A bas l’ennemi anglo-saxon ! Halloween, célébration des morts et des esprits, n’est qu’une boursouflure immonde venue souiller le calendrier des fêtes de fin d’année. Non, nous ne nous déguiserons pas en lutin magique ! Non, nous ne collerons pas de toiles d’araignées sur les murs ! Reprends tes bonbons, arriviste, j’attends noël, avec ma mauvaise foi en bandoulière ! ATTENTION, CET ARTICLE EST A LIRE AU SECOND DEGRE!!
1 – Parce que ce n’est pas français
Et puis quoi encore, Thanksgiving ? Va-t-on, dans le Poitou-Charentes, commencer à célébrer Thai Pongal, fête indou du soleil, dès qu’il fait beau ? Est-on obligé, le cinquième jour du cinquième mois lunaire, de célébrer du?n w? jíe, la fête des beaux dragons, sous prétexte d’ouverture culturalo-économique envers la Chine ? Certains prétendent qu’Halloween, loin du culte américain, serait à l’origine une fête celtique. A d’autres ! Une fête bretonne non associée à l’alcool ? Imposture ! Soyons français restons gaulois : Noël, Pâques, le Beaujolais, la Coupe du Monde et basta !
2- Parce que c’est anti-chrétien
Halloween est la fête des morts-vivants, des esprits, des sorcières… A défaut de boycotter l’hérétique Harry Potter, on pourra se dispenser de célébrer des créatures sataniques, représentation délirante de l’écroulement de notre société judéo chrétienne. Car pour Halloween, personne ne se grime en St Martin, en Joseph d’Arimathie ou en Marie Madeleine. Mais des pharaonnesses polythéistes, des extraterrestres païens et des tueurs en série, ça, oui ! Ne gâchons pas la reconquête du territoire entamée par Des Hommes et des Dieux en parodiant l’apocalypse pour mieux draguer en soirée.
3 – Parce que le lendemain, c’est Toussaint !
Ah c’est marrant de se déguiser en macchabé pour aller boire avec ses amis zombies et gladiateurs ! Mais qui viendra demain matin au cimetière pour voir papi ? Parce qu’autant c’est amusant de se maquiller en cadavre, autant dessaouler le lendemain matin en titubant entre les croix, c’est beaucoup moins fun. Même s’il s’agit d’une fête en larmes, la Toussaint est un rite qui a du sens et qui mérite d’être célébré. Bien sûr, on peut préférer délaisser sa famille et sa patrie pour gigoter sur Sexy Witch de David Guetta déguisé en abeille fluorescente. Faudra-pas non plus pleurer, dans soixante ans, quand les nouveaux jeunes viendront cuver sur vos tombes.
4 – C’est une fête commerciale
Nous prend-on pour des jambons ? Emergée dans les années 90, la fête païenne ne sert qu’à écouler les stocks de confettis orange et noir dont personne ne veut et à nous revendre les vieilles collections Sonia Rykiel rebaptisées « costume de sorcière-toutes tailles ». Tête de monstre, déco pourrie, faux sang… Du bazar impossible à réutiliser, de très mauvaise qualité en plus d’être de très mauvais gout. Mieux vaut se réserver pour une fête purement familiale, gratuite et sans aucune arrière pensée marketing : Noël ©.
5 – Parce qu’on n’a jamais le bon costume
S’habiller tous les jours est une épreuve difficile mais pas insurmontable : robe ou tailleur, jean ou pantalon de ville… Halloween nous propose un défi plus difficile : choix entre tout ! Couteau à travers la tête, pantalon à l’envers, perruque multicolore… Se déguiser, enfant, pourquoi pas, mais adulte ? Dans 85% des cas, les costumes seront moches, ridicules, et souvent même pas reconnus. Et puis, si les déguisements c’est si bien que ça, pourquoi les Galeries Lafayette n’en font pas ? C’est bien la preuve que c’est une fête avant tout destiné aux masses populaires, inconscientes, télécommandées, qui décident, comme si c’était normal, d’acheter un costume d’Elf guerrier entre le rayon DVD et la promo saucisson du hall d’Auchan.
6 – Parce que le potiron, ce n’est pas bon
Pour Halloween, on creuse des potirons : c’est vilain et c’est dangereux. C’est de plus une insulte aux gens qui ont faim, puisqu’on jette scandaleusement le cœur de la cucurbitacée à la poubelle. Mais il y’a plus scandaleux : certains la mangent ! Potiron au lardon, croquette de potiron, potiron à la béchamel… Des recettes immangeables qui participent au caractère « horrible » de la fête. Célébrer une fête assimilée à un aliment aussi dégueulasse est une honte pour la gastronomie française. Bande de quiches !
7 -Parceque les bonbons, c’est mal
Lorsque Jacques Brel parlait d’apporter des bonbons, on n’imagine pas qu’il comptait le faire déguisé en loup-garou ou en Mitterrand ! La tradition américaine consistant à aller frapper aux portes en exigeant des bonbons ne s’est jamais réellement implantée en France, en grande partie à cause de la méfiance des gens. Et les pauvres qui ont la chance de recueillir des denrées ont de fortes chances de se retrouver avec des « bonbons en vrac » achetés chez Leader Price l’année dernière (personne n’en a voulu). S’en suivra la vraie terreur : les carries et les séances de dentiste, avec anesthésie, roulette, dévitalisation… Pour perpétuer l’ambiance halloween, il y’aura surement plein de sang lorsqu’on arrachera les molaires.
8 – Il n’y a pas de bons films sur Halloween
On reconnait un grand évènement aux films qui l’accompagnent : des dizaines de chef d’œuvres sur Noël, tout autant sur l’histoire de Pâques… Et sur Halloween ? Que dalle, walou, si ce n’est des nullités américaines types film d’ados-geek (Scream, Halloween, Freddy…). Certains répondront naïvement « Mr Jack » de Tim Burton. Rappelons le titre du film : « L’étrange Noël de Mr Jack » ! Et n’oublions pas que le but de Jack est de quitter Halloween : si même les squelettes ne veulent plus célébrer les morts, pourquoi s’obstiner ?
9 – Parce qu’y a plus de sous !
En période de crise, mieux vaut économiser que de dépenser son maigre salaire (pour ceux qui en ont un) dans d’inutiles dépenses. De toute façon, que vous le vouliez ou non, vous fêterez bientôt Halloween : les vêtements, transformés en guenilles par le manque d’argent, ne vous protégeront pas des toiles d’araignées de votre cabane au fond des bois. Et estimez-vous heureux si les bourgeois vous donnent des bonbons quand vous frapperez à leurs portes !
10 – Parce qu’il n’y a rien à fêter
Le principal problème de cette fête d’Halloween est qu’il ne s’y passe rien. Aucun rite, aucune tradition. Jean-Paul, enthousiaste, veut célébrer : il s’achète un costume, décore sa maison, invite ses amis, sa famille. Et après ? Pas de messe de minuit, pas de cadeau, pas de chocolat à chercher dans le jardin, même pas de soirée spéciale animée par Foucault. Rien, rien, rien, si ce n’est la facture de ses achats inutiles (un balai de sorcière, un chapeau de magicien,…). Humilié par les demandes incessantes de ses convives (« Et alors on fait quoi ? »), il n’a plus qu’à s’enfermer dans la cuisine, infecté par l’odeur de potiron, grotesque dans son costume de Grand-Schtroumph, en attendant demain, pour oublier. Bonne fête Jean-Paul, fallait pas faire le c…