« Tous les parents se valent » disait Boris Vian. Peut être, mais ils ne se ressemblent pas. Et qu’on le veuille ou non, une fille d’ethnologue a peu de chance de recevoir la même éducation qu’un fils de sosie professionnel.
Sévère, Aurélien impose à Wendy deux cours d’équitation par semaine. Branchée, Noémie traîne les enfants à la cinémathèque de France, tandis que Thibault joue à la Playstation avec sa fille et que Valentine rêve déjà des collections Dior enfant pour son fils de 7 ans. Qui a raison ? Sans doute moins contraints que leurs propres parents, les papas et mamans d’aujourd’hui sont libres de choisir leur style et leur façon d’éduquer, des valeurs à respecter aux baskets à posséder.
Ces parents très différents n’ont pas la même idée de ce qu’est une « bonne éducation » mais partagent le même idéal : donner à leur progéniture la plus belle enfance qui soit tout en les aidant à se construire et à s’épanouir. Une noble intention qui mérite le respect et rend inoffensives les affectueuses moqueries que nous pourrions leur adresser. Les flèches en mousse ne transpercent pas les cœurs en or…
Les parents popu’
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Majoritaires mais souvent oubliés, les parents des milieux populaires, malheureux prisonniers des villes, se concentrent sur l’essentiel. Ils font preuve d’une grande ouverture d’esprit et s’intéressent aux cultures étrangères : ils ont une télé.
Couple référence Johnny et Laetitia Hallyday
Valeurs à transmettre L’amour par-dessus tout. Trop gentils pour sévir, les parents popu’ ne se montrent autoritaires qu’en cas de danger ou pour suivre les conseils avisés de Super Nanny et de Pascal le grand frère.
Vie quotidienne Les repas sont tous pris en famille, et pour cause : il n’y a que maman qui fait la cuisine, et elle ne va pas faire deux services ! Les courses se font au supermarché. De temps en temps, une sortie au restaurant permet de découvrir la nourriture d’un autre pays (souvent l’Amérique). Pour les vacances, on ira au bord de la mer, avec le père, la sœur, la mère (sauf si on ne peut déjà plus) ou, consécration ultime, à Disney Land Paris.
Loisirs La télévision occupe une grande place au sein de la famille, mais on ne regarde plus Le juste prix de Philippe Risoli ou L’école des fans de Jacques Martin. La téléréalité règne, on regarde Nouvelle Star, Un dîner presque parfait et évidemment Koh-Lanta. Ce qui n’empêche pas, de temps en temps, de regarder Le juste prix de Vincent Lagaf ou L’école des fans de Philippe Risoli.
Conso Une grande partie du budget est consacré au plaisir des enfants. Auber, Toys R’us et les chaînes de grande distribution sont les principaux lieux de leurs folies.
Quand il sera grand il sera… ce qu’il veut (si possible à la télé)
Les parents bobos
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Furieusement à la mode depuis dix ans, les bobos ont vieilli : finis les après-midi Manzana, place à l’éducation des enfants, tellement plus gratifiante que la découverte du nouveau Vincent Delerm ou une énième relecture de Yasmina Reza par Fabrice Lucchini.
Couple référence Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg
Valeurs à transmettre L’amour étant définitivement trop grand public, les idéaux que les bobos souhaitent transmettre à leurs enfants sont la solidarité et la compassion. Le goût du travail étant difficile à éveiller chez les plus jeunes, on développe le sens artistique et on encourage la liberté d’expression.
Vie quotidienne Les bobos n’ont pas eu une enfance facile : forcés d’appeler leurs parents par leurs prénoms pour être à la mode dans les années 90, ils sont aujourd’hui revenus vers les indémodables « papa » et « maman ». Ils préparent les repas à tour de rôle, font parfois le marché et ne jurent que par le dieu bio. La viande n’est tolérée qu’occasionnellement, le bobo ayant du mal à manger un animal avec qui il a peut-être partagé une barquette de soja il y a deux semaines.
Loisirs La télé ne sert d’écran que pour regarder de vieux films (souvent François Truffaut). On ne la regarde pas en mangeant, de toute façon Taddéi passe trop tard. Le week-end, promenade à la campagne (le Bercy Village) ou sortie culturelle, un atelier peinture abstraite pour les 3-6 ans à la Pinacothèque de Paris par exemple. En attendant les vacances, où on partira en Ardèche, pour se ressourcer, ou dans le reste du monde, pour s’enrichir.
Conso Zadig et Voltaire enfants pour les plus fortunés, Jacadi pour les autres. En faisant attention que tout ça soit équitable, biodégradable, mais extrêmement mignon tout de même.
Quand il sera grand il sera… cuisinier branché ou illustratrice de blog
Les parents bling-bling
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Héritiers direct du m’as-tu-vu ou plus vulgairement du nouveau riche, les blings-bling sont plus voyants qu’avant, en grande partie à cause des créateurs de mode peu sérieux et de l’étrangeté de l’époque. Excessifs, ils restent attachants : ils ne souffrent que d’un surplus d’amour et d’un terrible mauvais gout.
