Nos enfants ont-ils les bons outils pour apprendre ?

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De nouvelles réformes des programmes scolaires imposent de nouveaux outils pour travailler, manuels revisités et outils numériques qui font leur entrée – discrète – dans les salles de classe. Quatre mois après la rentrée, un bilan des équipements s’impose !

Matériel scolaire : qui a son manuel ?

S’agissant des programmes scolaires, deux réformes d’ampleur sont récemment entrées en vigueur : l’une en primaire en 2008 pour toutes les disciplines, l’autre pour les classes de 6ème en 2009. Pour savoir si nos enfants ont le matériel adéquat pour attaquer la nouvelle année scolaire, le Syndicat National des Editeurs a mené une enquête de détail.

Il en ressort que, fin septembre 2009, 80 % des écoliers du cycle III (CE2, CM1, CM2) n’avaient pas de manuel scolaire conforme aux nouveaux programmes en français et en mathématiques. En histoire, géographie et sciences, le constat est encore plus impressionnant : seuls 10 % des élèves ont un manuel conforme.

Passons maintenant au collège. En français, un tiers des élèves des 6ème, soit 240 000 d’entre eux, ne disposent pas de manuel conforme et, en langues, le retard d’équipement se poursuit : en 3ème, près d’un élève sur deux n’a pas de manuel conforme en anglais tandis qu’en 4ème, un an après la mise en application des nouveaux programmes, c’est encore le cas pour près d’un élève sur 5.

Les manuels scolaires : flou artistique en primaire

Comme à bien d’autres niveaux, la raison fondamentale de cette pénurie d’ouvrages adéquats est le financement. Qui doit payer et avec quel budget ? Les éditeurs pointent du doigt, pour le primaire, la question de l’équité territoriale, faisant référence à un rapport de la Cour des Comptes datant de décembre 2008 qui souligne que « Les manuels scolaires sont un exemple d’ambiguïté dans la répartition des charges entre la commune et l’Etat. Alors qu’aucune disposition réglementaire ne met la fourniture des livres scolaires à la charge des communes, celles-ci, dans la pratique, l’assurent souvent.

Ce n’est cependant pas toujours le cas, notamment parce que les manuels ne sont pas obligatoires même si leur usage est majoritairement répandu. Si l’on considère que les manuels scolaires sont des outils pédagogiques qui concourent à la mise en œuvre des programmes récemment redéfinis et à la réussite scolaire, les modalités de leur prise en charge devraient être clarifiées ».

Manuels scolaires: baisse de budget au collège

Au collège, il revient à l’Etat, depuis 1975, d’assurer l’équipement des élèves en manuels conformes aux programmes. Mise en place en 2006, la LOLF (Loi organique relative aux lois de finance) finance ce dispositif via la subvention versée aux établissements pour faire face aux dépenses pédagogiques…

Mais ces crédits sont en baisse depuis quelques années, comme nous l’explique Sylvie Marcé, PDG de Belin et Présidente du groupe des Editeurs scolaires au SNE (Syndicat National de l’Edition) « De 1977 à 2005, dès lors qu’il y avait une réforme de programme, il y avait les moyens suffisants pour changer les manuels. En 2005, pour la première fois, le budget de l’état était insuffisant pour couvrir les besoins. Entre 2006 et 2010, l’enveloppe budgétaire qui concerne les manuels scolaires aura baissé de 14 %.

Cette année, l’Etat consacre 67,7 millions d’euros pour les dépenses pédagogiques des collèges, manuels scolaires mais aussi carnets de correspondance, maintenance des matériels technologiques, achat de logiciels pédagogiques et de matériels informatiques, remboursement des frais de stage pour certains élèves de 3ème. L’année prochaine, seuls 58,5 millions d’euros y seront consacrés. La tendance se confirme donc ! »

Ordinateurs à l’école: Le bilan numérique

Quand les moyens manquent, il est difficile d’équiper largement les écoles d’outils numériques, même si la volonté du gouvernement semble réelle d’avancer vers ces nouveaux supports pédagogiques. « Les éditeurs y travaillent déjà depuis le début des années 2000 et on a senti une forte montée en puissance à cette rentrée 2009.

Toutes les nouveautés scolaires qui sortent en 2009 au collège et en lycée professionnel sont accompagnées de versions numériques de ces manuels. Pour le primaire, c’est moins systématique mais on commence à avoir de nombreuses offres. On doit approcher au total de 300 manuels numériques proposés, une soixantaine étant utilisés dans le cadre de l’expérimentation « Manuels numériques de 6ème et ENT » » commente Sylvie Marcé, PDG de Belin.

Dotée de crédits spécifiques pour 8 000 collégiens de 6ème (environ 1 % des effectifs), cette expérimentation représente 45 % du total des équipements des 6ème en manuels numériques. Dans ce dispositif, chaque collégien a accès à 4 manuels numériques. Il n’en va pas de même, loin s’en faut, au niveau national où les autres élèves de 6ème sont moins de 2% à avoir accès à un manuel numérique en français et moins de 3 % en histoire-géographie !

A l’école primaire, les ressources numériques éducatives connaissent de très faibles usages dus au manque de matériel même si, en cette rentrée 2009, le plan « Ecoles Numériques Rurales » qui vise à équiper 5 000 écoles constitue un signal encourageant. Rappelons enfin que la France se situe en 21ème position sur 27 pays de l’Union Européenne en termes d’équipements numériques dans les écoles.

Faut-il réviser la pédagogie ?

Une école où le numérique prendrait toute sa place, c’est-à-dire serait un outil d’enseignement quotidien, au même titre que le livre, supposerait aussi une autre pédagogie. « Les enseignants manient en général très bien l’outil numérique chez eux. Mais se retrouver face à 30 élèves avec un outil qui remet en cause sa posture d’enseignant et qui peut connaître des bugs qui remettent en cause le déroulement d’un cours, c’est autre chose. Une formation des enseignants serait vraiment nécessaire » commente Sylvie Marcé. Encore faudrait-il que les salles de classe soient équipées correctement et que le matériel soit à la hauteur. Isabelle, professeur de français, témoigne de son expérience : « Je suis très sceptique sur le numérique. On voit arriver des ordinateurs qui sont déjà périmés avant d’être utilisés. Le matériel n’est pas adéquat et la maintenance est inexistante ». Et Frédéric Kerbeche, en charge des TICE au Conseil général du Val d’Oise d’ajouter « Encore faudrait-il que toutes les classes soient équipées d’une prise réseau pour se connecter à Internet, ce qui est loin d’être la cas. »

Le savoir, c’est aussi et d’abord l’enseignant !

Si le manuel est un support indispensable aux élèves mais aussi à l’enseignant parce qu’il permet de « découper » clairement un programme en séquences – en général une double page par cours -, l’enseignant est, au sein de la classe, le détenteur du savoir et de la transmission de ce savoir. Une circulaire datant de 1997 définit clairement ce rôle : « En fin de formation initiale, le professeur est capable de concevoir, préparer, mettre en œuvre et évaluer des séquences d’enseignement qui s’inscrivent da manière cohérente dans un projet pédagogique annuel ou pluriannuel. L’élaboration de ce projet implique qu’il sache, dans le cadre des programmes et à partir des acquis et des besoins de ses élèves, fixer les objectifs à atteindre et déterminer les étapes nécessaires à l’acquisition progressive des méthodes ainsi que des savoirs et des savoir-faire prescrits ». Autrement dit, le meilleur outil de l’élève, c’est encore son professeur !

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