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Un autre regard sur la dyslexie

L’OMS définit la dyslexie comme une difficulté durable d’apprentissage de la lecture et d’acquisition de son automatisme chez des enfants intelligents, normalement scolarisés et indemnes de troubles sensoriels ou psychologiques préexistants. En bref, des enfants dont aucune cause apparente ne vient justifier les difficultés qu’ils rencontrent à lire. Cette approche fait de la dyslexie une pathologie ou un handicap. Et si les dyslexiques avaient quelque chose en plus et non en moins ? Et si les dyslexiques étaient simplement des lecteurs contrariés…

La dyslexie n’a cessé d’être approchée par différents courants qui tentent chacun d’en expliquer les causes. Linguistes, psychologues, pédagogues, orthophonistes, neurologues… chacun lui trouve dans son domaine une ou plusieurs explications, ouvrant la porte à un vaste champ de méthodes de rééducation, toutes aussi controversées les unes que les autres.

Néanmoins, la plupart des spécialistes parviennent à s’accorder sur deux points. D’abord, guérir la dyslexie n’est pas possible. Il faut la rééduquer, la corriger…. en bref, apprendre à vivre avec. D’autre part, la souffrance des enfants concernés, exclus du monde de l’écrit mais surtout, mis à l’écart du système éducatif, est réelle. Tout comme celle de leur famille.

Dans un paysage aussi sombre, une orthophoniste, Béatrice Sauvageot, s’appuyant sur les travaux du neurologue Jean Metellus, a mis en œuvre une méthode positive pour aider les dyslexiques à vivre avec leur dyslexie. Son postulat : les dyslexiques ne dysfonctionnent pas mais fonctionnent autrement. Ils subissent la même incompréhension que les gauchers auparavant.

L’interview

Béatrice Sauvageot obtient en 1992 un prix de la Fondation de France (fondation Salavin Fournier) pour ses recherches et fonde avec Jean Métellus l’association Puissance Dys afin de promouvoir son travail de recherches dans le domaine de la pédagogie et de la thérapie de la dyslexie.

Son travail se développe au sein de diverses structures : cabinet libéral, projets pilotes au sein d’établissements publics et privés, projets d’insertion et de réinsertion professionnelle, établissement pénitentiaire, hôpitaux, universités.

Elle participe à de nombreux colloques et fait connaître son approche grâce aux médias (télévision, radios, presse). Elle diffuse ses méthodes pédagogiques en France et à l’étranger.

Diagnostiquer la dyslexie

 

Côté Mômes : Comment diagnostique-t-on une dyslexie ?

Béatrice Sauvageot : S’il faut dire la vérité, il n’y a aucun bilan officiel en France. On peut donc, sans aucun contrôle, en faisant une dictée ou un test de son cru, décider qu’on est face à un enfant dyslexique alors qu’il n’y a aucun protocole officiel pour le déterminer. Les orthophonistes ont donc toute latitude pour détecter et décider qu’un enfant est dyslexique. Il en est de même pour la détection en hôpital. Depuis 1994, des circulaires existent pour que les enfants dyslexiques soient tranquilles à l’école mais rien n’est appliqué. Bien des parents et des enseignants l’ignorent. Tout le monde est hors la loi sur la question, pourtant les textes sont à disposition des familles et des écoles dans les académies et les circonscriptions. Pour l’heure, on préfère adresser les parents à la maison du handicap et se décharger du problème sur leurs initiatives individuelles.

C.M. : Comment expliquez-vous cela ?

B.S. : La France est le seul pays qui rembourse la prise en charge de la dyslexie du CP à la terminale, sans contrôle. C’est donc le pays où on n’a aucun intérêt à ce qu’il y ait une rééducation efficace. Cela se résume à bénéficier d’un soutien scolaire remboursé par la sécurité sociale. Ce qui arrange tout le monde.

C.M. : Forte de votre expérience de plus de vingt ans à côtoyer la dyslexie, que savez-vous d’elle ?

B.S. : Mon diagnostic est empirique, il ne se base que sur l’expérience. Au bout de 20 ans, je reconnais mieux la dyslexie à ses signes qu’en pratiquant une batterie de tests qui donnent l’illusion d’une pratique rigoureuse et scientifique mais qui n’ont aucun statut officiel.

C.M. : Quels sont les signes qui caractérisent le mieux un cas de dyslexie selon vous ?

