À l’adolescence, de nombreux enfants entre 12 et 16 ans se réfugient dans un mutisme caractéristique de la crise identitaire. Face à ce refus de communiquer, les parents sont souvent désemparés et hésitent entre la confrontation et la prise de recul. Mais pas de panique, tout est question de psychologie…
Il ne communique plus, pourquoi ?
Du côté de l’ado, le silence de l’entrée en crise est généralement le signe de nombreux changements internes, souvent difficiles à exprimer, et qui touchent parfois la question tabou de la sexualité. Ainsi, l’arrêt de toute communication au sein du cercle familial coïncide la plupart du temps avec une forme d’autocensure face à ces changements physiques.
Plus concrètement, le dialogue entre les parents et l’ado est volontairement rompu par ce dernier, en réponse à des questions trop indiscrètes ou à des comportements intrusifs au sujet de ces changements naturels. “Est-ce que tu as une petite copine ?”, “Pourquoi tu te maquilles ?” ou encore “Avec qui tu sors ?”.
Tant de questions auxquelles l’adolescent refuse de répondre pour préserver son jardin secret. Car cette phase est avant tout une crise de l’intimité, à l’heure où l’enfant quitte la bulle créée par les parents pour définir lui-même sa propre identité.
Parents : comment vivez-vous son adolescence ?
Pour la plupart des parents, ce silence est souvent source d’inquiétude ou de conflits. Pour beaucoup, il traduit un rejet de l’autorité parentale. Un rejet qui, bien souvent, fait peur.
Les parents ont souvent tendance à croire que ces comportements sont les prémices d’une révolte bien plus violente et bien moins contrôlable, et auront tendance à serrer la vis. D’autres, plus attristés qu’apeurés, voient en ce mutisme un rejet affectif, du à l’éloignement de la sphère familiale.
“Si mon enfant ne me parle plus, c’est sans doute qu’il ne m’aime plus” se disent certains. Bien au contraire, ce type de comportement n’est réellement palpable que par des personnes avec qui l’ado est affectivement lié. Pour cette raison, il est rare qu’il adopte une attitude similaire avec ses grands-parents ou encore avec les parents d’un ou d’une ami(e).Dans d’autres cas, plus extrêmes cette fois, c’est une dépression que l’on suspecte.
Si elle est rare, elle existe bel et bien chez les adolescents, mais des symptômes caractéristiques tels qu’un décalage nocturne-diurne ou un dégoût de soi permettent rapidement de différencier les deux cas de figure.
Quelle attitude adopter face à votre ado ?
Nombreux sont les couples ou les parents isolés qui se retrouvent perdus, et ne savent plus quelle attitude adopter pour renouer le dialogue avec leur adolescent. Le forcer à se confier risquerait de le brusquer. Mais inversement, ne rien faire, ne rien dire, en pensant que cette période finira bien par passer risque d’apparaître comme de l’indifférence au yeux de l’adolescent.
Idéalement, la crise d’adolescence doit être identifiée assez tôt pour que l’enfant ne prenne pas l’habitude de s’isoler et de rejeter ses parents. Dès lors, un minimum de communication doit être imposé, quitte à forcer un peu les choses.
En revanche, les parents ne doivent en aucun cas apparaître comme des despotes à qui un rapport journalier doit systématiquement être fait ! Car si l’ado a tendance à s’isoler, il ne faut pas l’en empêcher totalement. Il faut également bien réaliser qu’il n’a pas forcément envie de s’isoler, mais en éprouve néanmoins le besoin.
Autre solution : le psychologue. Si cette mesure n’est pas toujours nécessaire, elle ne fait en tout cas jamais de mal. Comme le signale Philippe Gutton, neuropsychiatre et psychanalyste, “le contact entre l’adolescent et le psychologue est très facile, beaucoup plus qu’entre un psy et un enfant par exemple, ou même avec un adulte”.
Source : L’adolescence, Professeur Philippe Jeammet, Éditions Solar
