Il passe son temps à courir dans tous les sens et ne sait pas se tenir quoi que vous fassiez. Vous avez consulté votre médecin traitant et même un pédopsychiatre. Le diagnostic vous est vite rendu, on vous dit qu’il est hyperactif et qu’il faut le mettre sous traitement. Si vous vous dites que c’est exagéré, vous n’avez peut-être pas tort. Explications.
A l’heure où on entend dire que même les ondes du téléphone portable provoqueraient l’hyperactivité pendant la grossesse, nous avons voulu faire le point sur cette pathologie, de plus en plus diagnostiquée, plutôt méconnue. Surtout, il convient de s’interroger sur la pertinence des diagnostics. Pourquoi un enfant agité serait-il forcément hyperactif ? Ne serait-il pas dans la nature d’un enfant d’être turbulent ?
L’agitation en question
L’agitation est un comportement qui varie du normal au pathologique en fonction de sa durée de son intensité et de l’impact qu’il a sur la vie de l’enfant et de la famille. Quand l’agitation est constitutionnelle, donc pathologique ; elle est constante dans le temps et quels que soient le lieu ou les personnes présentes avec l’enfant ; elle envahit alors toutes les sphères de sa vie et a souvent un impact sur sa socialisation, sa scolarisation, notamment à travers les troubles attentionnels qui lui sont associés. L’agitation transitoire est généralement bénigne, sensible aux interventions de l’environnement. La reconnaissance de l’origine de l’agitation de l’enfant est importante afin de permettre aux parents de réagir de la façon la plus adéquate. On ne peut réagir de la même façon quand un enfant est agité à cause de son angoisse que quand on est face à un enfant qui a un problème de limite et qui a du mal à accepter les règles et les interdits.
TDAH : qu’est-ce que c’est ?
Les personnes atteintes d’un trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ont des difficultés à se concentrer, à être attentives et à mener à terme des tâches le moindrement complexes. Elles ont souvent du mal à rester en place, à attendre leur tour et agissent fréquemment de façon impulsive. Bien que ces comportements puissent se retrouver chez tous les êtres humains, ils sont présents de façon anormalement prononcée et prolongée chez ceux qui sont atteints d’un TDAH. Ils sont également présents dans toutes les circonstances de la vie (pas uniquement à l’école ou uniquement à la maison, par exemple). Trois symptômes caractérisent le TDAH : inattention, hyperactivité et impulsivité. Ils peuvent être présents à des degrés divers. Par exemple, un enfant toujours « dans la lune », qui ne termine pas ses devoirs, qui ne retient pas les consignes et qui perd constamment ses objets personnels, mais qui n’est pas particulièrement agité pourrait être atteint d’un TDAH. Un autre, surtout hyperactif, impulsif et agité, mais qui arrive à relativement bien à se concentrer lorsque les tâches l’intéressent pourrait aussi en être atteint. En général, l’hyperactivité et l’impulsivité sont plus accentuées chez les garçons que chez les filles.
Chez la vaste majorité des personnes atteintes, le TDAH a une origine neurologique qui peut dépendre de l’hérédité et de facteurs environnementaux. Les experts sont formels à ce sujet : le TDAH n’est pas causé par des besoins affectifs non comblés ou par des problèmes psychosociaux, même s’il peut être exacerbé par ces facteurs.
Le TDAH est généralement diagnostiqué autour de 7 ans. Cependant, les enfants qui souffrent de TDAH ont des comportements difficiles avant leur rentrée à l’école, souvent dès l’âge de 2 ans.
Le diagnostic : la prudence est de mise
Un enfant très énergique n’est pas forcément atteint d’hyperactivité, ou s’il à tendance à ne pas écouter quand on lui parle, ce qui ne veut pas dire qu’il a un déficit de l’attention. Une attitude souvent normale pour un enfant. Pour diagnostiquer un TDAH il est nécessaire de réunir plusieurs conditions. Il faut que les symptômes persistent dans au moins deux environnements, la maison et l’école par exemple. Les signes apparaissent avant l’âge de 7 ans. Il ne doit pas y avoir de problèmes de santé ou psychologiques qui pourraient justifier les symptômes. Les autres pathologies, type autisme, doivent être écartées. Si un médecin généraliste peut suspecter un TDAH chez son jeune patient, seul un spécialiste de ce syndrome (en général un pédopsychiatre, parfois un neurologue) sera apte à en poser le diagnostic. Il doit pour se faire réaliser un bilan, qui repose essentiellement sur l’observation de l’enfant et le recueil des informations le concernant auprès des adultes qui le côtoient. Le bilan se compose d’abord d’un entretien avec les parents et d’un examen de l’enfant. Des questionnaires destinés à évaluer l’intensité et la fréquence des symptômes sont adressés à la famille, mais aussi aux enseignants. Enfin, le médecin effectue un bilan somatique, afin de détecter les éventuels problèmes coexistants (épilepsie, dyslexie…).
