En cette Journée de la Femme, les sages-femmes, professionnelles de la naissance, proches des femmes, mettent en garde contre toute décision hâtive concernant la grossesse pour autrui (GPA) : la GPA loin de représenter une avancée en termes de droit des femmes, privilégie le droit à l’enfant aux dépens des droits de l’enfant. Une position qui rejoint les réticences de Sylviane Agacinski exprimée dans Côté Mômes en 2009.
En matière de grossesse pour autrui, depuis bien des années, nous pensons aux parents, à la faisabilité médicale de ces grossesses d’un nouveau genre, mais quid de l’enfant ?
L’enfant n’a pas son mot à dire : il est devenu pur objet de désir.
Il semblerait que l’argumentation en faveur de la GPA ait entraîné un glissement, imperceptiblement, du désir d’enfant au droit à l’enfant, oubliant en chemin les droits de l’enfant.
L’enfant objet de désir, appartient à l’imaginaire d’une vie réussie, et la plupart des couples aspirent à cette image traditionnelle de la famille. Lorsque, par une inégalité de sort imparable, une grossesse physiologique n’est pas possible, ils se tournent tout naturellement vers la science pour remédier à ce qu’ils vivent comme une injustice, et vers le législateur pour autoriser certains recours, comme la GPA.
C’est au nom de la compassion envers ces couples, au nom, sans doute aussi, d’une illusoire égalité des chances, que médecins et politiques considèrent leur requête avec compassion, quand il faudrait se donner le temps de la réflexion. Au nom d’un imaginaire normatif de la famille et d’une vision positiviste du monde, ils ont choisi d’emblée de répondre à la détresse de ces couples par la science plutôt que par des moyens humains, en favorisant, par exemple, les solutions offertes par l’adoption.
La grossesse pour autrui implique de nombreuses personnes : le couple qui souhaite avoir un enfant ; sa famille, avec parfois déjà des enfants, entraînés malgré eux dans l’aventure de cette « drôle de fratrie » ; la « gestante », ses proches, ses parents, son compagnon, ses enfants… Sans compter les relations plus éloignées, mais qui comptent néanmoins, comme le milieu professionnel.
Deux situations sont envisageables : soit la gestante est consciente du fait que l’enfant qu’elle porte n’est finalement pas le sien, elle peut alors être tout à fait détachée de la grossesse, et complètement désinvestie de cette maternité, voire focalisée sur l’indemnité qu’elle va toucher. Dans cette situation, c’est le fœtus qui paie le prix fort, en débutant sa vie, privé des liens affectifs qui se tissent habituellement in utero.
Soit la gestante vit sa grossesse de manière altruiste et s’attache au fœtus qu’elle porte. Elle est alors confrontée à une demande paradoxale : porter un enfant sans trop aimer cet enfant à venir. Et dans cette tension entre sentiments, les risques psychiques courus par la gestante sont importants, plus importants que pour l’enfant à naître.
Quelles souffrances psychiques en cas d’anomalies du foetus, voire d’interruption médicale de grossesse ?
Même si la GPA est contractualisée, la gestante qui choisit de « prêter » son utérus, ne pourra pas, sans souffrance, interrompre la grossesse, que cette décision lui appartienne ou qu’elle relève du couple d’intention, pour un enfant porteur d’une malformation. Comment accompagner ces moments difficiles, voire gérer les conflits ?
Que se passera-t-il en cas d’accouchement prématuré ?
Devant un accouchement très prématuré, comment les uns et les autres réagiront-ils ?
Comment prendre en compte le risque inhérent à toute grossesse ?
Comment faire en sorte que la gestante prenne conscience des risques qu’elle encourt, comme dans toute grossesse ? Des risques assumés dans le cas d’une grossesse physiologique classique mais beaucoup moins évidents à prendre lorsqu’il s’agit de la « fabrication » d’un enfant pour autrui. Ces risques posent des questions éthiques sur lesquelles il est bien difficile de légiférer.
Comment éviter les dérapages financiers ?
La GPA implique une indemnisation difficile à évaluer pour le recours au corps d’autrui (en contrepartie des frais médicaux, du retentissement sur la vie professionnelle, etc.). De fait, même si elle est légalement encadrée, elle risque fort de devenir un moyen de subsistance. La dignité des femmes et leur libre-arbitre est parfois bien mis à mal quand elles se débattent dans la précarité.
Comment éviter enfin les dérapages sociétaux ?
Aujourd’hui, la GPA concerne les indications médicales d’infertilité (absence d’utérus, hystérectomie avec conservation des ovaires). Mais comment être sûr que, s’appuyant sur cette première autorisation, de nouvelles revendications ne vont pas voir le jour : GPA dans le cadre de l’homoparentalité, GPA post-mortem voire GPA de convenance pour des femmes qui souhaiteraient se soustraire à la grossesse. En légiférant en faveur de la GPA, il semble que l’on ouvre la porte à la banalisation d’un geste qui ne devrait être que de l’ordre du dernier recours.
Avant que ne soit ouverte la boîte de Pandore, les sages-femmes du Collège National des Sages Femmes souhaitent un débat de fond, qui intègre toutes les questions relatives à la GPA évoquées ci-dessus, mais aussi une réflexion approfondie sur la société de demain : si les repères structurels changent : quels types de liens mettons-nous en place ? Quelles valeurs devons-nous cultiver ?
Autant d’arguments qui motivent les mises en garde du Collège National des Sages-Femmes contre la GPA.
Sources : Communiqué du CNSF
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