, c’est la solitude »
Autre solution préconisée, la mise en place et le développement de lieux d’écoute, notamment avec le soutien des associations et des lieux de culture. « Le problème, bien souvent, c’est la solitude », a ajouté Jeanette Bougrab. « On développe des réseaux virtuels, mais en réalité on est seul. » La secrétaire d’Etat à la Jeunesse n’a pas hésité à promettre que des mesures concrètes seraient mises en place « dans les prochaines semaines. »