Une revue pour enfant pas neuneu ? On a trouvé. Bombek, c’est plus fondant qu’un marshmallow grillé, plus pétillant qu’un schtroumpf, plus acidulé qu’une fraise tagada.Magazine ? Concentré de blagues ? Objet d’art ? Bible du bon goût ? Bonbek, c’est tout ça, réuni dans une revue hors du commun à découvrir d’urgence. On doit ce beau concept à une bande de graphistes et d’auteurs audacieux, qui n’ont qu’une idée en tête : concocter chaque trimestre une centaine de pages à partager avec les mômes. Au programme, coloriage, dessin, pliage, jeux loufoques, blagues un peu partout… et le tout, en anglais et en français.
La recette du Bonbek
Voilà un magazine que les mômes ne vont pas se contenter de lire dans leur coin. Bonbek, ça se partage. D’accord, il s’adresse aux enfants de cinq à dix ans. Mais il laisse la part belle aux parents. Esthétique avant tout, haut-de-gamme et chic, on n’est pas loin d’avoir le cœur brisé quand les enfants s’en approchent avec leurs feutres… On leur laisse déjà les igloos à découper, les sept erreurs à trouver et tout le coloriage, alors on peut quand même se garder une ou deux blagues. La recette du Bonbek, c’est une grosse dose d’humour, une brochette d’artistes pointus, un peu de blagues pipi-caca, un paquet de jeux farfelus et zéro pub. Bonbek secoue la presse pour enfant, et ça fait du bien.
Créatif. Ici, les ateliers créatifs, c’est pas de la rigolade. On fabrique de vraies œuvres d’art : un masque de pingouin futuriste, une peau d’ours en tricot… et on en profite pour s’initier à l’art contemporain. Dans le dernier numéro spécial « Gla gla », les enfants apprennent tout sur l’accumulation avec les travaux de l’artiste franco-allemand Arman. Ensuite, à eux d’accumuler. « Les chaussures de maman ou les slips de papa, tu vas voir, ils vont adorer… » Photo à l’appui, ils complètent la page avec leur chef-d’œuvre.
Pétillant. Il n’y a qu’à voir la rubrique « Choré ». « Lou et Robinson ont décidé de danser à leur façon sur ‘dancing queen’ du groupe Abba. Demande à tes parents de mettre la musique à fond la caisse, suis la choré et si les voisins montent ronchonner, invite-les à danser. » Ça va swinguer dans les chaumières…
Tordant. Les auteurs de Bonbek ne se prennent pas au sérieux. Ils font dix blagues par phrase, d’ailleurs il y a assez de jeux de mots pour rigoler des heures. Mais surtout, ils s’appliquent à glisser plusieurs niveaux de lecture dans leurs pages : les mômes peuvent bien s’esclaffer en le lisant, on a aussi de quoi pouffer en lisant les jeux de mots potaches et ultra référencés.
Brillant. Bonbek ne donne aucune limite à l’imagination. Dans chaque numéro, un illustrateur propose une série de pages qui forment une histoire… sans mot. C’est aux enfants de se raconter l’histoire.
Bilingue. Tout le magazine est en anglais et en français. De quoi initier nos kids à la langue de Shakespeare, version calembours et devinettes.
D’où vient cet ovni de la presse ?
C’est ce que nous avons voulu découvrir en discutant avec Sophie Cleyet-Marrel, directrice de publication et co-fondatrice de la revue.
« En tant que maman, j’ai ressenti un vrai manque dans ce que proposait la presse jeunesse. J’ai voulu abonner mes enfants à un magazine pour partager quelque chose avec eux. Je me suis rendue compte que si la littérature jeunesse a beaucoup évolué ces dernières années, ce n’est pas le cas de la presse. Depuis trente ans, on voit toujours la même chose en kiosque ! »
Projet en tête, Sophie Cleyet-Marrel s’associe avec Jérôme Berger, chroniqueur gastronomique. Les deux acolytes travaillent pendant deux ans sur le concept de Bonbek. Ils rencontrent instituteurs et personnel pédagogique pour peaufiner leur idée, et sont très vite rejoints par Marie le Bourdonnec, ancienne directrice artistique du magazine Wad. L’idée première était de ne pas chercher à travailler spécifiquement avec des artistes du monde de la jeunesse, mais au contraire de créer un réseau de photographes, d’illustrateurs, de graphistes très pointus, amusés par le défi d’une revue pour enfant. Un an plus tard, le Bonbek premier sort… en librairies. Encore une particularité qui en fait un ovni.
La fraîcheur de la revue ne s’arrête ni à sa maquette ultra chic, ni à son contenu décalé. On est aussi bien loin des clichés fille/garçon. C’est volontaire ? « Absolument ! Bonbek est avant tout mixte. On essaye de ne pas sexuer les rubriques, et de toujours se pencher sur des thèmes aussi bien pour les filles que pour les garçons. » Les filles à la vanille, les garçons au chocolat, très peu pour Bonbek. « C’est dépassé, et ça nous énerve ! »
Il est tellement beau qu’on se demande s’il n’est pas plutôt pour les adultes. Trop pointu, le Bonbek ? « On essaye d’avoir plusieurs niveaux de lecture. Quand on regarde un Pixar, il y a des références que les enfants ne comprennent pas. Et ce n’est pas grave ! Pour nous, c’est pareil. Notre contenu est spécialement conçu pour les enfants, mais il y a toute une trame qui amuse les adultes aussi. L’idée, c’est de le déguster en famille. »