Autorité parentale : c’est qui le patron ?

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Face à un enfant qui jour après jour gagne en autonomie, s’affirme et construit sa personnalité, il est parfois difficile de savoir comment agir. Malheureusement, il n’existe pas de règle absolue en matière d’éducation ; tout est souvent question d’équilibre et de communication.

Aux armes parents !

L’enfant a besoin d’être guidé : il ignore ce qui est le mieux pour lui. L’autorité, c’est ce qui permet à l’enfant d’assimiler les interdits fondamentaux liés à la sociabilisation. La frustration est une expérience indispensable au développement de l’enfant : pour vivre en société, il doit apprendre à renoncer à la satisfaction immédiate de tous ses désirs.

Il faut également garder à l’esprit qu’amour et autorité sont compatibles : l’un découle même de l’autre. En effet, c’est parce que vous aimez votre enfant que vous lui fixez des interdits, pour sa sécurité, son bien-être. Mettre des barrières sur le chemin de l’enfant, c’est aussi l’aider à avancer : un chemin balisé est rassurant, l’enfant gagnera en confiance, et sera mieux paré pour son autonomie. Sans autorité, l’enfant peut aussi se sentir négligé, abandonné.

Comment exercer son autorité ?

L’ingrédient essentiel de l’autorité est la communication : une interdiction pure et simple, sans explication, n’a aucun sens pour l’enfant, elle est donc inutile, voire nuisible. Il est important d’expliquer clairement, simplement, pourquoi vous interdisez à votre enfant telle ou telle chose.

Il est également important que les parents soient d’accord entre eux : si l’enfant entend un « oui » d’un côté, et un « non » de l’autre, il n’obéira jamais et saura vite jouer sur votre désaccord.

Toujours dans ce souci de cohérence, l’autorité implique que vous-même, parents, vous appliquiez les règles imposées à votre enfant. Ne l’oubliez pas : vous êtes un modèle pour lui. Toutefois, il est important de laisser une marge d’action à l’enfant, en toute sécurité bien sûr : c’est ce que Françoise Dolto appelle la « prise de risque ». Il ne faut pas non plus frustrer l’enfant avec des interdictions toujours plus nombreuses au fil des jours : l’enfant doit pouvoir forger sa propre expérience. L’échec a également des vertus éducatives.

Enfin, il ne faut pas confondre autorité et autoritarisme. Vous devenez autoritaire si vous inspirez un sentiment de peur chez l’enfant, si vos consignes sont édictées de manière illogique, si elles sont injustes, si vous interdisez chez l’enfant toute expression de ses humeurs ou de ses états d’âme.

Les parents sont-ils dépassés ?


Selon un sondage Ipsos, deux tiers des parents (67 %) estiment manquer d’autorité avec leur progéniture et 75 % pensent qu’il est plus difficile qu’autrefois d’élever des enfants.

Quarante-six pour cent des parents interrogés ont une mauvaise image d’eux-mêmes. Parmi une série de mots proposés pour décrire le mieux ce qui les caractérise aujourd’hui, ils sont 67 % à évoquer le manque d’autorité. Ils sont ensuite 44 % à citer le stress. Pour 27 % d’entre eux, la tendresse est le mot le plus approprié. Ils ne sont que 4 % à citer la sévérité.

Pour 76 % des parents, il est plus difficile aujourd’hui d’élever des enfants que cela ne l’était pour la génération de leurs parents. Les trois quarts des parents interrogés s’estiment trop laxistes avec leurs enfants, 71 % trop stressés et 65 % trop copains. Au sujet de la répartition des rôles père-mère au sein de la famille, 60 % des parents jugent qu’ils ont tendance à se confondre.

L’autorité fait peur

« Autorité peut rimer avec aimer et respecter. » L’autorité, aujourd’hui, fait peur. Les parents s’imaginent qu’elle peut être un instrument destiné à soumettre l’enfant au pouvoir des adultes. Et susceptible de ce fait de porter atteinte à sa personnalité et à sa créativité. Or une autre autorité existe qui ne détruit pas les enfants mais constitue au contraire le point d’appui essentiel de leur développement et de leur épanouissement. Dans le langage clair qu’on lui connaît, Claude Halmos répond aux questions d’Hélène Mathieu. Elle explique aux parents pourquoi leur autorité est indispensable à leur enfant, mais aussi pourquoi celui-ci s’y oppose toujours. Un salutaire outil de réflexion pour les familles et pour la société.

