Côté Mômes : Que représente l’arrivée d’un beau-père ou d’une belle-mère dans la vie d’un enfant ou plutôt quelles sont les conditions à réunir pour qu’il y ait acceptation de ce tiers par l’enfant ?
Claude Halmos : Tout le monde pose la question comme ça et c’est une erreur. C’est mettre l’enfant à une place où il ne doit pas être. Ce n’est pas à lui de ratifier une nouvelle union. Il est fondamental en revanche de lui expliquer que ses deux parents le seront pour la vie, qu’ils ne seront pas remplacés parce que par remplaçables par définition. Papa et maman existeront toujours mais plus leur couple parce qu’ils ne s’aimaient plus assez pour être ensemble. Il faut lui dire aussi que cette nouvelle personne dans la vie de leur père ou leur mère n’essaiera pas de le remplacer mais qu’en tant que maître ou maîtresse de maison, elle lui posera des limites qu’il leur faudra respecter. Et puis il faut lui dire enfin qu’il n’est pas obligé de l’aimer mais qu’il doit se comporter de façon civilisée avec elle. L’enfant sera rassuré parce qu’à sa place, tout simplement. Souvent, les choses se passent mal par absence d’explication claire. Faute de cela, l’enfant se retrouve souvent dans un conflit de loyauté, il se pose en défenseur de l’un ou l’autre de ses parents. Le fameux « T’es pas ma mère » est aussi une bonne occasion de refuser l’autorité.
C.M : Etes-vous favorable à la mise en place d’un statut officiel des beaux-parents et si oui, dans quelles limites ?
CH : Je crois que les choses ne devraient pas passer par la loi. C’est le parent de l’enfant qui doit donner une place à l’autre, le légitimer.CM : Si l’on se place du point de vue de l’adulte, est-il naturel d’accepter l’enfant de l’autre comme son propre enfant ou est-il au contraire normal d’éprouver des difficultés à l’accepter ?
CH : Le lien avec l’enfant que l’on a porté est unique. Mais le lien que l’on crée avec un enfant qui n’est pas le sien est très beau aussi, il peut même être magnifique. Mais il se construit avec le temps. Ca n’est pas facile, l’enfant de l’autre. Il représente le passé de cet autre, le fruit d’un amour dont on ne faisait pas partie et puis cet enfant a eu une éducation qui ne correspond pas forcément à nos convictions. Mais il n’y a que des cas uniques. L’amour entre un beau-parent et un enfant est un amour où on se choisit et une présence adulte sans lien du sang peut être aussi formidablement épanouissante pour un enfant.
CM : Trouver sa place en tant que beau-père ou belle-mère n’est pas toujours facile et de cela on parle beaucoup. En revanche, on parle moins de la difficulté, aussi, pour le père ou la mère d’un enfant, à laisser un espace d’expression à son compagnon vis-à-vis de l’enfant, à lui donner, en quelque sorte, un aval d’éducation.
CM : C’est pourtant fondamental. Il faut que le parent sache imposer l’autre pour que chacun trouve sa place et respecte celle des autres. Il faut aussi, notamment avec les ados, que l’interdit de l’inceste soit posé. Beaucoup d’ados fantasment sur le compagnon de maman ou la compagne de papa et ça pose des tas de soucis. Juste parce que l’interdiction n’a pas été formulée.CM : De votre point de vue, à quoi ressemble une famille recomposée heureuse, si elle existe ?
CH : Il faut arrêter avec ça. La vie, c’est compliqué et c’est aussi pour ça que c’est beau. En tout cas, c’est tout sauf « La petite maison dans la prairie ! »
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