Jean-Louis Boursin, agrégé de mathématiques, professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, est l’auteur de nombreux livres et manuels de mathématiques dont le dernier en date, Les maths pour les nuls, paru récemment aux éditions First.« Il y a manifestement un vrai souci, à la fois social et scolaire. Du point de vue social, pour la plupart des filières, la sélection se fait sur les mathématiques, même pour devenir médecin, ce qui est un petit peu absurde. Je crois que malheureusement, il y a beaucoup d’enfants qu’on a dégoûtés des mathématiques en leur faisant croire que c’était difficile. Et on leur fait croire que c’est difficile parce que les possesseurs d’un savoir difficile ont un prestige social, un peu comme les gens qui parlaient latin au 17ème siècle. Ce n’est peut-être pas conscient, il n’y a peut-être pas une entreprise de démolition des enfants mais on se valorise en disant « vous savez ma matière, c’est vraiment difficile, c’est essentiel ». Du coup, les gosses sont traumatisés. Le prof de maths a une forte responsabilité là-dedans. Ou bien il fait croire que sa discipline est difficile parce que ça le valorise auprès de ses collègues, des parents d’élèves et des élèves… Ou bien il réussit à communiquer, il réussit à insuffler un désir de jouer parce que finalement c’est terriblement ludique… Un peu comme un acteur de théâtre. Un prof de maths devrait être un séducteur. Séduire au sens latin du terme « qui amène à lui » donc qui amène des enfants à sa discipline ».
Jean-Jacques Greif, polytechnicien marié à un professeur de maths en faculté, est journaliste et auteur entre autres de nombreux romans pour la jeunesse. Son dernier ouvrage, à destination des 13 ans et plus, J’ai mal aux maths mais je me soigne, vient de paraître aux éditions De la Martinière Jeunesse.
« Si vous lisez Platon, vous verrez qu’il parlait de maths ! Philosophie, à l’époque, ça voulait dire savoir. Et la description de l’univers avec les outils mathématiques, c’était au cœur même du savoir. Cela faisait partie de la culture standard de tout le monde. En France, on utilise les maths comme un filtre pour rejeter une partie des gens. On veut un certain type d’élite. C’est un système de filtrage très efficace, plus encore que l’était le latin auparavant. La société veut avoir des gens qui ne lisent pas et qui sont mauvais en maths parce qu’elle veut avoir des gens malléables. Dans les années 70, on a repensé les mathématiques pour tout reprendre à zéro. On a fait les maths modernes et on s’est dit « comme ça, tout le monde sera égal devant les maths ». Et c’est le contraire qui s’est passé parce que, dans la mesure où les maths modernes ont un langage un peu abstrait, ceux qui étaient dans les familles bourgeoises où il y a un peu d’abstraction étaient avantagés par rapport aux gamins des milieux moins favorisés… Or, c’est primordial de voir comment la pensée humaine a progressé, comment elle est allée vers cette abstraction. Là, c’est aussi une question de temps, de formation des professeurs…
Si vous êtes bon en maths, vous êtes agrégé et vous enseignez à Paris VII… Si vous êtes un peu moins bon, vous allez enseigner dans le secondaire. Les profs de maths ne sont pas forcément très compétents. Le système tel qu’il est, c’est une loterie. Vous pouvez tomber sur de très bons professeurs… Sur de très mauvais aussi. Mais si vos enfants sont à Henri IV à Paris, ça ira mieux sans doute que dans une banlieue dite difficile. Je suis passé par Polytechnique. Là-bas, une moitié des élèves sont des enfants de polytechniciens, l’autre moitié sont des enfants de profs de maths. Bien sûr que c’est plus facile quand on a des parents profs de maths parce que les parents profs de maths, eux, ils savent que c’est facile… Et c’est facile ! La bosse des maths, c’est une pure invention. Le point fondamental, c’est vrai pour les maths mais aussi pour tant d’autres choses, c’est le désir. Si vous arrivez à donner à un gamin, d’une façon ou d’une autre, le désir, l’envie de faire des maths, c’est gagné !
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