ZUPdeCO, créée en 2005, cette association propose à des étudiants de grandes écoles de devenir tuteurs d’élèves en difficultés. Un beau projet favorisant la réussite scolaire pour les enfants issus de familles défavorisées… qui marche !
Interview de FRANÇOIS AFIF-BENTHANANE, fondateur de ZUPdeCO
Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
J’étais moi-même dans le décrochage scolaire. Quand j’étais en troisième, on m’a dirigé vers une formation industrielle plus technique qui ne m’intéressait pas, ce qui fait que je n’ai pas eu mon bac. Ensuite je suis monté sur Paris, et j’ai travaillé dans différents univers dont celui du commercial qui était dans mon domaine de compétence.
J’ai ensuite intégré HEC, ou j’ai étudié tout ce qui tourne autour des innovations, et c’est là où j’ai eu l’idée de ZUPdeCO. C’est difficile quand on vient d’un milieu défavorisé. On est gamin, on reste dans son quartier, on ne pas beaucoup, et donc les grands écoles on n’y pense pas vraiment. Si vous venez d’un milieu défavorisé c’est que vos parents n’ont pas de fait de grandes écoles, donc ce n’est pas un monde qu’ils vous font découvrir.
A partir de là, en 2004, je me suis intéressé de plus près au monde associatif, en me disant qu’il y a des sujets intéressants autour des territoires.
Il y a trois sujets essentiels : l’entrepreneuriat, l’emploi et l’éducation.
Au début je me suis intéressé à l’entrepreneuriat, la chose qui était importante, c’était de créer des fonds d’investissements pour financer les entrepreneurs. Ce sont des choses qui ont été faite par différents acteurs avec qui j’étais en contact. Ensuite je me suis intéressé à l’éducation. Je pars du principe que l’échec scolaire n’est pas une fatalité. Donc, pendant deux ans, j’ai rencontré énormément d’associations autour de ce sujet pour voir ce qui existait déjà, ce qu’il y avait à faire, ce qui fonctionnait ou pas. De là, j’ai animé une émission sur BEURFM pendant deux ans où je faisais venir des gens qui avaient des parcours de réussite scolaire dans les quartiers pour dire au plus grand nombre qu’il est possible de réussir.
J’ai animé des débats dans les quartiers ou je faisais venir différents types de métiers : des journalistes, des avocats, des plombiers… pour dire aux jeunes qu’on peut se diriger vers tous les métiers. Que l’échec scolaire est social n’est pas une fatalité. En gros il n’y a pas de petits métiers, il n’y a que des métiers qui nous passionnent.
Aujourd’hui le monde scolaire et associatif s’appuient sur des gens qui mettent de la générosité du cœur, de l’engagement, qui ne sont pas du tout dans une logique de culture de résultat, mais dans une logique d’accompagnement.
Pourquoi ZUPdeCO ?
J’ai créé ZUPdeCO en 2005 dans un but préventif, avec une question essentielle : comment réduit-on l’échec scolaire en France ?
Notre rôle et de faire en sorte que les gens ne soient pas seuls. On les accompagne, on les motive, on fait du mieux qu’on peut pour gérer tous les sujets dans le domaine de l’éducation populaire, mais pas dans une culture de résultat. Notre culture c’est de dire : « je prends un enfant qui a entre 5 et 9 de moyenne, je fais en sorte qu’il atteigne la moyenne en troisième et qu’il ait son brevet. » Ensuite, qu’il suive un parcours de seconde soit générale soit professionnel, ce n’est plus de notre domaine d’intervention.
Quel est le concept ?
On prend un enfant si possible en sixième qui a entre 5 et 9 de moyenne en maths et en français, on l’accompagne jusqu’en troisième avec une progression en moyenne de deux points par an, il est donc censé arriver à une moyenne de 13 minimum en troisième. La dernière étape est qu’il réussisse son brevet.
Pour cela on a mis en place tout un processus avec des étudiants de grandes écoles ou d’université qui vont aider l’enfant deux heures par semaine, l’étudiant va faire du coaching scolaire. Il va l’accompagner, le stimuler, l’aider à s’organiser au niveau de son travail et l’intéresser en discutant des métiers, pour qu’il comprenne à quoi sert ce qu’il fait en maths, en français par rapport à tous les métiers qu’il pourrait faire demain.
Pour commencer on dit au principal du collège qu’on voudrait suivre les enfants minimum trois ans.
Il y a une réunion avec les parents tous les trimestres, à la rentrée puis à chaque relevé. On leur dit : « nous on s’occupe de vos enfants à condition que vous nous aidiez. Comme vous ne pouvez pas les aider scolairement, laissons les enseignants les instruire, nous nous les stimulons et vous, vous les encouragez en marquant de l’intérêt à leur journée scolaire ».
Les tutorats solidaires augmentent d’année en année, comment expliquez-vous cette réussite ?
À ma culture entrepreneuriale. Cela consiste à se dire que je gère une association ou nous ne sommes pas dans une culture associative, car aujourd’hui dès qu’on parle d’association les gens disent « ah oui, c’est bénévole, c’est super, y’a des gens qui font des trucs ». Dans l’entrepreneuriat social, on gère une entreprise ou il y a un statut associatif, ou vous êtes dans une logique ou la plus-value n’est pas financière mais ce qui compte c’est le nombre d’enfants que vous sortez du système en faisant en sorte de les aider.