Etre parent, c’est naturel, ça ne s’apprend pas !  » Faux, répondent les spécialistes. Ce qui est naturel, c’est la parenté sur le plan de l’état civil, non la parentalité. En Grande-Bretagne, les parents de mineurs délinquants sont placés sous  » parenting order « , une nouvelle loi qui les oblige à suivre des cours de  » reparentalisation « . En France, les écoles de parents se multiplient, destinées à tous
ceux qui désirent instaurer de meilleurs rapports avec leurs enfants.

A lire, « C’est moi qui décide ! » de Jan Faull

Dominer ses enfants, chercher à les contrôler en permanence ne respecte pas leurs besoins légitimes de prise de pouvoir progressive sur leur propre vie. En utilisant un pouvoir coercitif, loin de gagner en autorité, les parents perdent peu à peu l’oreille de leurs enfants. Certains enfants sont certes plus composants que d’autres et les parents n’ont pas de difficultés avec tous. Mais quand vous êtes en conflit d’autorité avec un ou plusieurs de vos enfants, la vie quotidienne peut devenir très éprouvante ! Tenir bon, offrir des choix, négocier, donner des permissions, lâcher prise, sont les techniques proposées par Jan Faull, conseillère en pédagogie parentale réputée. Elle donne des informations, des repères et surtout des options qui aideront les parents à comprendre les sources de bagarre et à désamorcer les conflits. Grâce à ce livre, les parents pourront identifier les combats dans lesquels il vaut mieux qu’ils ne s’engagent pas parce qu’ils seront perdus d’avance. Ils apprendront quand et comment garder le pouvoir, tout en préservant la relation parent enfant, et quand et comment le lâcher pour permettre à leurs enfants de construire leur autonomie sans danger. Le livre évoque des situations de la vie quotidienne : aller se coucher, emporter une poupée à l’école, faire du vélo dans la rue, ranger la chambre… Ces exemples très concrets permettent de comprendre ce qui se joue tant pour le parent que pour l’enfant. Les parents y trouveront de quoi ne plus se sentir impuissants face aux demandes, crises et hurlements de leurs enfants. Du coup ils seront eux-mêmes moins tentés de crier. Moins de cris de part et d’autre ! Une vie familiale plus harmonieuse dans le quotidien.

L’Ecole des parents

L’EPE (Ecole des parents et des éducateurs) propose des réunions animées par des animateurs-formateurs. Une douzaine de participants parlent ensemble – anonymement – de leurs problèmes, de leurs inquiétudes, des conflits  » insurmontables  » auxquels ils sont confrontés quotidiennement. Ces groupes de parole ne sont pas des groupes thérapeutiques. Les parents échangent simplement leur expérience, sans se juger, et s’aperçoivent ainsi qu’ils ne sont pas seuls à vivre ces situations. Rassurés, ils repartent plus confiants dans leur rôle.

Chaque parent s’engage à venir deux heures, huit fois dans l’année.

Contact : Sabine Joannes, La Maison de l’Ecole des parents, 164, boulevard Voltaire, 75011 Paris. Tél. : 01.44.93.24.10.

L’Ecole de la parentalité

Cette école, fondée par Serge Lebovici, psychanalyste de l’enfant et de la famille, Christelle Bonnard, psychothérapeute, et Lætitia Solis-Ponton, psychanalyste, travaille par groupes de six à douze participants – futurs parents, parents et grands-parents. Les groupes sont constitués en fonction de l’âge des enfants et du système familial.

Les séances se déroulent en deux parties : une théorique, pour expliquer les étapes du développement de l’enfant ; une pratique, pour relier le vécu actuel des parents aux conflits psychologiques de leur enfance et à leur histoire transgénérationnelle. Rien ne sert de savoir  » comment faire  » si on ne comprend pas le  » pourquoi  » : si on n’analyse pas les raisons inconscientes d’un symptôme, il revient sous une autre forme. En cas de pathologie lourde, s’adresser à un thérapeute.

Formation en dix séances de trois heures ou sur quatre journées. Contact : Cécile Dollé, 53, rue du Temple, 75004 Paris. Tél. : 01.48.04.30.80.

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