Le 12 janvier se tenait au siège parisien du Planning Familial un colloque sur les questions de laïcité, d’éducation à la sexualité et de théorie du genre. De plus en plus mis à mal par certains aspects sexistes et passéistes des trois grandes religions, les associations qui défendent l’indépendance de religion de l’école républicaine se sont réunis pour discuter des problèmes inhérents à notre système éducatif.Membre de l’association féministe qui défend le droit à la contraception et à l’avortement, Carine Favier du Planning Familiale entend dénoncer les mouvements religieux intégristes qui tentent de plus en plus d’imposer leurs idées rétrogrades dans les salles de cours.
Peu importe l’obédience, ces courants de pensées prennent par trop le pouvoir sur l’espace de réflexion personnelle et de liberté que doit théoriquement demeurer l’école. C’est le cas par exemple avec la théorie du créationnisme que prônent certains mouvements évangélistes et qui s’oppose à celle de l’évolution, validée par la communauté scientifique et apprise sur les bancs de l’école de la République.
Une vision des choses incompatibles avec nos principes, pour Françoise Dumont, de la ligue des droits de l’homme, pour qui la laïcité reste la défense des principes républicains qui garantissent l’accès aux informations et aux connaissances face aux religions.
La religion contre l’éducation à la sexualité
Au-delà du problème d’indépendance intellectuelle que pose « l’abus » de religion, la question de la sexualité et du statut de la femme se pose avec véhémence dans certaines écoles. Certains s’opposent notamment à l’enseignement de la sexualité, sous sa forme médicale mais aussi relationnelle. Impossible pour la représentante des Centres d’entrainement aux méthodes d’éducation active (Céméa), Zahra Boudjemaï, qui constate depuis une dizaine d’année que le sexisme se perpétue et que les parents attribuent des « rôles » prédéfinis, en fonction du sexe de l’enfant, auxquels ils ne doivent pas déroger. On assiste à une véritable transmission de stéréotypes : l’homme est « fort et violent » et la fille est « fragile et douce ». Des carcans qui sont plus que des traditions et s’apparentent à des violences. De la violence physique faite aux femmes à ce modèle éducatif, n’y a-t-il pas qu’un pas ?
Théorie du genre : les associations montent au créneau
Le poids des convictions religieuses s’est fait aussi récemment sentir dans la polémique qui a suivi l’introduction de la théorie des genres dans les manuels de sciences naturelles. La théorie des genres développe l’idée que le sexe (mâle et femelle) et le genre (masculin et féminin) sont distincts. La théorie critique le postulat d’une concordance génétique et inévitable de ces statuts, et explique que les facteurs sociaux et environnementaux déterminent également cette relation.
La pratique religieuse et les dogmes sur lesquelles elle se fonde réfutent l’importance des paradigmes sociaux. Nous avons affaire à un déni systématique des idées progressistes et de réalités comme l’homosexualité, la transsexualité ou l’homoparentalité.
Des cours d’éducation à la sexualité(à ne pas confondre avec l’éducation sexuelle) étaient prévus par la circulaire du 17 février 2003 de l’Education nationale à raison de 3 séances par année du CP à la terminale. Qui en a vu la couleur ? Personne. Toutes ces raisons font qu’aujourd’hui les associations s’alarment et lancent une mise en garde à la veille des élections présidentielles.