Interview de Margaux Motin

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Margaux Motin, illustratrice adulée de la blogosphére vient de sortir une nouvelle BD La tectonique des plaques le 8 mai dernier. Un livre rafraîchissant, drôle et un brin provocateur. Interview d’une maman simple et pleine d’humour.

– En quelques années, vous êtes devenue la «chouchoute » de la presse féminine. Dans quelle tradition du dessin de presse vous inscrivez-vous ?

Je ne m’étais jamais posé cette question ! C’est assez difficile d’y répondre parce-que j’ai commencé à lire la presse à peu près en même temps que j’ai commencé à travailler donc je n’avais pas une grande culture du dessin à l’époque. Du coup c’est vrai que je n’ai pas de référence en termes de dessin de presse connue. Il y avait deux illustrateurs dont je retrouvais le travail de temps en temps dans les magazines qui était d’un côté Sempé et de l’autre côté une illustratrice qui s’appelle Colonel Moutarde. Mais à cette époque-là j’étais toute jeune et je ne lisais pas la presse, donc je ne savais pas vraiment qui faisait quoi.

– La Tectonique des Plaques est votre quatrième livre, quelle place tient-t-il dans votre œuvre ? Est-ce une rupture ou une continuité ?

C’est une continuité, c’est toujours sur la même lancée, il n’y a pas de rupture de style, de formes, c’est le même genre de bouquin que les premiers, c’est plus une évolution.

– Comment votre vie inspire-t-elle votre travail ?

De façon hyper directe, c’est-à-dire que tout ce qui peut arriver sur une journée de croustillant, de drôle ou même de triste, tout est consigné et ressorti plus tard pour être disséqué afin de trouver quoi écrire dessus. C’est donc une écriture du quotidien, ce qui m’intéresse c’est parler de la vie de tous les jours, de faire un travail de transformation par l’écriture et le dessin sur des moments de tous les jours en les transformant en quelque chose de savoureux, qui va faire sourire ou franchement rire le lecteur ou la lectrice parce qu’il va s’y reconnaître.

-Quelle est la distance entre votre personnage et vous-même ?

La distance se fait justement par le biais du travail d’écriture parce que je ne raconte jamais un événement tel qu’il s’est produit. Une fois que l’événement se produit il y a toujours un gros travail d’écriture derrière pour aller chercher dans cet événement de la vraie vie l’essence, le cœur de l’événement pour le transformer en histoire. Il n’y a aucune histoire qui me soit arrivée pile comme elles sont racontées dans le bouquin, il y a toujours l’étape de l’écriture, du dessin, de la narration qui font que je m’éloigne complétement de la vraie vie.

Il y a des points communs, bien sûr, elle me ressemble, on a des traits de caractère communs mais il y a vraiment une vraie distance d’auteur à personnage.

– Vous êtes aussi une maman, est-ce que la maternité a changé votre regard sur la vie/sur votre façon de dessiner ?

C’est avec l’arrivée de ma fille que tout a vraiment commencé. Ça m’a permis de prendre confiance en moi et ça m’a obligé à me décentrer un peu et à regarder ce qu’il se passait autour, de changer mon regard sur les choses.

– Dans votre livre, les mères ont des supers-pouvoirs, quelle héroïne êtes-vous dans la vraie vie ?

Moi je suis une héroïne à la retraite, j’ai été une super héroïne et j’ai arrêté parce que ma fille grandie, elle va avoir 7 ans et demi. Je l’ai bien portée les premières années, maintenant je la regarde et je m’aperçois que c’est elle qui a des supers pouvoirs. Mon travail c’est de veiller à ce qu’elle ait tout ce qu’il faut pour qu’elle puisse bien s’épanouir. Aujourd’hui j’ai posé ma cape de super héroïne.

– Alors plutôt maman poule, maman copine ou maman sévère ?

Un équilibre des trois, ça dépend du moment, de ce qui est en train de se passer. Je suis maman poule mais en même temps elle est très libre, indépendante et quand elle a besoin de faire les choses seule elle le fait. En même temps très copine tout en maintenant une vraie distance, dès que le côté maman copine atteint ses limites j’arrête très vite ce rapport là pour pas qu’on tombe dans l’insolence ou ce genre de choses. Je suis très cool et en même temps autoritaire, ma fille ne fait jamais de bêtise car elle connaît les limites parce que je suis stricte sur les trucs ou il faut l’être, donc il n’y a pas de débordements.

– L’humour, est la politesse du désespoir, disait Boris Vian ? De quoi désespérez-vous ?

Je ne suis pas sure de désespérer de quoi que ce soit. Au contraire, je pense être assez optimiste mais il est possible que ce grand optimisme cache peut-être une grande peur de l’existence, mais j’avoue que j’évite de regarder de ce côté là parce-que c’est des vortex qui aspirent. Je préfère me concentrer sur les jolies petites choses de la vie. L’humour c’est une façon effectivement de dédramatiser la grande vanité de l’existence.

– Y a-t-il une vie après la chronique de la fashionista parisienne que vous avez entreprise ? Y a-t-il d’autres horizons qui vous tentent ?

Comme je ne suis plus du tout comme ça aujourd’hui, maintenant j’habite en province, je ne vis plus qu’en tong et en short troué, je pense petit à petit que le glissement se fait naturellement et que ça va évoluer sur autre chose, mais je ne me pose pas la question. Puisque ce sont des chroniques du quotidien que j’illustre, c’est la vie de tous les jours dont je parle et la magie c’est que j’ai juste à vivre pour voir ce que je vais raconter. Ça m’évite de trop me projeter, en fonction de la direction que prend mon existence mon travail prendra la même direction. Et puis comme le bouquin vient de sortir il n’y a pas longtemps et qu’il m’a pris un an et demi/deux ans de ma vie, j’aspire à surtout ne pas m’engager. J’attends juste l’été tranquillement.

Suivez Margaux Motin sur son blog : http://margauxmotin.typepad.fr/13007

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