Chaque année on regarde quel est l’impact de notre système, chaque année on regarde les améliorations qu’on peut donner à notre processus pour qu’il soit de plus en plus efficace.
Quelles sont les qualités que l’étudiant doit avoir pour entrer chez ZUPdeCO ?
Il faut d’abord convaincre les établissements d’intégrer l’étudiant chez ZUPdeCO dans leur formation.
On essaie de s’implanter dans les établissements supérieurs avec un module de formation de tutorat solidaire de 60 heures. Dans cette formation, vous avez 6h de cours théoriques avec un professeur sur la relation interpersonnelle. L’étudiant apprend à se donner des objectifs personnels, à mettre en place un programme spécifique qui soit adapté à la population et réalisable.
Comme ce sont des étudiants ils ne peuvent pas coacher des adultes donc on va mettre en application cela sur des collégiens, avec toute l’année des comptes rendus et à la fin un mémoire qui est noté.
C’est une vraie formation complémentaire pour les étudiants. Ceux qui rentrent dans ce type de programme ont envie d’aider leurs prochains, envie de renvoyer l’ascenseur, envie d’être enseignant plus tard. La porte d’entrée à ZUPdeCO c’est la motivation, à la fin ils se rendent compte que c’est une expérience extraordinaire
Quelle démarche doit-il faire pour s’inscrire à ZUPdeCO ?
Nous sommes implantés dans 14 départements, ils ont deux façons de pouvoir le faire : regarder dans les villes ou nous sommes implantés, à Paris, en Ile de France, à Lille, Rennes, Tours, Blois, Lyon, Bordeaux et à Pô.
Ils peuvent s’inscrire directement sur le site ZUPdeCO.org avec un espace « je veux participer ». Ensuite, notre rôle c’est de communiquer dans les écoles et les établissements.
Vous avez développé un nouveau projet, la WEBACADEMIE, vous pouvez nous en dire plus ?
C’est un autre service que nous avons lancé au sein de ZUPdeCO.
Ce sont des jeunes qui ont entre 18 et 25 ans, qui sont sortis du système scolaire sans le bac, qui sont passionnés d’informatique mais qui ne peuvent pas accéder à une école parce qu’ils n’ont pas le bac.
Cette formation dure deux ans, avec un an à l’école et un an en alternance. On fait ça au sein d’une école qui s’appelle l’Epitech. C’est une école tout à fait adaptée au profil des jeunes. Il n’y pas d’amphi avec des professeurs, mais les étudiants travaillent en mode projet. Ils ont des projets qu’ils doivent faire seuls ou en groupe. La logique c’est de les faire progresser de projets en projets jusqu’à ce qu’ils aient la capacité à trouver des solutions. Pour résumer la formation, c’est de leur apprendre à apprendre.
On a fait une première promotion en 2010 avec une vingtaine de jeunes, à la fin il en restait environ une douzaine. Il y en a 4 qui ont continués dans une autre école pour avoir un bac+5, et les 8 autres sont en entreprise aujourd’hui.
En 2012 il y avait une cinquantaine de jeunes, une trentaine sont aujourd’hui en entreprise. On a démarré la troisième promo en ouvrant à Lyon avec une vingtaine et une soixantaine à Paris.
L’Epitech a douze écoles en France, donc l’idée c’est d’avoir en gros entre 60 et 80 jeunes par villes, ce qui fait qu’on accompagnera plus d’un milliers de jeunes chaque année.
Quels sont vos projets futurs ?
Mon projet est de réaliser un mélange entre le tutorat et la WEBACADEMIE. Je voudrais proposer aux collégiens d’apprendre à coder.
L’idée c’est d’organiser des petits ateliers pour apprendre à coder avec des choses très ludiques. Ça leur apprendrait alors à réfléchir autrement, et les ferait progresser en maths et en français.
A terme on va essayer de créer un lien entre les collèges et les développeurs.
Le numérique rentre dans les collèges, donc il y a pleins d’outils à développer pour faciliter l’apprentissage des jeunes sur ces matières fondamentales.
Qu’est-ce que vous pensez des internats d’excellence ?
C’est très bien ! C’est bien d’avoir créé des lieux pour des enfants qui ont du potentiel mais qui n’avait pas de cadre idéal pour travailler. Les mettre dans un univers ou des jeunes ont tous envie de réussir, je trouve ça plutôt dynamique comme système.
Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?
De trouver pleins de partenaires trouvant notre projet intéressant qui viennent nous aider. Quand je parle de partenaires, ce sont les entreprises car on est une association, on n’y arrivera pas tout seul.
Si, en fin de compte on veut diviser par deux l’échec scolaire en France il faudrait que j’accompagne entre 50 et 60 000 jeunes.
C’est notre intérêt à tous de faire en sorte que ces jeunes aient une meilleure vie que leurs parents, donc il faut nous aider et participer.
Aider ZUPdeCO
Si vous souhaitez soutenir ZUPdeCO et faire un don, rendez-vous sur http://www.zupdeco.org/je_donne.php
Si vous êtes étudiant et que vous souhaitez intégrer ZUPdeCO vous pouvez vous inscrire sur http://www.zupdeco.org/participer_postuler.php
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