L’orthophoniste effectue un travail long, patient et précis pour aider les dyslexiques à renouer avec le langage et donc la vie sociale. Sa parole est d’or ! Trois questions à Cathy Burnel, orthophoniste à Houilles (Yvelines).
Côté Mômes : Qui vous envoie les enfants, leurs parents ou plutôt leurs professeurs ?
Catherine Burnel : La majeure partie du temps, ce sont les professeurs qui nous envoient les enfants mais il y a pas mal de parents qui sont maintenant à l’écoute, qui font attention et qui se rendent compte que quelque chose cloche dans le l’expression de leur enfant. On va dire que la proportion est de 70% école, 30% parents.
CM : Comment se passe une première visite chez l’orthophoniste et comment décelez-vous un éventuel trouble ?
CB : Nous faisons un bilan. Ce qui est important pour nous, c’est de différencier les enfants qui ont besoin d’un soutien scolaire – qui n’est pas notre travail d’orthophonistes – de ceux qui sont pathologiques, c’est-à-dire qui manifestent des troubles du langage écrit. Nous, évitons d’employer les termes dyslexie ou dysorthographie car ils font très peur aux parents. Quand un enfant est en CP, et c’est souvent à ce moment-là que les troubles se repèrent, il commence à apprendre à lire et à écrire. Donc, on teste ce que l’on appelle les pré-requis de la lecture, c’est-à-dire toutes les bases spatiales et temporelles nécessaires pour construire la lecture. Il faut que l’enfant soit fin visuellement et auditivement pour pouvoir discriminer et les lettres et les sons. A partir du CE1, ils lisent et écrivent déjà, alors on les teste sur la lecture et l’orthographe et c’est ainsi que l’on voit éventuellement apparaître des choses anormales : soit des inversions de sons, par exemple pra qui devient par, oin qui devient ion, soit des confusions visuelles, par exemple les b et les d, les pe et les qe qui vont être lus de la même manière, soit des confusions auditives entre les t et d, p et b, dues à une différence de vibration laryngée qu’ils ne perçoivent pas. Parmi les nombreux symptômes que l’on peut repérer, il y a aussi une extrême lenteur parce que certains enfants compensent eux-mêmes leurs difficultés. Tous ces troubles-là, on peut les retrouver à l’écrit. Parfois, ils arrivent à lire mais on retrouve des erreurs massives à l’écrit. Si on a ce type de troubles-là, que c’est dans une certaine proportion, on estime qu’ils sont pathologiques et on les prend en rééducation. En revanche, il peut y avoir momentanément, surtout au début de l’apprentissage de la lecture, des confusions par exemple entre b et d assez fréquentes chez tous les enfants et qui disparaîtront d’elles-mêmes. Parfois, au CP, c’est un peu tôt pour un diagnostic précis. Dans ca cas, nous préférons attendre de revoir l’enfant pour voir comment il évolue. CM : Combien de temps de rééducation faut-il pour constater une amélioration des symptômes ?
CB : C’est vraiment du cas par cas. Dans une dyslexie/dysorthographie simple, en trois mois, on voit des choses bouger même si la rééducation peut être longue. J’ai des enfants qui ont de gros problèmes de discrimination auditive, qui confondent énormément de sons et ça peut prendre de nombreux mois. La rééducation s’arrête quand l’enfant ne fait plus de confusions auditives ou plus de confusions visuelles. En revanche, et nous le disons toujours aux parents, les symptômes peuvent ressurgir de temps en temps, surtout quand les enfants sont fatigués qu’ils font moins attention, quand on est proche des vacances par exemple. Cela dit, si les confusions qui réapparaissent ne sont pas massives, il n’y a aucune raison pour qu’ils reviennent. Ils ont déjà les outils pour se débrouiller. Il peut arriver aussi qu’on rééduque des enfants qui sont en CE1 ou CE2, qu’on ne les revoie plus… Et qui reviennent à l’adolescence.
CM : Ces enfants expriment-ils un malaise psychologique ?
CB : Ils ne le disent pas trop mais nous le sentons et leurs parents aussi. Ils le signifient différemment. Ils sont un peu coincés sur leur chaise, ils ont peur de se tromper, ils me regardent inquiets avant d’écrire la moindre syllabe. Et puis on s’en rend très bien compte parce que quand ils sont pris en charge, souvent, il y a un grand soulagement. Il suffit que le bilan ait été fait, qu’on leur dise qu’on les prend en charge pour que les choses se débloquent. Le simple fait qu’ils se soient entendu dire « j’ai compris de quoi tu souffres, je vais t’aider à surmonter ce problème » les libère parfois alors que la rééducation n’a même pas commencé. Ils se sentent plus légers. L’aspect psychologique est important car les dyslexiques dysorthographiques peuvent développer des sentiments d’échec énormes, de manque de confiance en soi. Parfois, quand l’enfant est dans un tel état d’esprit, il ne s’en sort plus. Il nous arrive alors de demander à ce qu’il soit également suivi par un psychologue pour dénouer des blocages qui peuvent parfois nous empêcher d’être efficaces dans la rééducation.
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