Maxi Best Of Grossesse et naissance – Le guide de grossesse, côté humour

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La blogueuse foldingue qui sévit sous le pseudonyme de McMaman réinvente le sempiternel guide de grossesse avec une grosse d’ose d’humour, un soupçon de confidences et un zeste d’autodérision. Rencontre.

Marion McGuiness, vous connaissez ? Vous avez certainement lu un de ses billets d’humeur sur son hilarant blog de mère indigne : Maxi Best Of McMaman. Rédactrice et traductrice, Marion vit à Angers – ville qu’elle a rebaptisée Plouquie de l’Ouest – avec mari, bambin de deux ans et chat. Sur la toile, cette jeune femme de 29 ans plutôt posée sévit sous le pseudonyme de Mc Maman, un personnage un peu grande gueule qui raconte les aléas de la vie de mère sans enjoliver, et avec beaucoup d’humour. Aujourd’hui, c’est dans un guide de grossesse que l’on peut lire les billets de Mc Maman. Mais pas n’importe lequel… Loin des guides « semaine après semaine », cliniques et parfois soporifiques, le Maxi Best Of Grossesse et Naissance est un recueil de billets d’humeur qui abordent aussi bien les petits tracas de la grossesse que les sautes d’humeurs de la femme enceinte… Le tout à la première personne. Mais qui est McMaman ? Et surtout, qui est Marion McGuiness ? Nous l’avons rencontrée.

Réinventer le fameux guide grossesse et naissance, vous vous êtes tout de suite dit que ça devait passer par l’humour ?

Prendre les choses à contre-pied, c’était déjà l’objectif de mon blog. Si je devais écrire un livre, c’était sûr : ce serait quelque chose de décalé. Les guides de grossesse et naissance, je trouve que c’est toujours la même chose : semaine après semaine, on te dit quel poids doit faire ton bébé, ce qu’il doit savoir faire, ce que tu dois ressentir, quels examens tu dois faire sous peine de mourir… Toujours avec la même manière de culpabiliser les femmes quand elles ne rentrent pas pile dans les cases.

A qui s’adresse votre guide ?

Je m’adresse aux femmes qui sont déjà mères et qui connaissent tous les aspects techniques de la chose, et aux futures mères qui n’ont pas envie d’être happées par le côté angoissant de la grossesse.

Ne pensez-vous pas qu’on ait quand même besoin d’être rassurée par des choses très terre à terre quand on découvre ce que c’est que d’attendre un enfant ?

Si, mais le problème avec les guides pressés en 20.000 exemplaires, c’est que tu ne rentres jamais dans les cases. C’est anxiogène ! D’ailleurs, si on ne l’aborde pas de manière angoissante et qu’on arrive à trouver des réponses personnalisées sans avoir l’impression de passer pour une gourde en les posant, la grossesse n’est pas quelque chose de stressant.

Le passage du livre sur l’antenne d’écoute pour femmes enceintes désespérées (cf : chapitre 4) est hilarante… D’où vous viennent ces questions farfelues ?

C’est du vécu ! Pas forcément des questions que je me suis posées, mais surtout des questions posées par des copines, sur le mode « tu te moques pas, hein, j’ai une question un peu crétine à te poser. » Elles s’adressaient à moi parce qu’elles n’osaient pas poser leurs questions « bêtes » à leur médecin. On a tendance à cogiter des heures en restant sans réponse alors que ce n’est souvent rien du tout ! Je trouve que ce qui est angoissant ce n’est pas tant la grossesse que le fait de ne pas savoir à qui s’adresser quand on a une inquiétude. Quand on a des copines qui sont passées par là avant, c’est quand même plus simple !

Et vous, vous étiez la première de votre bande de copines à tomber enceinte ?

Je suis issue d’une très grande fratrie : on est six. Donc les bébés, ça a toujours été non stop. Je n’étais pas inquiète du tout ! Finalement, je n’ai été stressée qu’au moment de l’accouchement, quand on a dû passer à la césarienne, parce que ça n’était ni prévu ni naturel.

Vous lisiez des livres sur la grossesse ?

Non, mais j’étais déjà à l’époque rédactrice pour un site parental, donc pour le boulot j’étais immergée jusqu’au cou. Ca restait de la théorie, mais ça m’a suffit. Par exemple, au moment de la deuxième échographie, le médecin fronçait les sourcils en prenant plein de mesures, c’était interminable… Mon mari était complètement paniqué, « Il y a un problème c’est sûr ! » Je savais un peu comment ça fonctionnait donc j’ai pu le rassurer.

Considérez-vous que les futures mamans soient mal informées sur le sujet ?

