Ces hommes qui prennent un congé parental

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Avec son projet de réforme du congé parental, le gouvernement espère impacter sur le nombre d’hommes y ayant recours. Ils sont 18.000 actuellement, et devraient être 100.000 d’ici 2017, selon la ministre des Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem. Focus sur ces pères qui décident de prendre un congé parental.

96% des bénéficiaires du congé parental sont des mères. Pourtant, chaque année, 18.000 pères s’y collent. Et si ces papas qui choisissent de mettre en pause leur carrière pour pouponner sont si peu nombreux qu’on peut parler d’exceptions, le gouvernement a pour objectif de leur donner un coup de pouce. Début mars, François Hollande a annoncé une réforme qui toucherait le congé parental.

Son but : faciliter un partage plus équitable des tâches dans le couple, qui, en l’état actuel des choses, joue clairement en défaveur des carrières des femmes. «En moyenne, une année d’interruption d’activité pour une femme équivaut à 10% de décrochage de salaire» par rapport aux hommes, rappelait alors la ministre des Droits des Femmes Najat Vallaud-Belkacem. Un décrochage, insistait-elle, «qui ne se rattrape jamais».

Pour cette réforme qui devrait avoir un impact important sur l’organisation des familles, le gouvernement s’est « beaucoup inspiré du modèle allemand », comme l’a précisé Najat Vallaud-Belkacem. En 2007, année de mise en place de sa réforme, l’Allemagne comptait « seulement 3 ou 4% d’hommes en congé parental. Trois ans plus tard, ils étaient 20%. »

Chez nous, la proportion pourrait suivre la même courbe : La ministre estime que d’ici 2017, soit la fin du quinquennat de François Hollande, les pères en congé parental devraient être 100.000. Quant aux gains consécutifs à cette réforme, la ministre a assuré que « toute recette qui serait dégagée sera déployée vers la création de places de crèches». Rappelons que l’objectif du gouvernement est de crééer 275.000 places d’accueil, dont 100.000 places en crèche.

C’est la carrière de Madame qui trinque

Actuellement, le congé parental est ouvert à tout salarié qui justifie d’un an d’ancienneté. Il est d’une durée d’un an, renouvelable deux fois, soit un total de trois ans. Il peut débuter à tout moment, et ce jusqu’au 3 ans de l’enfant. La loi stipule que le salarié récupère, à son retour en entreprise, son poste ou un poste similaire, et la même rémunération. Enfin, le parent qui arrête de travailler a le choix entre un congé total ou à temps partiel, à partir du moment où il travaille au minimum 16 heures par semaine. En fonction du nombre d’enfants, le salarié qui s’octroie un congé parental touche chaque mois entre 384 et 566 euros.

On le sait, statistiquement, les femmes sont moins bien payées que les hommes. Petite piqûre de rappel : Dans notre bel hexagone, une femme est, à poste égal, en moyenne 16,3% moins bien payée qu’un homme. L’écart commence à 5% chez les 20-30 ans et augmente avec l’âge pour atteindre 20% avant la retraite. Chez les cadres, l’inégalité salariale grimpe jusqu’à 23%, tous âges confondus. Au vu des ressources à la disposition du parent en congé parental, il est bien logique que ce soit le parent qui gagne le moins qui mette sa carrèire en pause. Sauf qu’il s’agit dans la plupart des cas de la mère : 75 % des femmes en congé parental gagnent moins que leur conjoint, selon les statistiques de la CAF. Une véritable inégalité qui a un impact inévitable sur les trajectoires professionnelles des femmes.

Notons également que si une bonne partie des congés parentaux sont choisis, certains parents (les femmes d’abord, toujours), les subissent faute de places d’accueil. D’abord parce qu’il en manque actuellement 350.000 pour les moins de trois ans ; ensuite parce que faire garder son enfant représente pour énormément de familles un budget très conséquent.

Concrètement, qu’est ce qui est prévu ?

Les parents d’un seul enfant pourront dorénavant prendre six mois de plus, à condition que le second parent en soit bénéficiaire. Pour les familles comprenant deux enfants au moins, la durée du congé ne bougera pas : trois ans, à condition toutefois que six mois soient pris par le second parent. Dans le cas contraire, le congé sera raccourci de trois à deux ans et demi.

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