Le mot fatigue regroupe bien des maux. Du plus bénin facilement réparable au plus sérieux moins aisément repérable, voici quelques indicateurs pour aider son enfant à retrouver la forme.
Il y a fatigue et fatigue : la fatigue physique tout d’abord, dont on récupère, enfant ou adulte, après une bonne nuit de sommeil. Là, rien d’alarmant. Sauf maladie grave non décelée et heureusement rare chez les enfants, le corps s’autorégule et repart tout neuf.
La fatigue morale est plus insidieuse bien que souvent passagère : c’est fou le nombre d’enfants épuisés au moment de nous donner un coup de main pour mettre la table et qui retrouvent au même instant une pêche d’enfer si leur copain sonne à la porte ! Mais attention, cette fatigue morale est parfois révélatrice d’un mal-être qui peut aller jusqu’à la dépression, même chez l’enfant.
Coup de pompe, épuisement, fatigue chronique, déprime, les appellations et symptômes ne manquent pas pour qualifier un état de manque de sommeil plus ou moins vif, plus ou moins installé dans le temps, plus ou moins gênant pour l’enfant dans son quotidien.
La fatigue chez l’enfant peut souvent être évitée par de bonnes habitudes de vie. A commencer par le sommeil. Essayez de le coucher à heure fixe et de respecter des rituels qui aident à la séparation nocturne, même chez les plus grands. Le doudou, la veilleuse, la lecture, parler un peu au calme de la journée, les rassurer sur leurs soucis…
Autant de rituels rassurants, surtout pour les 3 à 6 ans, dont certains connaissent des moments d’angoisse vécus dans l’état de semi conscience qui précède le sommeil : chute dans le vide, secousse du corps, etc. Ils s’en souviennent le lendemain et nourrissent alors une peur d’aller se coucher. Chez les 6-12 ans, le sommeil est plus proche de celui des adultes avec un endormissement généralement facile.
Quant au temps de repos nécessaire dans cette tranche d’âge, il varie d’un enfant à l’autre. Pour le connaître, évaluez le temps de sommeil de votre enfant quand il peut se réveiller spontanément (week-end, vacances) et essayez d’adapter son heure de coucher dans la semaine au nombre d’heures dont il a besoin. Est-il nécessaire de rappeler aussi que l’abus de télévision nuit au sommeil et que les bras de Morphée se trouvent plus facilement entre les pages d’un livre ou dans un dialogue calme sur un sujet qui leur tient à coeur?
Eh oui, ce qui était vrai hier l’est toujours aujourd’hui : être en forme passe aussi par une alimentation équilibrée, à acquérir dès le plus jeune âge. Si la soupe ne fait pas grandir, elle a au moins le mérite de faire manger des légumes. Pour le reste, un peu de protéines tous les jours (10 grammes par jour et par année d’âge), des produits laitiers et des sucres lents assureront une bonne résistance aux rythmes quotidiens…
Et pour éviter le fameux coup de pompe de 11 heures avec hypoglycémie, c’est-à-dire chute du taux de sucre dans le sang, rappelons qu’un petit déjeuner équilibré et pris tranquillement est indispensable. Quant aux vitamines prises sous forme de compléments alimentaires, sont-elles efficaces contre la fatigue ?
Les avis des médecins sont bien partagés, même s’ils reconnaissent globalement l’intérêt de la vitamine C « coup de fouet » le matin ou de la vitamine D, vitamine de croissance qui aide aussi à fixer toutes les autres et qu’ils peuvent prescrire jusqu’à cinq ans, notamment en hiver lorsque l’ensoleillement est faible.<!–nextpage–>
Une fois les bases posées d’une vie saine, toute cause de fatigue persistante doit être recherchée. Quand elle s’installe, la fatigue n’est pas normale et il y a lieu de vérifier toutes les causes organiques possibles. Une simple prise de sang peut permettre d’éliminer le doute sur une éventuelle mononucléose ou une insuffisance rénale par exemple. Si tous les examens sont normaux, le médecin pourra alors se tourner vers des causes morales qui peuvent être dues à des difficultés familiales ou à un rythme trop soutenu, scolaire ou extra scolaire. Un trop plein de tout peut faire glisser l’enfant vers un état dépressif insidieux sur une pente qu’il aura d’autant plus de mal à remonter qu’elle sera décelée tardivement. Comme dans beaucoup d’autres domaines, il faut écouter l’enfant quand il exprime sa fatigue et ne pas éventuellement prendre son épuisement pour le la fainéantise, ce qui ne ferait que l’enfermer dans le sentiment d’être incompris.
Les rythmes scolaires sont loin d’être adaptés aux rythmes biologiques et les enfants en souffrent. On constate par exemple chez certains enfants en dernière section de maternelle une fatigue quasi permanente due tout simplement au fait qu’il n’y a plus de sieste à cet âge alors qu’elle leur serait encore nécessaire. Pour les plus grands, plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte, outre le fait qu’ils sont dès le CP assujettis à des exigences importantes d’assimilation de connaissances et de devoirs à faire après leur journée d’école.
Rappelons par exemple que les devoirs écrits à la maison en primaire ont légalement disparu… Ce qui est loin d’être le cas dans la réalité. Ce que l’on appelle médicalement la fatigue scolaire (à ne pas confondre avec une fatigue quotidienne banale dont on récupère vite) revêt plusieurs symptômes qui disparaissent généralement lors de vacances ou à l’occasion d’un changement d’instituteur.
Amaigrissement, pâleur, perte d’appétit, infections ORL fréquentes, troubles de l’attention, de la mémoire, du caractère, tics, grimaces ou bégaiement sont autant de signaux d’alerte d’une pathologie qui peut s’installer et dont les causes peuvent être multiples : un emploi du temps surchargé (attention, les activités extra scolaires ne doivent pas être trop nombreuses), un phénomène d’ennui (fatigue par désintérêt), la crainte de mauvais résultats et des punitions qui vont avec, l’obsession de la performance chez certains parents ou au contraire leur trop grand laxisme.
Non, le monde des enfants n’est pas tout rose et il ne faut jamais oublier qu’ils ne sont pas armés, au contraire des adultes, pour analyser les situations qui les touchent avec recul. Une mauvaise ambiance à la maison, des conflits explosifs ou latents qui pèsent sur l’atmosphère générale sont des sources d’angoisses pour eux. Alors, même s’il est impossible de les préserver de tout, même si l’on peut penser que les difficultés de la vie sont formatrices, ne perdons pas de vue qu’ils sont en plein développement et qu’ils doivent pouvoir s’appuyer sur des bases solides, les plus sereines possibles. La meilleure solution, en cas de tensions difficiles à résoudre, est de dialoguer, toujours, avec l’enfant, d’écouter ce qu’il a à nous dire et de consulter un pédopsychiatre avec lui… Qui ne résoudra pas nos soucis avec une baguette magique mais prendra en compte le malaise de l’enfant… Un grand pas, déjà, vers son mieux-être.
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