Alors que les chiffres officiels montrent une montée en puissance des allergies impressionnante ces dernières années, tandis que la recherche progresse dans le même temps, la prise en charge de cette hyper sensibilité, qui peut parfois avoir des conséquences graves, semble stagner. Bilan et perspectives à l’heure où le rhume des foins, saison oblige, pointe le bout de son nez.L’asthme, l’eczéma et les rhino-conjonctivites, principales maladies allergiques, étaient rares il y a encore quelques années. Elles posent aujourd’hui un vrai problème de santé publique. En France, plus d’un enfant sur dix est asthmatique et près d’un jeune enfant sur cinq a de l’eczéma. 4 à 8% des enfants d’âge préscolaire souffrent d’allergies alimentaires et 20% de la population globale est gênée par une rhinite allergique.
La fréquence de l’asthme a doublé chez l’enfant en l’espace de 15 ans et sa sévérité croît également. Un phénomène lié d’une part à des facteurs avérés et d’autre part à des facteurs encore hypothétiques. Parmi les certitudes, la pollution – en Europe, les allergies sont plus fréquentes à l’Ouest qu’à l’Est puisque la pollution est plus chimique, (notamment liée à l’automobile) qu’industrielle -, le mode de vie moins rural (le contact avec les animaux de ferme protègerait de certaines allergies), la consommation de tabac chez les mères pendant et après la grossesse, sans oublier les habitudes alimentaires.
En effet, la diversification alimentaire trop précoce chez le nourrisson est l’une des principales causes des allergies alimentaires. Les spécialistes se penchent aussi, sans rien pouvoir prouver de façon formelle pour l’heure, sur l’influence éventuelle de traitements répétés par antibiotiques à large spectre avant l’âge de deux ans, le stress qu’il ne faut pas négliger non plus dans ce domaine ou encore une hygiène très développée, les microbes de la flore intestinale, entre autres de nombreux lactobacilles, semblant protéger contre le développement des maladies allergiques quand l’hygiène est moins bonne… Allez comprendre !
Il existe dans l’allergie un facteur héréditaire. Si les parents présentent tous les deux des manifestations allergiques comme de l’asthme, un eczéma ou une rhinite allergique, le risque pour leurs enfants de développer une allergie est de 60%. S’il s’agit de l’un des deux, ce risque diminue de moitié.
Cela étant posé, on ne peut en tirer aucune conclusion puisque les allergies surviennent aussi (à 15%) chez des enfants dont les parents ne sont pas allergiques. De plus, les enfants de parents allergiques n’ont pas forcément les mêmes symptômes, ni avec la même gravité.
Comment, dès lors, déceler le risque allergique, pour la contenir dès le plus jeune âge ? Il est avéré en effet que plus tôt l’allergie est prise en charge, mieux elle se maîtrise et plus l’enfant a de chances de vivre comme les autres grâce à un environnement, des comportements et des traitements adaptés Il y a bien, dans certaines maternités, des mesures de prévention où l’on interroge les futurs parents pour détecter un éventuel terrain atopique (allergique) qui leur permettrait d’être attentifs à cette question quant à leur nourrisson. Mais cette démarche reste rare.
D’autre part, tous les médecins et pédiatres n’ont pas forcément le réflexe ni la formation (ou l’information ?) suffisante pour conseiller une consultation en allergologie en cas de rhinites récurrentes ou d’eczéma persistant. Les spécialistes de la question nous ouvrent tout de même les yeux pour reconnaître l’allergie.
Les premières allergies sont souvent cutanées. L’enfant a de l’eczéma (dermatite atopique) et/ou des manifestations digestives. Il faut savoir penser allergie alimentaire devant des réactions immédiates apparaissant au maximum dans les quatre heures qui suivent l’ingestion d’un aliment. En grandissant, ces manifestations disparaissent le plus souvent pour laisser place à des symptômes respiratoires, des toux, des bronchites sifflantes, de l’asthme puis des rhinites… Qui doivent amener à consulter. On admet aussi aujourd’hui, et c’est assez récent, qu’il faut s’en inquiéter chez le très jeune enfant au bout de trois bronchiolites.
Beaucoup de parents pensent que l’allergie est une fatalité contre laquelle on ne peut pas grand-chose, surtout quand elle est familiale. Ils passent par des phases très angoissantes qui dans les cas extrêmes, les amènent à vivre avec leur famille de façon plus ou moins recluse pour éviter au maximum les sources de déclenchement. Beaucoup aussi traitent au coup par coup les symptômes gênants sans explorer le fond.
Rappelons ici que l’allergie n’est pas une maladie en soi mais un terrain propice qui fait que les symptômes, plus ou moins bénins, surviennent en cas de rencontre avec les allergènes. D’où l’importance de la prévention. Et, au-delà des mesures d’hygiène à la maison pour, par exemple, repousser au maximum les acariens ou éviter de fumer, il est indispensable de faire un bilan précis le plus précocement possible avec un allergologue et d’effectuer avec lui, en confiance, un suivi régulier de l’évolution des symptômes. Les spécialistes sont aujourd’hui en mesure d’apporter de vraies solutions pour que l’enfant allergique vive le plus normalement possible.
D’abord en lui apprenant à se connaître, à connaître son environnement aussi, ce qui, outre par des examens médicaux, passe surtout par une « éducation » : reconnaître par exemple les signes annonciateurs d’une crise d’asthme, savoir utiliser les médicaments à bon escient ou encore bien comprendre son traitement.
Du côté de la recherche, il y a bien des raisons d’être optimiste : les désensibilisations se font aujourd’hui avec un nombre beaucoup moins important d’injections, la désensibilisation pour des aliments est en phase de finalisation, de nombreux travaux, très prometteurs, sont en cours pour une désensibilisation à l’arachide (allergie devenu un problème de santé mondial) et les médicaments actuellement disponibles, même s’ils ne sont pas toujours miraculeux, sont plus efficaces. De quoi voir l’avenir sous un jour meilleur et espérer aussi que les crises d’allergie extrêmes, et dans certains cas très rares, hélas fatales, disparaissent à tout jamais.
Pour en savoir plus :
. Les allergies de l’enfant co-écrit par le Dr Alain Bidat, responsable de l’unité d’allergologie et de pneumologie du service de pédiatrie de l’hôpital Ambroise Paré et Christelle
Loigerot, présidente de l’AFPRAL (Association Française pour la Prévention des Allergies) – Editions Milan – collection Du Côté des Parents – 258 pages, 15 €
. Vaincre l’allergie par le Dr Catherine Quéquet, allergologue libérale – Editions Alphen – 95 pages, 9,50 €
. Allergie pédiatrique- Ouvrage collectif résultant du dernier séminaire sur les allergies du CHU de Lyon – Un peu technique mais très au point quant aux dernières évolutions de la recherche- Editions John Libbey Eurotext – 100 pages, 24 € – A commander sur unitheque.com
. www.allergique.org : site très bien fait et dont le rédacteur en chef est allergologue de terrain depuis plus de 25 ans.
. AFPRAL : Association Française pour la Prévention des Allergies – Tél. : 01.48.18.05.84 – www.prevention-allergies.asso.fr
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