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Changer de vie en famille

Qui n’a pas pensé, un jour où l’autre, tout planter là pour partir vivre ailleurs, autrement ? Si beaucoup restent sur l’intention, d’autres sautent le pas avec toute leur marmaille, plus ou moins heureusement. Témoignages.

« Partir, partir, on a toujours un bateau dans le cœur, un avion qui s’envole pour ailleurs mais on n’est pas à l’heure… » Cette chanson de Julien Clerc résonne dans bien des cœurs.

Fuir le stress des grandes villes et les difficultés de transport et de logement qui vont avec, faire un retour aux sources, se mettre au vert pour vivre plus écologiquement, plus économiquement aussi, faire le choix de suivre son conjoint lorsqu’il est muté au bout du monde, larguer les amarres pour faire le tour du monde en bateau ou en camping car, changer de vie en prenant une année sabbatique histoire de faire un vrai break ou s’installer ailleurs pour la vie : est-ce toujours la clé du bien-être ? Qu’en est-il de nos relations avec nos proches ? Est-ce si simple de trouver de nouveaux repères ? Ceux qui en parlent le mieux sont ceux qui l’ont tenté !

Christiane et sa famille : le bonheur est dans le pré

Ils avaient à Paris une vie agréable, une situation financière enviable. Mais leur couple battait de l’aile, ils se croisaient à peine et ne voyaient quasiment plus leurs enfants. Au bord de l’explosion, Christiane et Jean-Luc ont décidé de lever le pied, ailleurs. Pour le bonheur de tous !

 « J’ai quitté la capitale il y a deux ans pour l’Isère avec mari et enfants. Nous avons tous les deux une profession libérale et avons pu nous réinstaller sans trop de souci et nous refaire une clientèle, certes moins importante mais qui suffit à nous faire vivre très correctement puisque, par ailleurs, nous cultivons nos légumes et dépensons beaucoup moins pour des choses futiles. Partir, c’est vrai que ça implique une réforme intérieure profonde. Il faut être prêt à lâcher la consommation à gogo, les apparences, et surtout se dire que l’on n’arrivera pas en territoire conquis, comme certains qui ont tendance à se comporter comme des « usagers » de la campagne, sur un mode de consommateurs. Il faut accepter de vivre de façon plus sensorielle qu’intellectuelle, ne pas avoir peur d’être parfois plus contemplatif qu’actifs et savoir se satisfaire de petits bonheurs simples : le chant continu d’un ruisseau, l’odeur d’un feu de cheminée, la langage du vent dans les arbres. Effectivement, les autochtones sont méfiants, il faut les apprivoiser. Mais une fois que vous établissez un vrai contact, il est beaucoup plus enrichissant, en tout cas pour nous, que ce que nous connaissions à Paris, qui tenait plus de la mondanité que de l’amitié vraie. Nous avons vraiment gagné en qualité de vie et ne reviendrions à Paris pour rien au monde. En plus, nous sommes tout prêt des stations de ski ! Bon, pour l’instant, nos enfants ont 4 et 6 ans, ils se sont fait des copains… Peut-être qu’à l’adolescence, ils s’ennuieront ici mais on a le temps d’y penser ! »

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Anne-Marie et Pierre ont choisi la Creuse… et en reviennent !

Ils vivaient dans l’Oise, en région parisienne, et, même si leur maison était en pleine nature, ils rêvaient de vraie campagne. Ils ont donc choisi la Creuse… Le calme absolu… Un peu trop !

 « C’était un vieux rêve que nous avions, mon mari et moi. Quelle déception ! Nous nous sommes retrouvés dans un coin où les gens sont peu bavards, plutôt fermés, avec l’impossibilité de nous faire de nouveaux amis. Pas de lien social, pas de services : impossible de trouver des structures d’accueil pour les enfants en bas âge à moins de 20 kilomètres… Et je n’ai pas de voiture dans la semaine. Résultat : mes enfants, de 2 ans et demie et 1 ans, passaient leurs journées entières avec leur maman, sans contacts avec d’autres enfants de leur âge et ils n’ont pas acquis de bonnes bases de langage malgré mes efforts ! Quant à l’accès à la culture, n’en parlons pas : pas la moindre librairie, pas l’ombre d’un cinéma ou d’un musée à moins de 45 kilomètres. Quand on est une femme, c’est encore plus dur : pour peu que vous vous habilliez un peu tendance, on vous regarde de travers. Alors, au final, on devient une campagnarde mal dans sa peau et qui déprime. Et là, pas la peine de chercher un psy, c’est une denrée trop rare ! Quant à la « vraie nature », les cours d’eau ici sont bien plus pollués que dans notre région d’origine et les gens ne veulent pas entendre parler d’écologie. Pour eux, c’est un truc de parigots bobos ! Quant à l’aspect financier des choses, il n’est pas plus positif : ce que vous gagnez en loyer, vous le perdez en frais de déplacements. Nous dépensons 300 euros par mois pour nos trajets. Je crois que quand on veut s’installer à la campagne, il faut vraiment y réfléchir à deux fois et bien étudier tous les aspects, surtout si on a des enfants. Dans des coins reculés comme ici, il n’y a aucun avenir et on est loin de l’insouciance de la famille Ingalls ! Nous préparons notre retour en région parisienne avant de mourir su place !»

