Béatrice Cooper-Royer, psychologue clinicienne notamment auteur de Non, tu n’es pas encore ado paru chez Albin Michel, nous livre son expérience des préados.
Côté Mômes : La préadolescence existe-t-elle vraiment ? Certains la situent entre 9 et 12 ans, d’autres parlent à cet âge-là d’une période de latence, d’autres encore la nient. Il y a de quoi s’y perdre !
Béatrice Cooper-Royer : La préadolescence est en effet un concept récent qui ne correspond pas à grand-chose. La période de latence, entre 6 et 12 ans, fait en revanche partie des stades qui ont été définis par Freud, juste avant la puberté et l’adolescence. Cette période de latence est très intéressante et il s’y passe plein de choses contrairement à ce que le terme pourrait éventuellement laisser penser.
C’est une période où l’enfant est un peu désencombré de sa problématique oedipienne : il était très autocentré sur le couple parental et toutes les émotions qui allaient avec (la rivalité, l’ambivalence). Il s’ouvre à l’extérieur, aux apprentissages, à la vie sociale, aux amitiés, et il se décentre de plus en plus de ses parents, à mesure que le temps passe, tout en étant à ce moment-là tout à fait réceptif à leur message éducatif. C’est une période extrêmement riche. Il ne faut pas la zapper du tout parce que c’est vraiment un moment où les parents ont plein de choses à faire, à dire, où les enfants sont très enthousiastes, très réceptifs et pas du tout dans la contestation.
Dans le mot préadolescence, on a l’impression qu’il y a déjà une attitude de défi par rapport aux parents… Et là je trouve qu’il faut se méfier parce qu’un enfant de 10 ans n’est pas dans cette logique de se défaire de ses parents, pas du tout. Il a hautement besoin de ses parents, il est complètement dépendant d’eux et même s’il va et vient chez les copains, affectivement, il n’est pas du tout dégagé de tout ça. Les voir à ce moment-là plus grands qu’ils ne sont et les « projeter » dans l’adolescence trop tôt est dangereux. L’adolescence est effectivement une période où le remaniement aux liens parentaux est tout à fait nécessaire et important mais c’est autre chose.
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CM : Les enfants ne sont-ils pas quand même plus grands plus tôt ? Autrement dit ados plus précocement ?
BCR : Ils grandissent de plus en plus vite parce qu’ils sont débrouillards. Mais nous professionnels, quand on les voit dans notre cabinet et qu’on voit les symptômes qu’ils peuvent avoir à ce moment-là, liés aux problématiques de séparation, ils ne sont pas du tout en avance ! Bien sûr que les enfants revendiquent de la liberté et peut-être plus aujourd’hui qu’autrefois, notamment les filles qui sont beaucoup dans des comportements d’imitation des plus grandes et adoptent souvent des comportements qui ne sont pas de leur âge.
Mais il ne faut forcément aller dans leur sens, on peut très bien leur expliquer que ce sera pour un peu plus tard. Pour l’adolescent de 17 ans, c’est complètement différent, l’enjeu est de taille. Il va pouvoir prendre son envol, nouer des relations amoureuses, s’embarquer sans trop d’états d’âme dans une formation supérieure s’il a fait un pas de côté par rapport à ses parents.
Tandis qu’un enfant de 10 ans, même si il fait croire qu’il peut se passer de papa et maman, ce n’est pas vrai. En réalité, on se rend compte qu’il va chercher leur appui différemment. Il y avait une mère qui me disait que ça l’amusait parce que tantôt son fils marchait dans la rue dix mètres devant elle, tantôt il lui donnait la main. Ces allers et retours sont typiques de cet âge-là.
CM : Pour les parents, comment trouver la juste mesure entre liberté et protection ? Comment les accompagner au mieux dans leurs premières revendications de liberté ?
BCR : C’est une question d’intuition parentale. Il faut faire confiance à son bon sens. Chacun fait un peu comme il le sent. Dans le même esprit, on sent bien quand un enfant est capable d’aller à l’école tout seul. Mais il ne faut pas aller plus vite que la musique parce que mettre un enfant dans une situation qui en réalité va le dépasser, même s’il s’y adapte parce que les enfants s’adaptent en effet, va créer de l’anxiété.
Beaucoup de troubles anxieux sont dus à ça. Parce qu’en réalité, ces situations, psychiquement, les dépassent. On est quand même dans une société où l’on veut que les choses aillent très vite et on charge assez vite les enfants, on les projette dans l’avenir. Or, c’est vrai que pour un enfant qui entre au collège, lui parler de son bac, n’a pas de sens. Ce qu’il retient de ça, c’est plutôt l’angoisse de ses parents, la peur qu’il n’y arrive pas. Il y a effectivement là une pression qui ne sert à rien, qui n’est pas productive.
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