Couple référence Le président de la République et la France
Valeurs Tout le monde n’a pas eu la chance de naître avec un conseil général doré dans la bouche. Les parents bling-blings se sont faits tout seul, une réussite dont ils peuvent et n’hésitent pas à être fiers. A leur image, leurs enfants devront avoir confiance en eux et ne pas avoir honte d’être ce qu’ils sont, même s’ils ne le sont pas depuis longtemps.
Vie quotidienne Tout ce qui brille n’est pas d’or. Finalement assez simple, les bling-blings vivent comme tout le monde, en version exagérée : on regarde la télé en famille, mais chacun sur son propre écran plat. Pour les vacances, on part loin pour impressionner ses amis, mais dans un endroit pas trop désert pour pouvoir impressionner le monde (la République Dominicaine, destination de choix). Les plus scandaleux laissent les étiquettes des prix dépassées des emballages cadeaux pour Noël ou Hanoukka.
Conso On les attendait au détour d’une collection enfant Burberry ou chez Baby Dior. Mais comme la pie, le bling-bling est avant tout attiré par ce qui brille, qu’importe sa valeur. C’est donc plus du côté des Nike fluo ou des Adidas vintage qu’il faut les chercher, même si la gourmette reste un indispensable. Pour ses 50 mois, Dylan a eu une Rolex jaune trompette. Attention tout de même à garder assez pour acheter le poney prévu pour ses 10 ans !
Quand il sera grand il sera… champion du monde
Les parents tradis
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Couple référence Pierre-Ernest François et Julie-Maude Courage
Ce qui est bien avec les traditions, c’est qu’elles ne changent pas. Les parents traditionnels d’aujourd’hui sont les mêmes que ceux d’il y’a 30 ans, les châtiments corporels en moins (la loi l’interdit).
Valeurs à transmettre Sévères mais justes, les parents à l’ancienne se méfient de notre époque corrompue. Pour que leurs petits soient prêts, ils doivent posséder les armes appropriés pour vivre en société : la politesse et le respect de l’autre. Sans oublier l’amour maternel, évidemment (tradition contestée par Elisabeth Badinter). Et Dieu dans tout ça ?
Vie quotidienne La télé est évidemment interdite aux enfants, mais de toute façon il n’y en a pas dans la maison. Les repas sont pris à heure fixe, en famille, et sont faits maison le plus souvent possible. Un bœuf bourguignon bio n’ayant pas de sens, on renonce à s’intéresser aux labels écologiques, même si on préfère toujours les produits frais aux cochonneries américaines.
Loisirs Après des années d’oubli, la chorale, associative ou pas, est de nouveau à la mode. Chaque week-end, les petits chanteurs (pas forcément à la croix de bois, allons !) vont ainsi de maison de retraite en maison de retraite pour apporter la joie aux personnes âgées et apprendre à aimer les autres. Pour les vacances, on reste en France en faisant le tour de la famille et des amis, avec si possible un détour par Compostelle.
Conso Arrière, veau d’or consumériste ! Ici, on se contente d’acheter le minimum. La mode du tricot est toujours d’actualité et certaines mamans courageuses vont jusqu’à coudre elle-même tous les vêtements ! Comme mamie a fait un stock de tissu dans les années 70, les petites-filles risquent de devoir porter des robes écossaises pendant encore au moins 20 ans. Triste.
Quand il sera grand il sera… gendarme ou femme politique
Parents babas
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Couple référence Johnny Depp et Vanessa Paradis
Les hippies avaient raison ! Non violence et écologie, leurs idéaux des années 60, sont aujourd’hui les principales préoccupations de la société. Beaux joueurs, ils préfèrent encore rester à l’écart et former les citoyens de demain. Pour mieux nous faire la morale dans dix ans ?
Valeurs à transmettre Libres dans leur tête, ils ont trop lutté contre leurs parents pour faire souffrir leurs enfants. Trop permissifs pour certains, ils favorisent avant tout la liberté d’expression et ne sévissent que dans de rares cas, si l’enfant se met en danger ou est dangereux avec les autres. Seul chose intolérable : le mensonge.
Vie quotidienne C’est trop bio pour être vrai : méfiant, les babas préfèrent toujours les produits du jardin aux ingrédients « nature » vantés dans les campagnes publicitaires. Hélas, souvent à la tête de famille nombreuse, ils sont bien obligés de se rabattre sur le supermarché du coin, et ne vivent à la campagne que si elle voisine la grande ville. Petits joueurs, va.
Loisirs Le dimanche, on se promène au bord de l’eau et on va voir les animaux, mais pas au zoo (barbare !) ni au cirque (horrible !). La culture ne sera accessible que quand elle sortira des musées, toujours jugés pénibles pour des enfants qui aiment avant tout courir et s’amuser. Pour les vacances, on oublie le Larzac, trop célèbre, et on préfère la montagne, destination idéale pour retrouver la joie de la nature et de l’isolement (le portable ne passe pas !). Si possible, s’y rendre en camping-car.
Conso Les couches lavables ? Trop prise de tête… Pour compenser, les babas recyclent à l’excès les vêtements, obligeant ainsi le petit dernier à porter les chaussettes de sa grande sœur, née en 1987… ce qui peut parfois les faire passer pour des bobos, adeptes depuis longtemps du déglingué chic !
Quand il sera grand il sera… Alain Souchon