B.S. : Ce sont des enfants qui ont du mal à lire et à écrire mais qui ont plein de qualités d’observation, d’intuition, qui bougent beaucoup, qui semblent « dans la lune »… ils voient en 3D et sont très à l’aise avec le langage oral. Par contre, au moment de commencer à apprendre à lire, ils ne coupent pas les mots au bon endroit, n’arrivent pas à déchiffrer ce qu’ils lisent, mais sans systématisme. C’est un peu comme un étranger qui apprendrait une autre langue. Il n’en a pas les codes. L’enfant dyslexique ne fait jamais les mêmes erreurs et chacune de ses erreurs est une erreur intelligente. Par exemple, il va dire « je vais chez le coiffeur » alors qu’il y a écrit « il a coupé un cheveu ». Il ne lit pas ce qu’il y a écrit mais il le comprend. La tentation de l’adulte est souvent de le reprendre alors que si on laissait l’erreur s’installer, il parviendrait à se corriger. Le problème de la lecture et de l’écriture c’est que c’est la seule discipline dans les apprentissages humains où on ne laisse pas l’enfant se construire par l’erreur. Quand on apprend à parler, on passe par toutes les erreurs possibles avant d’y arriver et on trouve même ça mignon. Mais dès qu’il s’agit d’apprendre à lire et écrire on sanctionne l’erreur tout de suite en ramenant l’enfant à la norme.

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Traiter la dyslexie autrement

 

C.M. : Vous avez élaboré une approche positive de la dyslexie. Vous pensez que les enfants dyslexiques ont une approche du langage différente de la nôtre alors que nous avons tendance à les considérer comme des malades. En quoi consiste votre approche ? Comment parvenez-vous à endiguer le risque d’échec scolaire qui est souvent le sort des enfants dyslexiques ?

B.S. : J’ai monté mon école grâce à l’Education nationale et aux hôpitaux de l’assistance publique. Elle a donc été soutenue par l’Etat. On sait aujourd’hui que rééduquer la dyslexie c’est la plus grande aberration de l’histoire. Au-delà d’une méthode, je voudrais qu’on arrête de les rééduquer. On a découvert avec un groupe de neurologues et de linguistes que la dyslexie (que je préfère appeler la bilexie) est en fait une langue neurologique. Elle répond à une grammaire et une orthographe précise qui n’a pas d’exception. Mon travail consiste donc à leur apprendre à manier cette langue neurologique, à la comprendre et à l’adapter ensuite à la langue normée. On apprend à l’enfant à passer du langage « dyslexique » au langage classique avec aisance, jusqu’à ce qu’il comprenne que quand il a besoin de prendre des cours ou de travailler, il écrit avec des fautes parce qu’il écrit dans « sa langue », ce qui est bien meilleur pour sa mémoire qu’un texte plat, et, en revanche, quand il est contrôle ou lorsqu’il doit communiquer avec les autres, il doit traduire et ne plus faire de fautes. Je l’aide à devenir « bilingue ». Le passage du langage normé au langage dyslexique devient plus facile pour lui dès lors qu’on respecte sa spécificité.

C.M. : Vous préférez le terme de bilexie à celui de dyslexie… pouvez-vous m’en dire plus ?

B.S. : Le terme de dyslexie fait état d’un dysfonctionnement, d’une anomalie. Bilexie met en évidence l’existence d’une forme de bilinguisme. Cette langue est reconnaissable et elle fonctionne de manière troublante. Dans un atelier autour de la fête des mères, un enfant avait écrit« cho da namin ». Pour n’importe qui, moi la première, ce texte est incompréhensible. Mais dans mon atelier, 18 enfants dyslexiques sur 20 lisaient immédiatement « je t’aime maman ! » Cet exemple met en évidence que c’est un langage qu’ils ont en commun, qu’il a ses règles et ses codes.

C.M. : Est-ce que votre démarche est facile à transposer dans les écoles ?

B.S. : Je mets en place ma méthode depuis plus de 10 ans dans les écoles. Les outils qu’on a sont simples à mettre en place. Ils n’exigent pas de moyens supplémentaires. Et ce qu’on fait pour les dyslexiques dans une classe est aussi bénéfique pour les autres enfants. Je pense que la classe est le meilleur endroit pour régler les problèmes de dyslexie. Nos outils sont adaptables à la norme de la classe et plutôt amusants et ludiques.

C.M. : Si vous deviez donner quelques conseils aux parents d’enfants dyslexiques ?

B.S. : D’abord ne pas passer un temps fou à corriger les cahiers des enfants. Laissez-les faire des fautes dans leurs cours et leurs exercices et ne demandez un respect de la norme que dans les contrôles. Ne pas passer par le code écrit pour qu’il retienne un mot. Tout faire à l’oral, en bougeant. Ne pas ranger leur chambre car ce qui semble un chaos pour vous est en fait essentiel pour son rapport au temps. Passez par le jeu et l’absurde pour apprendre des leçons. Faire dire une leçon en obligeant l’enfant à corriger de fausses erreurs plutôt que de lui faire réciter par cœur. Il faut en finir avec le psychodrame que représentent les devoirs pour les parents d’enfants dyslexiques.

