Présidentielle 2012: Côté Mômes interroge François Bayrou

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L’organisation de la communication d’un candidat en dit long sur le style de gouvernance qui serait le sien, une fois élu. Nous ne révèlerons pas qui, de l’un ou de l’une, de l’un ou de l’autre, dispose d’une cellule riposte survitaminée et hyper-réactive, qui est entouré d’une armée mexicaine pour répondre à une allure… sénatoriale, qui supervise tout ou qui est aux abonnés absents.

 

Nous avons choisi d’interroger les principaux candidats sur quelques questions précises, quelques aspects obscurs de leurs programmes, plutôt que de leur proposer de dérouler leur programme comme un catalogue de bonnes intentions. Jean-Luc Mélenchon étant hors délais pour nous répondre, nous ne saurons pas comment il imagine l’accueil en maternelle à deux ans ou comment il entend lutter contre les inégalités sociales à l’école.

 

 Aujourd’hui, la parole est à François Bayrou…

A propos du « Bac d’excellence » que vous proposez, scientifique et littéraire : Sachant qu’il est mathématiquement impossible de cumuler les cours des deux sections, n’est-ce pas rien de plus qu’un bac généraliste ?Je pense qu’il faut que nous réfléchissions à l’organisation des baccalauréats et je risque l’idée d’une réflexion sur une nouvelle voie du baccalauréat d’excellence générale à la fois littéraire et scientifique. L’obligation à choisir entre littéraire et scientifique constitue pour un certain nombre d’élèves, un choix difficile, qu’ils n’arrivent pas à assumer. Je suis également convaincu que beaucoup d’entre eux voudraient faire les deux. Je pense que ce serait un plus pour les vocations littéraires et un plus pour les vocations scientifiques. Je crois enfin que ce baccalauréat deviendra rapidement une référence !En ce qui concerne la révision des temps scolaires, vous prévoyez 30h maximum par semaine, devoirs inclus. Comment organisez-vous un calendrier scolaire organisé sur cette base ?Les rythmes scolaires en France doivent être reconstruits. Il y a trop d’heures de cours. Limiter l’emploi du temps à 28 heures permettra aux enseignants d’utiliser les heures gagnées pour favoriser le travail en commun, les activités artistiques et la créativité intellectuelle. Les orientations seront fixées au niveau national pour un calendrier scolaire adapté à ces évolutions, mais il faudra laisser aux chefs d’établissement une certaine liberté pour gérer les volumes d’heures, et intégrer dans les emplois du temps des soutiens individualisés ou en petit groupe.Les devoirs écrits à la maison sont interdits, mais on sait bien que cette interdiction n’est pas respectée. Envisagez-vous de ramener le temps des devoirs à l’intérieur de l’école ?Oui, il faut organiser les devoirs dans l’école. Ils pourront être encadrés par des enseignants de l’établissement s’ils le souhaitent, par des enseignants à la retraite ou par des étudiants qui recevraient une bourse d’engagement.L’entre-soi règne plus que jamais en France et l’ascenseur social est bloqué. Que comptez-vous faire pour débloquer cette situation ?

L’école, c’est l’égalité des chances, c’est le mérite récompensé. Mais l’école de la République recule dans les classements internationaux. Le progrès que nous devons nous assigner, c’est que dans les cinq ans, l’école française revienne dans les dix premiers du classement international pour la compréhension de l’écrit, le calcul, les connaissances scientifiques et la lutte contre les disparités sociales. Car la priorité absolue, c’est que tous les élèves sachent lire et compter à leur entrée en 6ème. Et je propose de consacrer 50 % du temps de travail à l’école primaire à la langue française.

Je propose également d’améliorer le repérage des élèves en difficulté. Une scolarité de rattrapage adaptée pourra être mise en place pour ceux qui sont le plus en échec, dans des collèges « hors les murs », avec des pédagogies qui leur permettent, à terme, de retourner dans le système classique.

 

Nous pourrions aussi créer des « écoles associatives des parents », pour aider ceux qui ont des difficultés à accompagner leur enfant dans son développement et son succès à l’école. Enfin, un des obstacles à une véritable égalité des chances vient des défaillances de l’orientation. Chaque jeune doit avoir accès à une information transparente sur les voies de formation. Cela limitera le nombre de jeunes, notamment parmi ceux issus des familles socialement et culturellement déclassées, qui s’engagent dans des formations débouchant sur une absence de reconnaissance et d’emploi.

Pourquoi considérez-vous qu’il n’est pas nécessaire de rétablir les postes supprimés au sein de l’Education Nationale ?Je sais que certains candidats multiplient les promesses. Mais je sais aussi qu’ils ne pourront pas les tenir sauf à encore creuser la dette et les déficits. Dette et déficits que les jeunes générations devront payer. Je m’y refuse. Je préfère un engagement solennel de ne pas toucher au budget de l’Education nationale. Il faut un contrat de progrès entre l’école et la nation. Ce contrat garantira les moyens existants et en même temps préciser les objectifs que la Nation assigne à l’école.Quelle politique familiale comptez-vous mettre en place ?

Grâce à la politique familiale, la France est un des rares pays européens dont la population s’accroît. Supprimer, comme le souhaitent certains, le quotient familial, ou encore placer les allocations sous conditions de ressources, reviendrait à décourager les familles. Ce principe essentiel de notre politique familiale ne sera pas remis en cause.

 

Les familles monoparentales comptent parmi les plus fragiles, ce sont principalement des femmes seules vivant aux limites de la pauvreté. Elles rencontrent de grandes difficultés à concilier travail et charge des enfants. Beaucoup d’entre elles sont au chômage ou occupent des emplois précaires, avec des horaires décalés. Il faut leur permettre d’avoir accès à des modes de garde adaptés, et leur fournir les informations nécessaires sur les possibilités qui s’offrent à elles.

Que comptez-vous faire pour améliorer l’accueil de la petite enfance ?

La politique de la petite enfance touche plusieurs domaines déterminants : le développement de l’enfant, l’apprentissage de la socialisation, l’éducation, le soutien aux familles. Il faut renforcer et diversifier le développement des modes de garde dans les zones qui en manquent, en encourageant la création de places dans tous les types de structures : crèches publiques et associatives, assistantes et assistants maternels, regroupement d’assistantes maternelles, crèches dans les administrations, crèches d’entreprises et inter-entreprises,… Les entreprises qui n’ont pas la taille critique pour créer leur propre structure devraient être incitées à se regrouper davantage pour proposer ce service à leurs salariés.

 

L’Etat doit travailler avec les collectivités territoriales pour faire connaître les métiers de la petite enfance, et favoriser la création de nouvelles structures pour les exercer.

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