Marie-Laure T, portrait d'un messager

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Elle sait matérialiser les rêves, concrétiser les envies, répondre aux besoins. Elle touche la sensibilité des mamans, maitrise l’univers féerique de l’enfance. Elle adoucit le quotidien, magnifie les relations mères-enfants. Elle créée des petits gages d’amour pour toute la famille, à porter comme des trophées. Et parce que les mots s’envolent mais les écrits restent, elle grave les mots doux dans le métal. Portrait d’une créatrice que rien ne prédestinait…En effet, Marie-Laure T a plutôt été bercée par la mixité, les différentes cultures et comportements humains que par l’univers du bijou. Après une enfance passée en Afrique et une adolescence en Angleterre, des études de sociologie s’imposaient alors d’elles-mêmes. Pourtant, encouragée par son instinct, elle décide de tourner le dos à sa destinée et se lance sur une nouvelle voie. Sur un coup de tête, elle suit alors une formation à l’école de bijouterie des Arts et Métiers de Paris et s’invite, convaincue et convaincante, dans l’univers du bijou. Un choix des plus judicieux puisque très rapidement, ses créations font parler d’elles.

 En 2001, Marie-Laure T fait ses premiers pas dans les salons professionnels de renom de la mode parisienne : Première Classe, Workshop où elle séduit de célèbres enseignes telles que Le Bon Marché, Les Galeries Lafayette et Le Printemps. Un tremplin vers l’international où les créations de Marie-Laure T rencontrent un réel succès. Son nom est aussitôt vendu à New York, Tokyo ou Genève. Savant mélange de bijoux anciens revisités, de créations plus modernes surfant sur l’air du temps, de formes épurées ou au contraire de breloques travaillées, l’univers créatif de Marie-Laure T est exhaustif. Place aux mots…

Côté Mômes : Vos études en sociologie ne vous prédestinaient pas à devenir créatrice, quel à été l’élément déclencheur ?

Marie-Laure T : Ce n’était pas ma voie mais la création m’a donné des armes pour réfléchir sur notre société. J’ai appris à sentir les parfums ambiants, anticiper les tendances, j’ai surtout pu réfléchir aux questions les plus profondes qui traversent notre civilisation car mes bijoux ne sont pas éphémères, je les veux précieux et intimes et en même temps abordables, c’est un défi ! Mais, le vrai élément déclencheur est sans doute mon papa, il  a fait de moi une bricoleuse dans l’âme : à 5 ans, j’avais déjà mon petit établi et « ma » caisse à outils ! L’Afrique aussi, où j’ai grandi avec une fascination toute particulière pour les talismans, la recherche de porte-bonheur, de bijoux qui ont un effet bénéfique sur ceux qui les portent. Enfin, j’ai besoin de créer. Créer pour les autres et conserver mon indépendance. La création de bijoux me permet de faire tout ça à la fois : imaginer, dégourdir mes petits doigts, faire plaisir aux autres et bâtir mon petit monde ! 

CM. Comment vous décririez-vous ? Parlez-nous de votre personnalité, de votre mode de vie, de votre créativité ?

M-LT : Je suis très volontaire, à la fois un petit animal fragile et en même temps une dure à cuire. Je m’astreins à une certaine discipline (footing, yoga). Ça me défoule et me donne une petite carapace car en tant que créateur et entrepreneur, on est doublement exposé. J’essaie d’être moins vulnérable. Sinon, j’aime beaucoup le théâtre et les expos. Ma ville, Paris, que je parcours de long en large à vélo. Les pots et les bonnes bouffes avec mes copines ou mon amoureux ou les deux. J’adore la chaleur, mais je suis devenue une grande fan de la Bretagne où je me réfugie avec mon chéri. J’ai le goût du paradoxe et je suis une grande curieuse. Ma journée type, c’est réveil autour de 7h 30, gymnastique dans le lit. Ça bouscule mon amoureux qui se plaint de mes coups de genoux au réveil. Après : yoga – thé – tartines beurre et confiture sur un pain à tomber, acheté dans une super boulangerie près du Canal Saint-Martin. Je réponds à mes mails et la journée de travail commence véritablement avec l’arrivée de Laurence, ma collaboratrice, puisque mon atelier jouxte mon chez-moi.

Le travail ne manque pas. Préparer les commandes des clients (boutiques physiques et en ligne), répondre aux innombrables coups de fils, aux non moins innombrables mails, organiser la production, préparer les salons… Et se réserver du temps pour créer, réfléchir, dessiner puis sculpter mes cires qui seront fondues dans nos ateliers en province…Quand le soir arrive, je m’échappe, je pars courir dans les rues et le lendemain rebelote… 

CM : Qu’est ce qui vous lève le matin ? Dans quel état d’esprit commencez-vous la journée ?

M-LT : C’est ma tête qui se met en général en route et me réveille. Je pense à tout ce que j’ai à faire et ça m’affole, alors je me rassure avec mes tartines qui m’attendent… 

CM : Vous créez beaucoup de duos maman-enfant. Via vos créations, répondez-vous à un besoin de mère qui souhaite imposer au regard de l’autre ses relations mère-enfant ? Les mères ont-elles besoin de montrer leur appartenance, leur dépendance, leur attachement non plus à un homme mais à leur enfant ?

M-LT : Je ne fais qu’illustrer la force d’une relation qui est unique, la chair de sa chair. Mes duos sont de précieuses parures qui nous rappellent qu’on n’est pas seul mais relié, à sa maman, à son enfant, aux autres. Je crois que ces duos plaisent beaucoup parce qu’ils semblent ramener à l’essentiel, ils rappellent la maternité puisque le bijou de l’enfant est issu du cœur de celui de sa maman, les bijoux se séparent mais restent en relation par les messages inscrits sur chacun… Il n’y a pas d’idée de dépendance ou d’attachement, juste un lien charnel et sentimental fort. Mes bijoux expriment des choses profondes mais tout en légèreté, c’est en tout cas ce que j’ai voulu raconter par ces créations qui plaisent parce qu’elles parlent à tout un chacun.

CM : Vous proposez autre chose que les symboles religieux ou les petits animaux courants comme premiers bijoux d’enfants. Vos bijoux traduisent un message, vous jouez beaucoup avec la subtilité, la libre interprétation ?

M-LT : J’y mets beaucoup de moi-même et je cultive une certaine liberté. Je parle aux enfants et aux mamans à ma façon mais dans une langue que beaucoup ont l’air de comprendre et j’en suis heureuse car c’est un peu de mes valeurs qui circulent. Si j’ai remu&eacute
; un peu les choses c’est avec tendresse et j’espère une certaine délicatesse. J’invente un monde qui se situe entre l’Afrique de mon enfance et le monde occidental féérique dont je suis imprégnée. J’aime que mes bijoux aient ce petit côté magique, bienveillant et je leur crois un certain pouvoir. Mes bijoux sont toujours reliés et se répondent par des petits messages que l’on porte à même la peau, un tatouage chic sur un métal précieux. Ils sont autant de vœux qu’une fée prononce sur le berceau d’un enfant ! 

CM : Au-delà de la création de bijoux, avez-vous d’autres envies, d’autres projets ?

M-LT « Et elle se maria et eut beaucoup d’enfants »… Je ne plaisante qu’à moitié puisque je vais me marier. Je suis donc en pleine création de ma robe ! Sinon, des tas de projets : un voyage au Japon, arpenter les terres irlandaises, dessiner des meubles… et des envies de merveilles bien sûr !

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