Chrystelle : un divorce et un nouveau départ !

Qui dit famille dit aussi famille recomposée. Chrystelle avait toujours rêvé de partir dans le Sud, comme une sorte d’instinct que la vie serait moins pénible au soleil. En pleine séparation avec son mari, elle part avec sa fille sous le bras pour quinze jours de vacances en club. Là, elle rencontre celui qui deviendra son futur compagnon.

 « Sébastien, divorcé aussi, vivait sur la Côté d’Azur, moi à Paris. J’étais journaliste et mon statut de salariée ne me convenait plus du tout. Je me sentais emprisonnée, minée par un quotidien vraiment pesant, engluée en plus dans des procédures de divorce interminables. Alors, quand Sébastien m’a proposé de venir vivre avec lui, j’ai dit oui tout de suite. J’étais amoureuse, je savais que je n’aurais pas de loyer à payer puisqu’il était propriétaire, qu’il me suffirait de travailler en piges pour m’en sortir. J’avais même réussi à négocier avec mon rédacteur en chef de continuer à travailler pour lui à distance, en piges, une fois ma démission donnée. Dans les semaines qui ont suivi, les choses n’ont pas été simples. Ma famille et mes amis m’on beaucoup fait hésiter, insistant sur le fait que je ne pouvais pas partir, comme ça, sur un coup de tête, avec ma fille de 5 ans, que j’allais éloigner géographiquement de son père. Mais je voyais dans ce départ, au contraire, une occasion de calmer les choses, de me retrouver et puis je rêvais d’autre chose depuis tellement longtemps ! J’ai donc sauté le pas et je ne le regrette pas. Marion ne voit pas son père un week-end sur deux mais pendant toutes les petites vacances scolaires afin de moins la « trimbaler ». Dans ces cas-là, je monte avec elle à Paris et je reviens la chercher pour qu’elle n’ait pas à voyager seule. J’ai l’impression que nous vivons une vie beaucoup moins pesante qu’avant, je travaille de la maison, je fais de temps en temps aller-retour à Paris dans la journée pour un rendez-vous et, quand je descends de l’avion, il fait 10 degrés de plus et le ciel est d’un bleu ! Inimaginable à Paris ! »

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Marie et Bertrand ont largué les amarres

Bertrand, 40 ans, amoureux de voile depuis toujours, a réussi à convaincre sa compagne de partir, enfants sous le bras, faire le tour du monde en bateau. Une année sabbatique pas toujours simple à vivre mais tellement enrichissante !

 « Je voulais transmettre à mon fils, au-delà de la richesse de nos rencontres avec les populations locales, l’idée d’une certaine liberté. Lui dire que oui, il est possible de larguer les amarres, de le décider, au-delà des obstacles, qu’avec audace et ténacité, on peut s’offrir un rêve. Nous avons préparé ce voyage pendant 3 ans. Et puis, l’aventure ! Le plus difficile à gérer est sans doute de vivre soudainement 24h sur 24 ensemble, dans un espace réduit. Adieu le stress de la ville, du travail… Bonjour celui du voyage ! Certains couples s’arrêtent en chemin parce que, quand l’atmosphère devient irrespirable, il n’y a pas d’échappatoire : impossible de faire un dîner entre copines, de papoter avec ses collègues pour décompresser ou d’aller boire un verre avec ses potes ! Notre fils avait 11 ans quand nous sommes partis, l’âge de l’entrée en 6ème. Nous savions que c’était une étape de la scolarité à ne pas négliger. Heureusement, en France, l’enseignement à distance existe. Mais il faut quand même un investissement important des parents là-dessus. Ma femme a joué le prof pendant la moitié de ses journées. Pour Damien, il n’y a pas eu de difficulté pour réintégrer ensuite un système scolaire normal. Mais je sais que pour d’autres, ça n’est pas si évident. Au final, quoi qu’il advienne, c’est une aventure merveilleuse. On vit une vie de famille différente, des moments très intenses, des rencontres passionnantes, avec les populations mais aussi avec d’autres fous de la même espèce. Et il me semble que mon fils a beaucoup gagné en maturité, en autonomie… Même s’il est content d’avoir retrouvé ses copains d’avant ! »

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