Le rapport « Famille, Education aux médias » remis le 21 octobre 2009 à Nadine Morano donne 15 pistes pour la protection de l’enfance face aux nouvelles technologies et la construction d’une relation consciente, active, entre les familles et les médias.
Consommation des médias par les jeunes : diagnostic
Le 4 mars 2009 Nadine Morano, secrétaire d’Etat à la Famille, avait instituée une Commission « Famille, Education aux médias » composée de représentants des associations, d’institutions publiques et de professionnels des médias, et présidée par Agnès Vincent Deray, chargée de la protection de l’enfance au CSA. Cette commission a tout d’abord cerné l’évolution des modes de consommation des médias par les jeunes, et notamment la montée d’internet.
Son diagnostic : l’utilisation de plus en plus importante du web a intensifié les problématiques de protection de l’enfance. L’exposition aux contenus choquants, pornographiques ou de très grande violence, l’impact sur la socialisation et la concentration – notamment en milieu scolaire – ou encore les phénomènes d’addiction ont pris de l’ampleur. A cela s’ajoutent les problèmes liés à la manipulation des données et à leur utilisation par des tiers, ou encore au respect de la législation, concernant les droits d’auteur et la vie privée.
Mais selon la Commission, l’évolution la plus importante concerne l’indépendance de plus en plus grande des enfants vis-à-vis des parents dans leur consommation de médias : internet est un terrain plus difficile à restreindre que la télévision, et les parents se sentent dépassés par leurs enfants au niveau de leurs propres compétences.
Protection des enfants face aux médias : 15 propositions de la commission
Pour rééquilibrer la relation entre parents et enfants autour des médias, la Commission a réfléchit aux moyens les plus efficaces pour adapter les actions d’éducation aux médias, en impliquant davantage et mieux les familles. Le 21 octobre 2009 elle a remis un rapport au secrétariat d’Etat à la Famille comprenant une quinzaine de propositions.
Tout d’abord, le rapport recommande la création d’une Fondation Famille, Education aux médias dont le rôle serait d’appliquer une politique structurée et ambitieuse de généralisation de l’éducation aux médias, en mettant en regard les ressources, les vecteurs et les publics visés.
Un portail internet géré par la Fondation serait l’outil essentiel pour mettre en œuvre cette généralisation, et une Journée Famille et médias (à la suite de la Semaine de la presse et des médias dans l’école) permettrait aux familles de visiter l’ensemble des médias, nationaux, régionaux, sur tous les supports.
Renforcer l’éducation aux médias dans la vie quotidienne
Le rapport de la commission propose également :
-la création d’une Alliance européenne pour l’éducation aux médias, qui mettrait en avant les pratiques les plus intéressantes et soutiendrait par des appels d’offres le lancement de nouveaux programmes ;
-le développement des actions de formation des professionnels de la famille (CAF, Points info-famille, médiathèques, UDAF…), de l’enfance (assistantes maternelles, animateurs de centres de loisirs…) et des parents ;
-la création d’un magazine autour de l’éducation aux médias et une émission d’information et de décryptage à destination des enfants, voire une véritable chaîne de télévision du service public consacrée à la découverte des médias, qui serait diffusée notamment sur les nouveaux supports (web, mobile, iptv…) ;
-l’encouragement au développement de contenus d’éducation aux médias sur supports privés (chaînes de radio et de télévision, sites Internet aux contenus audiovisuels, presse jeunesse et ouvrages scolaires) ;
-la progression vers une signalétique uniforme pour les contenus audiovisuels (pictogramme « déconseillé aux moins de dix ans » maintenu tout au long des programmes, inséré sur les programmes TV, la VOD et les podcasts).
Education aux médias : des propositions pour l’école et Internet
Le rapport de la commission propose de faire de l’éducation aux médias un cursus obligatoire en primaire, collège et lycée ; d’ouvrir davantage l’école aux parents en matière d’éducation aux médias ; de valoriser la recherche en éducation aux médias et la formation de spécialistes ; d’encourager les jeunes à être créateurs de médias (aider notamment les lycées à ouvrir des studios médias).
Côté web, il faudrait renforcer l’information des utilisateurs d’internet, parents comme enfants ; augmenter la modération des opérateurs, hébergeurs et éditeurs de sites ; et enfin développer des outils techniques de protection de l’enfance sur internet : outils de blocage et de filtrage, mais aussi mise en place de techniques « d’empreintes numériques ».
Celles-ci permettent de reconnaître des programmes signalisés comme violents ou pornos et éviter qu’ils soient remis en ligne. Le « tatouage numérique » des vidéos permet quant à lui d’inscrire des informations sur un produit audiovisuel se rapportant à la signalétique jeunesse.
Enfin, la Commission souhaite faire de l’éducation aux médias la Grande cause nationale 2010. Rendez-vous donc dans quelques temps pour un bilan…