Clairement ! La plupart des femmes pensent qu’elles doivent être suivies par un gynécologue pendant leur grossesse. Rares sont celles qui savent qu’elles peuvent être suivies par une sage-femme. De la même manière, très peu savent que certains examens peuvent être refusés. Finalement, tout ça est tellement médicalisé que les femmes sont des spectatrices de leur propre grossesse. Beaucoup de femmes cèdent leur pouvoir et se laissent faire, par manque d’information. Quand on est comme ça déresponsabilisée, c’est un peu dur une fois que le bébé est arrivé de devoir prendre toutes les responsabilités d’un coup, alors que rien n’a été fait pour qu’on prenne notre place pendant la grossesse.

Les lecteurs de votre blog connaissent le personnage de Mc Maman. Qui parle dans le livre, Mc Maman ou Marion ?

Certains passages sont certainement inspirés, mais ce n’est presque pas autobiographique. La plupart des billets du livre ont été écrits au printemps dernier, soit près de deux ans après la naissance de mon fils. J’ai préféré utiliser le second degré dans le livre pour raconter des scènes inventées, justement pour dédramatiser ce qui peut faire peur. 

On s’est bien marrés en lisant votre « Comparateur de bébés en ligne » (cf : chapitre 1). Vous pensez qu’on idéalise trop le bébé à venir ?

Oui, on ne peut pas s’en empêcher ! Ca permet certainement de le rendre réel… Surtout pour le père, qui ne voit qu’un gros ventre. Ce billet a été inspiré par des conversations que j’ai entendues, entre des mamans en pleine compétition sur les accomplissements de leur bébé. « Le mien, il a marché à dix mois. » « Ah oui ? Le mien il a dit maman à six mois. » Il faut arrêter avec ça ! Certains parents ont tendance à étaler les prouesses de leur enfant comme on étale de la confiture, mais ceux-là mêmes ne vous diront jamais que leur petit prodige n’est pas propre à six ans… Ca m’énerve ! On s’attend à ce que des êtres humains fassent tout au même moment… On s’en fiche, tous les gamins finiront par marcher, parler et être propre à un moment donné !

Marion VS McMaman

Marion est maternante, McMaman est feignante. Marion est calme, McMaman est survoltée. Pour départager l’auteure de son personnage, nous leur avons soumis un questionnaire croisé…

Ca fait une heure que le minus crie à s’en décoller les poumons. Ca y est, vous perdez patience.

Marion : En toute honnêteté, ça ne m’est jamais arrivé. Je réponds très vite à ses pleurs, que ce soit par conviction ou par … fainéantise. C’est plus simple et moins stressant de l’accompagner et répondre à ses besoins que laisser pleurer. Du coup, les crises passent super vite, entre câlins, tétées et diversion (« Oh le bonbon ! Il est beau mon bonbon ! »).

McMaman : Ca fait une heure que j’essaie de faire de la place dans le congélo pour le ranger. Je me dépêche donc de finir la glace, je le colle dedans, ça lui rafraîchira les idées et la porte isole aussi bien du froid que du bruit.

La voisine vous vante les progrès de son enfant prodige, qui marche, parle trois langues et maitrise les équations à deux inconnues, à trois mois

Marion : Je plains le petit… toute cette pression ! Ca me rappelle les concours de Mini Miss, qui devraient être interdits. Quant à la mère… Elle me ferait de la peine : comparer, pourquoi ? Pour se rassurer ? Chaque enfant est unique.

McMaman : Oui mais le mien est beau. On ne peut apparemment pas tout avoir. Je lui propose un test génétique parce que je doute de la filiation.

L’enfant est couvert de bleus : il a décidé de mettre la pâtée à ses congénères de la cour de récré après avoir vu Karaté Kid.

Marion : Je demande à voir la maîtresse – la surveillance dans la cour ne doit pas être terrible si les gamins peuvent se battre. Je cherche à comprendre pourquoi il a cette agressivité en lui… Et je voudrais que la sanction soit réparatrice et non punitive.

McMaman : Je ne le laisserais jamais regarder un film aussi pourri. Ce sera Dexter et Star Wars au CP, et je peux te dire que les petits camarades, on les retrouvera pas avant quelques années.


 


Le minus vous dit « merde ».

Marion : Attends, il commence à peine à parler et dire des trucs trop mignons, du genre « Encore bonbon miam miam », et tu voudrais qu’il passe déjà à la case pré-ado ?! Laisse-moi profiter.

McMaman : Merde quoi, il est foutrement mal élevé ce gosse, c’est quoi ce bazar ? Encore la faute de son père, j’te jure. Je crois qu’on sait où il a appris ce mot…

 

Marion McGuiness, Le Maxi Best Of Grossesse et Naissance, éditions Jacob-Duvernet (2012), 19,90€.

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