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Choisir le sexe de son enfant: mythes et légendes

L’alimentation de la femme, les positions sexuelles, le tri des embryons, autant de méthodes pour faire des filles ou des garçons qui soulignent notre persistance à vouloir maîtriser le mystère de la vie. Une tentative qui se conjugue bien souvent avec la folle ambition de quelques savants de trouver LA méthode. Visite d’un cabinet de curiosités qui ne manque pas de sel !

Le temps des potions

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Le professeur Jacques Milliez, patron du service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Saint-Antoine, écrivait dans un rapport publié en novembre 2006 intitulé « Choisir le sexe de son enfant », que « historiquement, culturellement, les conseils et les manœuvres propitiatoires se sont surtout orientés vers la conception d’un garçon.

Les Grecs croyaient que les garçons trouvaient leur source dans le testicule droit et ils recommandaient soit de lier le gauche, soit même carrément de l’amputer. Si la potion semblait trop radicale on pouvait aussi avoir des rapports par temps sec, ou par vent du nord, ou par nuit de pleine lune, ou encore après une récolte abondante.

Les chances augmentaient si l’homme portait des bottes au lit, s’il se faisait accompagner d’une hache dans la couche nuptiale, s’il se saoulait, s’il suspendait ses hauts de chausses à la colonne de lit du côté droit, s’il mordait l’oreille droite de l’épousée »… L’homme a toujours cherché à faire des relations de causes à effet pour expliquer des choses qu’il ne comprenait pas. Donnez-lui un laboratoire et des éprouvettes, il en fait un commerce.

La méthode Shettles

En 1964, l’Américain Shettles émet l’hypothèse que la différence de poids entre les spermatozoïdes sont liées à leur genre : ainsi, les spermatozoïdes les plus lourds et d’une durée de vie plus longue seraient des X (féminins) et les plus légers, rapides mais fragiles, des Y (masculins). Il estime aussi que le PH vaginal joue un rôle : plus acide = fille, plus alcalin = garçon. Enfin, pour lui, tout dépend du moment de l’ovulation. Au final, pour faire des garçons, il préconise une abstinence sexuelle complète à partir des règles jusqu’au jour de l’ovulation ou au moins 7 jours avant ; un rapport sexuel au moment de l’ovulation précédé d’une douche vaginale alcaline; un orgasme de la femme simultané ou précédant celui de l’homme ; une pénétration vaginale par l’arrière pour favoriser le dépôt du sperme au contact du col de l’utérus et une pénétration particulièrement profonde au moment de l’orgasme. A l’inverse, pour faire une fille, il recommande une activité sexuelle normale jusqu’à deux ou trois jours avant l’ovulation, avec chaque fois une douche vaginale acide, pas d’orgasme chez la femme, une position de pénétration classique et une pénétration pénienne peu profonde au moment de l’orgasme. « En 1972, on a mis au point la technique qui permet d’identifier avec certitude les X et les Y. On s’est alors aperçu qu’il n’y a pas de différence significative entre les spermatozoïdes féminins et masculins. Restait à établir avec certitude le moment de l’ovulation : trois essais cliniques entre 2002 et 2005 ont démontré qu’il n’y avait aucune différence entre les sexes des enfants quelque soit le délai qui sépare le rapport sexuel de la date d’ovulation », rapporte le docteur Papa (voir plus bas).

La méthode Selnas (Sélection Naturelle du Sexe)

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Mise au point en 1985 par le docteur français Patrick Schoun, cette méthode est basée sur l’idée que l’ovule présenterait une charge électrique variable dans le temps qui attirerait plutôt les spermatozoïdes X (positive), Y (négative) ou les deux (charge neutre). Ainsi des laboratoires, moyennant finances, déterminent quand faire des filles dans l’année (environ 70 jours) ou des garçons (pareil). Les 225 autres jours, l’ovule serait neutre.

Rappel

Un ovule ne contient que le chromosome féminin (X), alors qu’un spermatozoïde contient soit le chromosome féminin (X), soit le masculin (Y). La rencontre de l’ovule et d’un spermatozoïde X produira une fille, tandis que la rencontre avec un Y produira un garçon. Les hommes produisent autant de spermatozoïdes X et Y.

La méthode Ericsson

Conçue aux Etats-Unis, elle consiste à filtrer le sperme sur trois couches d’albumine pour recueillir les spermatozoïdes porteurs du chromosome Y. Selon son inventeur, la méthode Ericsson serait efficace dans 81 % des cas pour les garçons, et 74 % des cas pour les filles. Or, outre le fait qu’il est très compliqué d’obtenir de l’albumine humaine stérile, « on s’est aperçu il y a 20 ans que les inséminations avec ce sperme enrichi en Y n’était pas fiables », assurent le docteur Papa et le docteur Georges David, fondateur des CECOS. Un article de « Science Actualité » de 2004, intitulé « XX ou XY, le grand tri, c’est parti ? » rapporte en Angleterre, la méthode Ericsson coûte aux alentours de 650 euros et qu’elle est pratiquée par une quarantaine de cliniques dans le monde : « des résultats qui laissent sceptiques bon nombre de scientifiques. Dans un rapport commandé en 2002 par le gouvernement britannique, The Human Fertilisation and Embryology Authority (HFEA) – une instance gouvernementale de régulation – met en doute l’efficacité de la méthode Ericsson ».

La méthode MicroSort

Commercialisée aux Etats-Unis par le Genetics and IVF Institute, cette méthode repose sur un tri des spermatozoïdes X et Y par la technique de la cytométrie en flux. Le sperme enrichi en X ou en Y étant ensuite inséminé dans le ventre de la femme ou fertilisé in vitro. « La cytométrie en flux marche, elle est très utilisée sur les animaux, notamment les bovins, au Colorado et en Australie », indique Michèle Magistrini, chercheuse à l’INRA, mais il n’est pas prouvé qu’elle soit sans risque chez l’homme ».

Le labo qui l’a inventé annonce un taux de réussite de 91% pour les filles et de 76% pour les garçons. L’HFEA, dans le même rapport cité plus haut, souligne aussi l’absence d’études à long terme des risques associés à la technique MicroSort. « Une réserve déjà émise en 1997 par certains chercheurs du Comité consultatif de Bioéthique de Belgique évoquant le recours à des substances potentiellement mutagènes, telles que le fluorochrome et les rayons lasers, susceptibles d’endommager le matériel chromosomique des spermatozoïdes », peut-on lire dans Science Actualités. La méthode MicroSort, qui promeut le choix du sexe pour convenance personnelle, est interdite en France.

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