Fusion des mots « sexe » et « texto » le sexting est un phénomène en pleine expansion chez les ados. Vidéos ou photos suggestives prises seul ou lors de jeux amoureux, elles sont ensuite diffusées et échangées bien souvent sans le consentement des principaux intéressés.
Elles posent devant leur miroir, dans leur salle de bain ou leur chambre, en petite tenue ou pas. Regards aguicheur et poses suggestives, tantôt léchant une sucette tantôt se mordillant la lèvre. Imitant les pussycat dolls, shakira et autres pin up des temps modernes, ces jeunes filles sont capables de se déshabiller sur commande de leurs petits copains devant une webcam, ou d’envoyer des photos dénudées par mms ou facebook. Bienvenu dans le monde du sexting.
Elles n’imaginent pas un seul instant que ces photos peuvent être détournées et les marquer à très long terme. Depuis l’essor des réseaux sociaux, ce phénomène est en pleine expansion à travers le monde. C’est d’ailleurs par ce biais que certaines se sont fait connaitre. Des bimbos telles que Paris Hilton ou Kim Kardashian ont misé sur cette pratique plus ou moins consciemment pour se faire connaitre. Mais dès lors qu’il s’agit de mineurs, le problème prend beaucoup plus d’ampleur.
A l’instar de Paris, ces héritiers du porno chic s’adonnent à des pratiques sexuelles sous le feu des projecteurs sans prendre en compte les conséquences qui peuvent parfois être dramatiques.
Du jeu amoureux au chantage sexuel
« Ça commence généralement par une demande du partenaire, garçon ou fille, de déshabillage devant une Webcam ou un téléphone portable », explique Dominique Delorme interrogé sur le monde. Il est chef de projet de l’association E-enfance, et est particulièrement vigilant sur les rapports des jeunes à Internet. « Mais, après, cela va crescendo et on se retrouve vite dans des situations de chantage, note-t-il. L’autre peut en vouloir plus et menacer de diffuser les images si le partenaire refuse de filmer des scènes de caresses ou de masturbation. »
Jeu amoureux au départ, le sexting tourne vite au cauchemar, surtout lorsque les auteurs du chantage s’exécutent. Les images peuvent faire le tour du lycée via le Bluetooth ou les mms mais pire encore elles peuvent faire le tour du monde avec les réseaux tels que myspace, youtube ou encore facebook. Ainsi l’enquête britannique sur le sexting révèle que 38% des moins de 18 ans auraient déjà reçu des images à caractère sexuel sans les avoir sollicité.
Véritable danger pour ces ados qui peuvent être victime d’actes malveillants aussi bien de la part de leur petits-amis ou de personnes recevant ces photos. Il existe même un site pour se « venger de son ex » où sont publiées toutes sortes de vidéos et de photos compromettantes.
Quand le sexting tourne au drame
D’ailleurs la situation a d’ores et déjà tourné au drame au Etats-unis et en Australie où deux adolescentes se sont donné la mort après avoir été victimes de ce chantage. L’une d’entre elles se prénommait Jessica Logan, et après avoir rompu avec son petit ami, des images d’elles dénudée avaient fait le tour du lycée. Lassée d’être sans cesse harcelée par ses camarades, elle était devenue la risée de l’établissement. Elle s’est pendue.Toujours selon la recherche britannique, 20% des adolescents affirment qu’ils auraient déjà envoyé des photos osées d’eux-mêmes à d’autres personnes, comportement qui inquiète de plus en plus.
En France il existe depuis 2008 une ligne téléphonique « net-enfance-famille » spécialement conçue pour répondre aux questions relatives aux dangers d’internet. Selon Dominique Delorme qui est également en charge de cette ligne, 6% des appels concerneraient des dérives liées au sexting.« Souvent, ce sont des parents inquiets qui appellent parce qu’ils tombent de l’armoire en découvrant le contenu du portable de leurs fils ou de leurs filles », raconte-t-il.
Ce nouveau comportement n’épargne personne, encore moins les célébrités tout le monde se souvient de la mésaventure qui était arrivée à Laure Manaudou en 2007, qui après avoir rompu avec son petit ami s’était retrouvée nue sus la toile.D’autant que la protection juridique est très aléatoire du fait du consentement de la victime au départ. « Nous avons conscience du phénomène, mais l’article 226-1 du code pénal – principal recours dans le cas du sexting – n’entre en vigueur qu’à condition que la victime ne soit pas consentante » explique Fabien Lang chef adjoint de l’office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication. Cet article prévoit notamment un an d’emprisonnement et 45000 euros d’amende.