Deux ans après avoir adopté la semaine de quatre jours, le gouvernement décide de lancer une réflexion sur le rythme scolaire à adopter… Résultat : un peu d’espérance, et beaucoup de méfiance.
Réforme des rythmes scolaires, c’est reparti pour un tour! Cinq jours, quatre jours, quatre jours et demi, école le mercredi matin, école le samedi matin… A force de remanier la semaine des écoliers à chaque nouvelle rentrée, les règles sont devenues floues et en 2008, 40% des établissements utilisaient des dérogations pour suivre leurs propres emplois du temps. Le ministre de l’Education nationale de passage à ce moment là, Xavier Darcos, décide alors de fixer la semaine à quatre jours pour tout le monde.
Seulement deux ans après, Luc Chatel, son successeur, lance une grande réflexion sur les rythmes scolaires : définie comme « sans tabou », elle doit juger du rythme le plus adapté à l’enfant. La conférence réunira des parents, des enseignants, des chefs d’établissement, mais fera aussi appel à des médecins, des scientifiques et des « spécialistes ». Les élèves eux, ne seront pas consultés.
Les premières conclusions seront émises en mai 2011. Toutefois, elles ne devraient pas bouleverser l’emploi du temps des étudiants avant 2013, les calendriers des trois zones étant déjà fixés pour les trois années à venir.
Travailler plus pour réussir moins
La France est le pays d’Europe où le nombre de jours passés en classe est le moins important : seulement 144 journées, contre 175 en Espagne, 188 en Allemagne ou 190 en Finlande. La cause : les vacances d’été, les plus longues elles aussi, avec deux mois complets.
Et pourtant les petits français travaillent autant, voire même plus que leurs voisins européens : entre 864h et 1033h par an, contre seulement 846 en Angleterre par exemple. Hélas, les résultats ne sont pas là : lors d’un classement réalisé en 2006 par l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), les élèves français se révélaient insuffisants dans les matières scientifiques et dans la compréhension écrite.
La faute a une organisation de la journée jugée néfaste pour les élèves.
Le jour le plus long
Pour compenser une année plus courte, les écoliers français chargent leurs semaines (de 24 à 26h) et surtout leurs journées, de 6 heures en moyenne en classe primaire. A titre de comparaison, la Finlande, grande gagnante du concours de l’OCDE, propose des semaines de 19h et des journées ne dépassant jamais 5h.
D’après l’ensemble des médecins et des chrono biologistes consultés, une journée de 6 heure est une aberration, l’enfant ne pouvantt se concentrer plus de 4h30 dans la journée. De plus, la journée française commence trop tôt, à 8h30, ce qui prive l’enfant de sommeil, un manque irrécupérable au cours de la journée.
D’après ces mêmes scientifiques, les moments d’attention commencent à fléchir dès 15h30 : à quoi bon alors travailler jusqu’à 17h30 ?
Cours le matin, sport l’après midi ?
La semaine de quatre jours, lancée en 2008, avait pour but de répondre aux attentes des parents, soucieux de passer tout le week-end en famille, mais aussi de libérer des heures de cours afin de les consacrer au soutien scolaire. Deux ans après, le bilan est mitigé, avec des élèves plus fatigués et un soutien scolaire désorganisé, qui a entrainé le ministre, un an plus tard, à se déclarer pour le retour de la semaine de quatre jours et demi…
Afin de trancher définitivement, la réflexion sur les rythmes scolaires testera plusieurs pistes, notamment l’expérimentation « Cours le matin, sport l’après-midi ». Elle sera lancée à la rentrée 2010 dans 83 collèges et 41 lycées (7000 élèves concernés). Le principe : des cours de 8h30 à 13h00 et du sport ou des activités culturelles l’après midi. Une façon de redynamiser les élèves et de lutter contre l’absentéisme, fléau de plus en plus présent.
Mais est-il seulement applicable en France ? Les syndicats de professeur, plutôt favorables à la réforme, craignent qu’elle soit tout simplement impossible à généraliser. Les associations de sport scolaire déjà existantes, pilier de ce nouveau dispositif, n’ont pas encore noué de partenariat avec les établissements, et sont de toute façons insuffisantes en nombre. Le recrutement de nouveaux professeurs d’éducation physique n’est pas non plus à l’ordre du jour…
Réforme des rythmes scolaires : en attendant la suite ?
Après tant d’approximation, une nouvelle réforme est aussi attendue que redoutée. Les collectivités locales, responsables des activités parascolaires, ont été refroidies par les dernières mesures mises en place. Les incertitudes sur les demi-journées, travaillées ou non, dédiées au soutien-scolaire ou pas, ont rendu impossible l’organisation d’un calendrier scolaire durable.
Une possibilité déjà évoquée, avec prudence, par Luc Chatel : « Ayons quand même en tête que les grandes vacances que nous connaissons, elles ont été inventées à une période où les petits paysans allaient rentrer à la maison pour faire les moissons ».
Tout en oubliant pas que l’intérêt des enfants, même s’il est prioritaire, n’éclipse pas les intérêts financiers. Le secteur du tourisme voit forcément d’un mauvais œil ces réductions de vacances, et annonce déjà la couleur : si la haute saison est plus courte, les prix seront plus chers. Raison de plus pour réussir ses études…
