Confrontés à des problèmes de stérilité, de nombreux couples ont recours à une aide scientifique pour concevoir un bébé. Comment l’homme vit-il sa paternité lorsqu’il n’est pas le père biologique de son enfant ?
Être reconnu stérile est pour l’homme un choc d’autant plus important qu’il n’y est souvent pas du tout préparé. S’il n’a pas souffert de maladies graves dans sa jeunesse (tuberculose, maladie infectieuse), il imagine difficilement ne pas pouvoir procréer.
L’annonce est de plus brutale : contrairement à la stérilité féminine, révélée après de longs examens, la stérilité masculine est annoncée très rapidement par un simple spermogramme, et sans recours possible. Vécue comme un échec, comme une honte, la stérilité est surtout pour les hommes une grande injustice : pourquoi moi ? Qu’ai-je fait ? Il n’y a évidemment pas de réponse à ces questions.
En plus de la joie que cela lui apporte, devenir père est pour un homme une question de fierté. Le désir d’avoir un enfant n’est pas dénué d’un soupçon de narcissique de se prolonger, d’engendrer lui-même sa propre descendance. A l’image de son propre père, il est capable de faire des enfants à la femme qu’il aime et acquiert ainsi sa toute puissance paternelle.
Ne pas y parvenir est donc vécu comme une humiliation qui remet en cause sa virilité et son statut au milieu des autres hommes. L’homme peut rencontrer des difficultés à se sentir père avec un enfant qu’il n’a pas engendré, à qui il n’a pas transmis son sang. Ne trouvant pas sa place au sein de la famille, se jugeant incapable donc inutile, certains préfèrent quitter le domicile familial.
Avant d’entamer une démarche, qu’il s’agisse d’une adoption ou d’une aide scientifique, il convient donc de dépasser ce sentiment d’échec que ressent forcément l’homme. L’arrivée d’un enfant ne doit pas lui rappeler en permanence son « échec ». La stérilité n’a au final aucun rapport avec la virilité, et un bon père ne commence pas toujours, comme dit Dutronc, par « en avoir une bonne paire ».
En pratique depuis plus de 30 ans, la technique d‘IAD (insémination par donneur externe) consiste à féconder la femme avec le sperme d’un donneur externe. Souvent utilisée dans les couples où l’homme seul est stérile, cette solution pose des questions psychologiques.
Se sentant déjà responsable de la situation, donc diminué, l’homme l’est encore plus durant le processus qu’il fait involontairement endurer à sa compagne. L’homme n’étant plus en jeu, la femme devient l’unique patiente des docteurs : même si elle a clairement besoin de lui, l’homme peut se sentir exclu, étranger à la grossesse.
Certains pères n’arrivent pas à accepter de voir leur femme fécondée par un autre et se désintéressent, même inconsciemment, de la grossesse. Un nouveau trio se crée entre la femme, le bébé et le donneur : le « futur papa » ne trouve pas sa place.
Absent et pourtant étrangement présent, le donneur devient objet de jalousie. Pourquoi lui a-t-il réussi et moi non ? Une fois encore, le futur père se retrouve en position d’échec. Son autorité, sa capacité à être père lui semblent fragilisées.
La nature du donneur est une angoisse : à quoi, à qui l’enfant va-t-il ressembler ? En France, malgré le débat que soulève la question, l’anonymat du donneur est encore une obligation. En pratique, les médecins sélectionnent un donneur physiquement proche du futur père de façon à minimiser les inéluctables différences.
Difficile pour un père d’appuyer son identité, de devenir papa tout en se sentant (et en étant physiquement) complètement étranger au processus. Pour l’intégrer à la grossesse, le plus efficace est encore de se comporter avec lui comme avec tous les autres pères : le faire participer aux réunions prénatales, parler au bébé, …
Le sujet, difficile à évoquer, ne doit pas être tabou, devenant ainsi honteux, caché, dissimulé, et encore plus dur à assumer.
L’accueil de l’enfant issu d’une IAD fait forcément suite à un processus de deuil. Les parents doivent renoncer à un enfant qui leur ressemble physiquement, une image inculquée et fantasmée depuis toujours. Un processus encore plus dur pour le père en cas d’IAD.
Contrairement à la mère, qui développe dès le début de la grossesse un sentiment maternel, le « devenir père » s’effectue en grande partie une fois l’enfant arrivé. Le père non biologique devra renoncer au jeu des ressemblances, à retrouver dans son fils son regard ou son sourire. Adieu « c’est tout le portrait de son papa », bonjour « il te ressemble pas du tout ».
Alors que la mère est génétiquement liée à l’enfant, un déséquilibre se crée et peut être source de souffrance pour le papa, « à part ». Pour pallier cela, il n’y a pas de solution miracle : comme tous les papas du monde, il faut passer du temps avec son enfant, et peut être même plus que les autres ! Tant mieux : c’est l’occasion d’envoyer maman faire les courses pendant qu’on joue à la petite voiture…
Le fait de ne pas être le père biologique renforce également les inquiétudes du père face aux comportements que peut adopter son enfant, toute l’expérience accumulée n’étant plus valable. Devant un enfant colérique, impossible de se référer à son propre passé avec le bien connu « j’étais pareil à son âge », ou de faire référence à un trait de caractère familial ayant déjà été remarqué chez un grand-père ou une vieille tante.
Les problèmes de l’adolescent, présents dans toutes les familles, sont encore plus présents dans les familles où les parents ne sont pas les géniteurs. « Tu n’es pas mon père » est une critique qu’il faut se préparer à entendre. Il est important de ne pas cacher à l’enfant l’origine de sa naissance. Un père assumant pleinement ses choix, ayant vaincu ses problèmes vis-à-vis de sa fierté et évacué tout sentiment de honte sera à même de faire parler son autorité et de se positionner en père incontestable.
L’important pour le père est de ne pas oublier qu’à l’image des femmes, « on ne naît pas père, on le devient ». Les moments d’intimité priment forcément sur une quelconque réalité génétique, et ne pas être le père biologique n’empêche pas d’être un bon père, un père tout court.
Il faut laisser le temps au temps : si les cheveux du petit garçon ne seront jamais les même que ceux de papa, il y’a de grande chance qu’il hérite, par apprentissage, de ses colères mémorables, de son sens de l’humour dramatique ou de ses regards charmeurs. En le voyant ramener des jeunes filles dans sa chambre, en cachette, comme il le faisait à son âge, le père, biologique ou non, n’aura qu’une idée en tête : « tel père, tel fils ! ».
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