« Rien n’est joué avant 125 ans », a coutume de dire l’éminent pédopsychiatre Marcel Rufo, autrement dit « tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir d’évolution positive ». Néanmoins, comme nous le rappelle Michel Botbol, pédopsychiatre à Paris, l’enfant développe les bases de ses capacités imaginaires et psychologiques principalement entre 0 et 3 ans. Ces fondements lui permettront ensuite d’entrer en relation avec plus ou moins de facilité avec les autres qui l’entourent.
L’homme est un être social par nature. Tout au long de sa vie, il apprend à se nourrir des autres tout en s’en différenciant. Les bases de cette interaction se développent essentiellement entre 0 et 3 ans. Mais comment le tout-petit construit-il son individualité ? Comment façonne-il sa pensée ? Comment, alors qu’il n’était à l’origine « qu’un morceau de sa mère », devient-il une personne ?
A partir de besoins instinctifs comme manger, l’enfant découvre qu’il n’est pas seul au monde. Par exemple, lorsque son corps souffre de la faim il émet des signes que sa mère interprète pour répondre à son besoin. « Ainsi, le bébé découvre dans les premiers jours de sa vie qu’il est un individu à part entière tout à la fois distinct et dépendant de cette mère qui lui apporte le bonheur, explique le Docteur Michel Botbol, pédopsychiatre à Paris et secrétaire général de l’association française de psychiatrie (AFP).
Dans un deuxième temps, il va devoir apprendre à se passer de cet être, de cette addiction. C’est alors qu’apparaît une chose extraordinaire : la pensé ! » En fait, lorsque la mère s’absente l’enfant n’a pas d’autre choix que de remplacer cet être, il doit répondre à son angoisse de solitude. Comment ? En imaginant la présence de l’autre, plus précisément en retrouvant les sensations que maman procure quand elle est là, comme par exemple en suçant son pouce pour retrouver les perceptions du biberon. Ou en s’attachant à un doudou, objet transitionnel qui rappelle toute la douceur de maman et de papa. C’est ainsi que bébé s’éveille peu à peu.
Vient alors une question compliquée : alors que l’enfant vit une relation fusionnelle avec sa mère dont il arrive à se passer par la pensée, il découvre que cette relation n’est pas sans contrainte. Il s’aperçoit que pour faire plaisir à sa mère et pour maintenir cette relation établie il doit par exemple apprendre à être propre. La société et ses règles s’immiscent doucement dans sa vie.
L’autre, c’est d’abord le père, ou du moins celui que la mère considère avec une attention particulière liée à sa sexualité et à sa position féminine. Pendant son éveil, bébé comprend petit à petit dans les premiers mois de sa vie qu’il n’est pas seul, pis qu’il a un rival. « C’est ce que Freud a appelé le complexe d’Œdipe, précise Michel Botbol. La petite fille comprend que le garçon est différent, qu’il a ce pénis qu’elle n’a pas mais qu’elle espère bien avoir un jour parce que, d’après elle, cette différence est valorisée par la mère. Le petit garçon quant à lui s’aperçoit qu’il a un pénis comme papa, mais que ce papa est un rival trop dangereux pour s’y attaquer. Il se promet qu’il aura sa revanche à plus tard, à quand il sera quand. En attendant, il se soumet en « refoulant » ces désirs devenus inquiétants pour lui. Garçons et filles reportent donc leur réalisation sexuelle. A 3/4 ans, ils entrent dans une période de « latence », une sorte de tunnel du point de vue des préoccupations sexuelles, qui va durer jusqu’à la puberté et les laisser disponible pour réaliser les plus grands apprentissages de leur vie, la lecture et l’écriture par exemple. »
Et c’est ainsi que les enfants posent les bases de leur développement psychologique. En termes d’éducation, il n’existe pas de vérité absolue. Aucun conseil ne pourrait véritablement servir aux parents qui veulent bien faire si ce n’est de vivre comme ils l’entendent et de s’interroger lorsqu’ils constatent un retard de développement ou bien encore s’ils notent l’installation ou la répétition d’un problème quelconque. « S’il faut vraiment poser des repères, je dirais qu’à 3 ans, un enfant doit savoir sourire, manger et boire, il doit savoir ou être en train d’apprendre à devenir propre, il doit vivre une relation non tyrannique avec ses deux parents et doit être en mesure de reconnaître l’autre, » conclue le spécialiste. Pour le reste, chaque individu ne peut-il pas grandir et évoluer à son rythme ?
Le pédopsychiatre est un médecin. Il a suivi des études de médecine puis une spécialisation en psychiatrie. Il a ensuite suivi un enseignement supplémentaire destiné à connaître plus particulièrement les problèmes des enfants. Il peut intervenir sur simple demande des parents en cas de troubles du langage, d’hyperactivité, de troubles obsessionnels compulsifs, d’autisme ou « de tout autre difficulté qui s’installe dans le temps et j’insiste sur cette notion de temps, indique Michel Botbol, pédopsychiatre à Paris. Si un enfant mange ou dort mal pendant quelques jours, inutile de s’inquiéter. Il faut consulter si le problème dure plusieurs semaines, voire plusieurs mois. »
Concrètement le spécialiste exerce soit en secteur privé (cabinet), soit en secteur public (hôpital), soit en secteur associatif. Au cours des consultations, il discute avec l’enfant en utilisant parfois un médiateur comme par exemple des dessins, des jouets, de la musique…Une fois le problème identifié il peut y répondre par la parole ou délivrer des médicaments.
Parmi tous les apprentissages du tout-petit, il est en un particulièrement crucial : celui du langage. En effet, de cet apprentissage dépend ensuite la construction de la pensée, de l’écriture et de la lecture. L’enfant commence à produire des sons au hasard à partir de 2/3 mois. Il babille jusqu’à 7/8 mois avant de répéter quelques syllabes faciles comme
« papapa ». Vers 10/12 mois, il prononce ses premiers mots tout en emmagasinant une grande quantité de vocabulaire.
Entre 24 et 36 mois, il intègre quelques règles de grammaire, différencie féminin et masculin, singulier et pluriel…Pour le guider dans cette aventure, il est important de répondre à ses imitations et vocalises, de lui parler avec des mots justes afin qu’il comprenne le monde qui l’entoure et qu’il donne un sens à ce qu’il vit. Même si les phrases adressées au bébé sont inévitablement plus simples, plus courtes et plus chantantes que celles prononcées à un plus grand, elles sont autant d’exemples qui lui serviront à construire techniquement son langage. Mais ce n’est pas tout, « le plaisir partagé, les sens comme le regard sont aussi essentiels au bon développement du langage oral, ajoute l’orthophoniste Cécile Ermann. Il suffit de voir avec quelle intensité un jeune bébé regarde le visage de son interlocuteur : il associe les sons qu’il entend avec le mouvement des lèvres qu’il voit.» D’où l’importance d’activer les sens du tout-petit pour l’accompagner dans ses découvertes.
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