Une histoire de mois de naissance ?
Une étude canadienne est parvenue à une autre conclusion étonnante : en observant près d’un million d’enfants de 6 à 12 ans, les chercheurs de l’université de la British Columbia ont découvert que le mois de naissance d’un élève peut avoir des conséquences sur sa supposée hyperactivité. Les scientifiques remarquent ainsi qu’un diagnostic de trouble neurocomportemental est plus souvent posé chez les plus jeunes de la classe, qui ont jusqu’à un an d’écart avec leurs camarades les plus âgés.
Les écoliers nés en fin d’année ont ainsi 70 % de risques supplémentaires par rapport à leurs amis de janvier d’être considérés comme hyperactifs. Des enfants qui sont en réalité simplement « immatures » par rapport à leurs copains de classe, « manifestant ainsi un manque de concentration, des difficultés à rester calmes, de l’impatience, de la désorganisation ou de l’impulsivité », comme le souligne Richard Morrow, le directeur de la recherche. Un affinage du diagnostic d’hyperactivité semble donc indispensable, afin de mieux la prendre en charge, et ce, sans médicament de surcroît. Des recommandations simples pour un résultat de taille.
Enfants hyperactifs et surdoués
La question des liens entre hyperactivité et douance, comme certains l’appellent, est source de multiples débats. Certains soutiennent que des surdoués ont des symptômes similaires sans être des vrais hyper actifs, d’autres pensent que ce sont des vrais hyperactifs mais que ceci montre les bénéfices potentiels de l’hyperactivité, et le débat se porte alors sur le bien fondé d’une médication de l’hyperactivité. D’autres encore mettent en évidence que la majorité des hyperactifs ne sont pas des surdoués, ce à quoi il est répondu que les hyperactifs ont souvent des difficultés à passer les tests, ce qui ne veut pas forcément dire qu’ils ne sont pas supérieurement intelligents. Toujours est-il que ce soient chez les hyperactifs ou chez les surdoués, de fréquents problèmes d’adaptation sont diagnostiqués, que ce soit au niveau social ou au niveau scolaire.
De façon générale, il est habituellement accepté, que l’hyperactivité est avant tout un problème d’attention et de difficulté à filtrer les informations pertinentes des autres. Ceci signifie entre autres, que le cerveau de l’hyperactif est depuis tout jeune bombardé d’informations qu’il ne peut sélectionner comme les autres enfants, ce qui implique que ce cerveau doive s’adapter et peut échouer dans cette adaptation. Cela devrait se traduire par une augmentation de la variance au sein de la population d’hyperactif en ce qui concerne la capacité à traiter cette information. Ceci n’a pas forcément un impact sur l’intelligence moyenne des hyperactifs, mais par contre, implique que dans les populations d’intelligence extrême, il y ait une plus grande proportion d’hyperactifs, ce qui est confirmé par les observations. Ceci pose la question de l’adaptation pédagogique générale ou de la prévention éducative à travers cette difficulté d’évaluation des facteurs et des manifestations. En effet dans les deux cas l’enfant présente les symptômes qui peuvent inclure : changements d’humeur (tendances dépressives, lunatiques, frustration), intolérance et négligence dans ses travaux scolaires (procrastination) ou concernant les sujets importants ou sérieux, phobies (peur de l’échec notamment), troubles du sommeil (insomnie), hyperactivité physique et psychologique, troubles de la personnalité (manque d’estime de soi, autocritique excessive, dérives antisociales, fort caractère) et troubles additifs (jeux vidéo, Internet). Intellectuellement, les patients possèdent un quotient intellectuel au dessus de la moyenne. Ils sont également créatifs, inventifs, imaginatifs et intuitifs.
Dernière étude
Pour la première fois, des chercheurs ont suivi plus de 2000 enfants de l’âge de 17 mois à 8 ans afin de mieux comprendre l’apparition des symptômes d’hyperactivité-impulsivité et d’inattention et de cerner les facteurs de risque environnementaux pendant la grossesse et les premières années de vie.
