La rénovation de l’enseignement des sciences et de la technologie à l’école primaire est engagée depuis 1996, année où Georges Charpak, prix Nobel de physique en 1992, réussit à ouvrir les yeux de nos gouvernements sur le formidable vivier de petits génies que sont les enfants jeunes, par essence curieux du monde qui les entoure et ultra réceptifs à l’expérimentation. Où en est aujourd’hui l’enseignement des sciences à l’école et quels en sont les enjeux pour le développement des enfants ? Bilan et perspectives.« En 1995, les estimations de la direction des écoles, au ministère, relèvent qu’à peine 3% des classes de l’école élémentaire pratiquent un enseignement de sciences, malgré son inscription dans les programmes en principe obligatoires, autre façon de dire que 97% des enfants n’entendaient pratiquement pas parler de cette matière avant le collège. A l’âge d’or de la curiosité enfantine, malgré une longue tradition de la leçon de choses, l’école primaire a baissé les bras, et c’est en s’éloignant d’un héritage pédagogique pourtant ancien que la France va s’engager dans le XXIème siècle sans réaliser combien l’ignorance scientifique et technique recèle de dangers »… Voilà ce que l’on peut lire dès les premières pages de « L’enfant et la Science, l’aventure de la main à la pâte », ouvrage paru en 2005 et qui fait le bilan, presque dix ans après, de l’œuvre entreprise en 1996 par Georges Charpak.
Georges Charpak , ce scientifique émérite qui devait devenir prix Nobel de physique en 1992, fait dans les années 60 la connaissance de Léon Lederman, son patron d’alors au CERN (Centre Européen pour la Recherche Nucléaire). Léon Lederman avait lancé un programme appelé « Hands on » dont Charpak allait s’inspirer trente ans plus tard pour créer « la main à la pâte ». Arrivé à Chicago en pleine crise de l’enseignement, Lederman avait proposé de s’occuper des écoles, fasciné par le fait que, dans un monde de plus en plus façonné par la science et la technologie, de moins en moins de gens semblaient comprendre la science. Il en avait conclu qu’il fallait se donner les moyens d’enseigner la science aux enfants dès l’âge de six ans, ce qui supposait de former les instituteurs, d’élaborer un programme et du matériel adéquats.
Georges Charpak le suit lors d’un voyage dans une école du ghetto de Chicago largement au dessous du seuil de pauvreté… Pourtant, il y trouve des enfants qui apprennent avec joie. De retour en France, il réussit progressivement à convaincre le ministre de l’Education nationale de l’époque, François Bayrou, pour qu’une mission se rende à Chicago au printemps 1995, visite les écoles de Léon Lederman et prenne la mesure de la qualité de l’enseignement qui y est donné ainsi que de son utilité.
Au printemps 1996, un séminaire de travail réunit au Futuroscope de Poitiers plusieurs dizaines d’inspecteurs de l’Education nationale (qui eux-mêmes encadrent chacun une centaine de professeurs des écoles dans leurs circonscriptions) et des scientifiques académiciens qui leur promettent un accompagnement au quotidien s’ils acceptent l’aventure. Ainsi naît La Main à la pâte, marque déposée gérée par un comité placé auprès de l’Académie des sciences. En 1999 sont publiés les dix principes de la main à la pâte qui insistent sur la réflexion et l’acquisition de connaissances là où la main à la pâte avait pu être injustement accusée de ne mettre l’accent que sur l’expérimentation au détriment du savoir pur. Aujourd’hui, l’initiative La main à la pâte a convaincu les plus hautes instances de son bien-fondé.
Officiellement, les écoles poursuivent la mise en œuvre des programmes 2002 qui ont intégré les principes du plan de rénovation de l’enseignement des sciences et de la technologie à l’école et en particulier la démarche d’investigation expérimentale. En mai 2004 se tenait à Paris un colloque sur le même thème qui a permis de poursuivre la réflexion sur le partenariat entre la communauté scientifique et le milieu enseignant du premier degré et a débouché sur la mise en place d’une charte à destination de « tout instituteur ou professeur des écoles qui souhaite enrichir son enseignement, dans le respect des programmes, et faire bénéficier ses élèves de la présence d’un scientifique ou d’un ingénieur, de définir le cadre le mieux adapté à cet accompagnement ». Une circulaire de la rentrée scolaire 2005-2006 confirme l’importance qui doit être consacrée à la rénovation de cet enseignement qu’elle place en seconde priorité, après la maîtrise de la langue. De bonnes intentions donc, mais qu’en est-il exactement, sur le terrain ?
Dix ans après la création de la Main à la Pâte, la science a pris une place réelle à l’école… En tout cas dans les consciences. On est passé de 3% des élèves à l’aborder en école primaire en 1996 à 35% aujourd’hui et, en 2005, le site Internet de La main à la pâte, qui propose beaucoup d’outils pédagogiques à destination des enseignants, a reçu plus de 200 000 visites mensuelles (rappelons que les enseignants du primaire en France sont un peu plus de 300 000). Les programmes scolaires sont très détaillés et les obligations des maîtres rappelées par de nombreuses circulaires périodiques, les inspecteurs de circonscription (IEN) veillant en principe à leur exécution mais que certains enseignants ne voient pas pendant plusieurs années d’affilée ! Dans la pratique, même si les choses ont beaucoup évolué en dix ans, l’écart reste immense entre les bonnes intentions et la réalité quotidienne en classe. Un écart aux causes multiples : le mal-être des maîtres vis-à-vis de la science parce qu’ils sont polyvalents et ont l’impression que la science est affaire de spécialistes (malaise vérifié moult fois par les acteurs de La main à la pâte), la focalisation de l’opinion publique sur un « lire-écrire-compter » trop étroitement compris, actions de formation insuffisantes et fluctuations des priorités en fonction des changements politiques.
Pourtant, La main à la pâte l’affirme : « en matière de formation d’esprit ou d’ouverture à la citoyenneté et à l’universalisme, une introduction précoce à la science est hautement b&ea
cute;néfique ». En effet, quoi de plus formateur que de devoir observer avant d’affirmer, quoi de plus altruiste que de gagner en modestie à mesure que la nature nous démontre parfois l’inverse de nos idées reçues ? Pourtant, il n’est pas chiffrable, ni démontrable, pas plus qu’en ce qui concerne l’importance d’initier l’enfant à l’art, que le monde irait mieux, et les êtres humains avec, si ses enfants en connaissaient mieux les rouages. Comme l’avoue humblement La main à la pâte, « l’esprit scientifique – qui ne le voit ? – n’est jamais qu’une des multiples facettes de la condition humaine, de ses enjeux, de ses périls. Pourtant, le rêve continue parce qu’une conviction profonde est là : l’enfant est un gourmand de sciences par essence et il faut nous faire un devoir de l’aider à admirer, déchiffrer, gagner en lucidité, en sens critique, et tout simplement apprendre à aimer son environnement.
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