Aller chez le médecin, chez le dentiste ou prendre des médicaments est rarement une partie de plaisir mais chez certains enfants, cela tourne au refus pur et simple et donc au bras de fer avec les parents. Car il faut bien examiner ce petit garçon qui a 40°C de fièvre ! Et par la suite, il faudra bien qu’il prenne son traitement. Une situation qui laisse souvent les parents complètement démunis et très angoissés… ce qui ne facilite pas la résolution du problème.
« Du jour au lendemain, Emma a refusé de se laisser soigner. Sirops, sprays pour le nez, gouttes dans les oreilles sont devenus impossibles à administrer. Elle refusait même le mercurochrome sur ses coudes écorchés ! » se souvient Sarah, la maman de cette petite fille de 8 ans. Le mystère est resté entier pendant des mois jusqu’au jour où Emma a raconté à ses parents un moment difficile vécu à l’infirmerie de l’école. Mais de nombreux parents d’enfants victimes du même blocage cherchent encore la cause de celui-ci.
La peur du médecin et des examens peut trouver son origine très tôt : « avant un an, l’enfant n’a pas de conscience claire de son corps et de ses limites, explique une psychologue de PMI de la région parisienne. Les gestes qui touchent à son enveloppe corporelle en cours d’élaboration sont vécus à la fois comme intrusifs et angoissants. » Par la suite, la nécessité de se déshabiller, de se laisser examiner, palper, peut être considéré par l’enfant comme une intrusion dans son intimité. Enfin, le stress des parents, extrêmement communicatif, peut jouer un rôle important.
« Les enfants vraiment impossibles à examiner sont rares, explique un pédiatre hospitalier. La plupart du temps, avec beaucoup de patience et d’explications, on arrive à obtenir leur coopération. Un grand classique : commencer par ausculter le doudou, cela rassure toujours. Mais il arrive que le bruit des pleurs de l’enfant couvre le bruit de son cœur, par exemple. Ou qu’il gesticule tellement qu’on ne peut pas examiner ses tympans ou sa gorge. » Ce qui ne facilite pas le diagnostic.
« On peut aider l’enfant à se projeter dans l’« après », suggère la psychologue, tout en mettant l’accent sur un aspect positif. Lui dire « le médecin doit t’examiner, je sais que tu n’aimes pas beaucoup mais ça ne dure pas longtemps, ensuite nous irons au square », par exemple. » Du chantage ? Pas du tout : « ce n’est pas « si tu ne te tiens pas bien chez le médecin, nous n’irons pas au square », mais « après la consultation, nous irons au square pour te changer les idées ».
« On a tout essayé, se souvient Sarah, la maman d’Emma : expliquer comment le médicament combat les microbes, agiter la menace de l’hôpital, promettre des bonbons, des vêtements de poupée… Un mur ! » « C’est que jusqu’à six ans, l’enfant vit dans le présent. La phrase « C’est pour ton bien » n’a aucun sens pour lui » explique la psychologue.
Devant ce refus, les parents développent d’innombrables stratégies : certains se convertissent à l’homéopathie, dont les granules peuvent être assimilées à des bonbons. D’autres confient la tâche à une tierce personne : « Pour la grand-mère d’Emma, il n’était pas imaginable que celle-ci refuse son traitement, explique Sarah. Effectivement, chez elle, Emma avalait son sirop sans broncher. »
« Donner un rôle actif à l’enfant peut contourner la difficulté, suggère la psychologue. Par exemple, on peut lui faire choisir le verre dans lequel il va prendre son médicament, ou le jus de fruit qu’il boira après pour en faire passer le goût. Quand l’enfant fait un choix, il est déjà entré dans le processus d’accepter de boire. »
« Les enfants les plus difficiles à soigner sont ceux qui ont déjà eu une mauvaise expérience chez le dentiste, raconte Annie Roos, pédodontiste à Paris. C’est dur de les remettre en confiance. » Si le cabinet chaleureux, l’éclairage doux et la dentiste en tee-shirt plutôt qu’en blouse blanche ne suffisent pas à apaiser les réfractaires, Annie Roos prend le temps de leur parler et de leur expliquer ce qu’elle va faire. « Mais je ne mens jamais. Dire à un enfant que la piqûre ne lui fera pas mal alors qu’on sait bien que ce sera quand même un peu douloureux, c’est le meilleur moyen de le braquer, il se sent trahi et c’est normal. »
« L’enfant est une éponge à émotions, explique la psychologue. Il perçoit très bien l’angoisse de ses parents liée à la maladie. Si, en plus, ceux-ci sont dans la crainte de faire mal ou de déclencher des pleurs, il se sentira en insécurité, ce qui ne peut qu’exacerber son refus. » Mais comment juguler une angoisse bien naturelle ? « Il est capital que les parents soient convaincus du bien-fondé de leur geste. Pour être rassurant, il faut déjà être soi-même rassuré. » Eh oui, accepter que son enfant passe par des moments désagréables fait partie du métier de parent !
Si la consultation est vraiment un calvaire, c’est peut-être le moment pour les parents de s’interroger sur leurs rapport avec le pouvoir médical et la représentation qu’ils ont des médecins. « Si le médecin impose des granulés alors que l’enfant prend plus facilement un sirop, les parents doivent pouvoir s’y opposer, dit la psychologue. Après tout, ce sont eux qui vont donner le médicament ! S’ils ne le font pas, l’enfant perçoit très bien la dissonnance entre les sentiments profonds de ses parents et ce qu’il montre. Or, dissonnance et culpabilité forment un cocktail explosif qui aggrave toutes les manifestations chez l’enfant ! »
Marianne et les médicaments
« Jusqu’à ses 6 ans, Marianne* n’a pas pris d’antibiotiques parce qu’il était impossible de lui faire avaler un médicament sous forme liquide, raconte Clarisse, sa mère. Deux fois, il a fallu avoir recours à des piqûres pour soigner des maladies aussi bénignes qu’une otite et une angine. Selon la pédopsychiatre, c’était de ma faute, je m’y prenais mal. J’ai fini par la mettre au défi de faire prendre un médicament à ma fille et elle n’a pas mieux réussi que moi ! A l’époque, le père de Marianne et moi étions en plein divorce et j’étais très déprimée. Je suis persuadée que ce refus des médicaments était lié au stress de cet
te période. »
Adeline, terrorisée par le blanc
« Dès sa naissance, Adeline a été plongée dans un univers très médicalisé, raconte Florence, sa maman. Elle a passé plusieurs semaines à l’hôpital, a subi de nombreux examens et il a fallu l’opérer deux fois avant ses deux ans. A 4 mois, elle pleurait dès qu’elle voyait quelqu’un vêtu de blanc, qu’il s’agisse de personnel médical ou non. Très vite, il a été impossible de lui faire prendre des médicaments. Elle a même dû être hospitalisée une fois pour recevoir son traitement par perfusion alors qu’elle aurait pu le prendre à la maison ! Aujourd’hui, Adeline a six ans, elle est en bonne santé et ces difficultés ont disparu. Le seul avantage que nous avons retiré de cet enfer, c’est qu’elle ne sort jamais à moitié couverte et se brosse les dents avec beaucoup de sérieux. Elle a bien compris l’intérêt de protéger sa santé ! »
*Tous les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressées.
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