C.M : Interrogée sur le site psychologies.com en mai 2010, Claude Halmos se demandait si la dyslexie existe vraiment ? Elle semblait penser qu’on voyait des dyslexiques partout pour expliquer les difficultés d’apprentissage et concluait en préconisant de traiter les dyslexiques par la psychanalyse plutôt que l’orthophonie en délivrant ce diagnostic : « ce qu’on appelle aujourd’hui la dyslexie n’est pour moi qu’un symptôme du mal être de l’enfant. » Que vous inspirent ses propos ?

B.S. : Elle a raison si on continue de penser que la dyslexie est un trouble. Si on continue à les rééduquer, ils sont mieux chez un psychanalyste que chez un orthophoniste. Mais elle ne reconnait pas dans ses propos la réalité de la dyslexie. En Angleterre, au Canada, dans les pays de l’Est on a déjà tiré les conséquences de nos découvertes… en France, non ! Si je n’avais pas eu un prix de la fondation de France, on m’aurait massacrée. Il y a trop d’argent en jeu. Ma démarche ne coûte rien et permet de résoudre le problème assez vite. Quand on dit aux enseignants que ce n’est pas une maladie, qu’il n’y a rien d’autre à faire que de changer de point de vue, on leur redonne la chance de créer du possible comme pédagogues. Aux parents, on leur apprend à regarder leur enfant autrement et à comprendre leur spécificité.

Troubles « dys » de l’enfance : un guide ressource pour les parents

Dyslexie, dysphasie, dyspraxie, dysorthographie… ces troubles cognitifs chez l’enfant affectent ses apprentissages et entrainent souvent des situations d’échec scolaire. C’est pourquoi l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) publie un guide pour les parents d’enfants atteints d’un trouble « dys » et qui ont besoin d’aménagements individualisés dans leur scolarité et leur vie sociale. Ce guide permet aux parents de mieux connaître les différentes étapes de prise en charge de leur enfant, le déroulement de sa scolarité et les adaptations ou aménagements qui pourront être proposés si besoin. Il présente les professionnels et les structures compétents, les aides existantes et la prise en charge financière de l’accompagnement nécessaire.

Diffusé à 150.000 exemplaires, ce guide est également téléchargeable gratuitement sur le site de l’Inpes : www.inpes.sante.fr

Des outils en ligne

Vistadys offrent aux dyslexiques et dysorthographiques enfants, adolescents et adultes les moyens d’établir ou de rétablir les bases de la lecture et de l’écriture qu’ils n’ont pu acquérir correctement. Ils sont construits à partir de la méthode mise en place depuis une vingtaine d’année par Béatrice Sauvageot. Les exercices ludiques sont destinés à être fait de manière autonome.

La méthode « en ligne » de Béatrice Sauvageot demande une pratique régulière de 15 minutes 4 à 5 fois par semaine durant 6 mois environ jusqu’à l’obtention de résultats visibles (dans le domaine scolaire notamment), puis de doser la pratique selon les besoins.

Elle peut être associée ou non à un ou plusieurs stages se déroulant à Paris.

Les jeux ont été conçus en fonction des qualités de perception propres aux dyslexiques :

– une vision globale

– une audition mélodique de la langue et des lettres

Le site : www.vistadys.fr

La dyspraxie visuo spatiale : dyslexie chez les enfants !

Autant le dire, les troubles de l’apprentissage sont de vrais fléaux. Raison pour laquelle il est bon de valoriser l’appréhension de la dyslexie. Rappelons, après tout, qu’il s’agit d’un trouble et non d’une maladie à proprement dire. Vous n’avez donc aucunement à craindre la santé de l’enfant tant au niveau mental qu’au niveau physique.

Clairement, la dyspraxie visuo spatiale est un trouble dyslexique concernant le développement de l’enfant. Il s’agit d’un trouble qui agit sur la notion d’espace de l’enfant. Résultat, l’enfant ne se sent aucunement à l’aise ni dans son environnement ni avec ses propres gestes.

Encore une fois, ce trouble dys n’est aucunement une maladie. Il s’agit plutôt d’un mauvais fonctionnement au niveau des yeux. Ce sont les globes oculaires ainsi que le traitement de l’information visuel qui sont en cause ici. Le véritable problème avec ce trouble étant le diagnostic qui se fait souvent assez tard.

Dans tous les cas, il est bon de savoir reconnaître les symptômes de la dyspraxie visuo spatiale. Cela va permettre une prise en charge rapide. Après tout, étant donné qu’il ne s’agit pas d’une maladie, elle ne se traite pas. Cependant, il y a bien des moyens adaptés pour mieux appréhender l’enfant souffrant de ce trouble.


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