Résultat : les symptômes du trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) auraient des trajectoires plus diversifiées qu’on croyait. Les symptômes d’hyperactivité tendent à décroitre de 17mois à 8 ans, alors que ceux d’inattention augmentent de façon substantielle.
Grâce à cette étude, les chercheurs ont pour la première fois désigné les facteurs de risque périnataux associés à la manifestation des symptômes du TDAH de 17 mois à 8 ans : le jeune âge de la mère (moins de 21 ans), le tabagisme de la mère pendant la grossesse, la prématurité, un faible poids à la naissance, la dépression de la mère, les problèmes de comportement du père et une famille éclatée avant la naissance de l’enfant. Le TDAH est un problème complexe qui tire ses origines à la fois de la génétique et de l’environnement.
Le traitement médical des TDAH
Pour la moitié des enfants atteints, les symptômes disparaîtront à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Les autres garderont les symptômes dans leur vie adulte. Mais avec des outils, des stratégies, parfois de la médication appropriée ou de l’aide psychologique, ils apprendront à vivre avec ce trouble de plus en plus documenté. Il est recommandé de s’adresser à un pédiatre, un neuropsychiatre ou à son médecin généraliste. On dénombre une cinquantaine de médicaments neuroleptiques, anxiolytiques ou antidépresseurs sur le marché. La Ritaline, un dérivé de l’amphétamine est le plus utilisé et le moins dangereux. Peu d’effets secondaires, mais un risque d’addiction. D’autres médicaments sont attendus ou pourraient avoir une action bénéfique : L’Atomoxétine : considéré « antidépresseur » au départ, mais qui améliore le déficit d’attention dans la mesure où il exerce une action sur le système dopaminergique. Le Modafinil : un médicament (vendu très cher et non pris en charge par l’assurance sociale) possédant une action dans le cadre des altérations des mécanismes de l’éveil. Il est recommandé d’avoir recours à une thérapie comportementale cognitive. Il existe également des techniques de rééducation de la mémoire du travail.
L’association HyperSupers
L’association, reconnue par le ministère de la Santé, a pour but d’accompagner les familles souvent démunies face au diagnostic, leur éviter un parcours thérapeutique long et chaotique, et favoriser une meilleure intégration scolaire des enfants. L’association qui compte 3000 membres et 60 bénévoles, propose des conférences, des réunions, des rencontres entre parents et autres forums.
www.tdah-france.fr
Quand peut-on parler d’enfant hyperactif ? Les symptômes de TDAH
Les 3 principales caractéristiques du TDAH sont l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité. Elles se manifestent comme suit, avec une intensité variable. Chez l’enfant :
Inattention
? Une difficulté à être attentif de façon soutenue à une tâche ou une activité particulière. Cependant, l’enfant peut arriver à mieux contrôler son attention s’il a un grand intérêt pour une activité.
? Des erreurs d’inattention dans les devoirs scolaires, les travaux ou les autres activités.
? Un manque d’attention aux détails.
? Une difficulté à commencer et à terminer ses devoirs ou ses autres tâches.
? Une tendance à éviter les activités qui nécessitent un effort mental soutenu.
? Une impression que l’enfant ne nous écoute pas lorsqu’on s’adresse à lui.
? Une difficulté à retenir les consignes et à les appliquer, bien qu’elles soient comprises.
? Une difficulté à s’organiser.
? Une tendance à être très facilement distrait et à faire des oublis dans la vie quotidienne.
? La perte fréquente d’objets personnels (jouets, crayons, livres, etc.).
Hyperactivité
? Une tendance à remuer souvent les mains ou les pieds, à se tortiller sur sa chaise.
? Une difficulté à rester assis en classe ou ailleurs.
? Une tendance à courir et à grimper partout.
? Une tendance à parler beaucoup.
? Des difficultés à apprécier et à s’intéresser à des jeux ou à des activités calmes.
Impulsivité
? Une tendance à interrompre les autres ou à répondre à des questions qui ne sont pas encore terminées.
? Une tendance à imposer sa présence, à faire irruption dans les conversations ou les jeux. Une difficulté à attendre son tour.
? Un caractère imprévisible et changeant.
? Des sautes d’humeur fréquentes.
Autres symptômes
L’enfant peut être très bruyant, antisocial, voire agressif, ce qui peut le conduire à être rejeté par les autres.