Les enfants n’ont plus le goût de lire tant ils sont happés par le cybermonde et les écrans tous azimuts… Une croyance largement répandue qui ne correspond pas à la réalité. La littérature jeunesse se porte bien et les « grands formats », autrement dit « pavés » destinés aux jeunes se vendent à la pelle. Premier de la classe, Harry Potter a entraîné derrière lui une ribambelle de héros, de talents, d’aventures que l’on se refile sous la couette à l’heure de la lampe de poche. Eclairage sur ce phénomène anglo-saxon que les auteurs français commencent à s’approprier avec brio.
Littérature jeunesse : le grand format en grande forme
Avant le premier Harry Potter, c’est-à-dire il y a dix ans, la « niche » des jeunes « vrais » lecteurs avait ses entrées, ses références, ses bouquins en format poche plutôt rudimentaires et écrits en petits caractères. Il fallait être un initié, faire partie d’une certaine élite, avoir la tête d’un premier de la classe pour entrer dans le sérail des gros lecteurs. La tornade Harry Potter, dont le premier tome fut publié par Gallimard-Jeunesse en 1998 – éditeur qui s’était déjà rodé avec le premier best-seller grand format, A la Croisée des Mondes de Philip Pullmann -, a balayé la poussière pour ouvrir grand les pages des livres au plus grand nombre.
Depuis, on ne compte plus les univers et les héros qui ont vu le jour avec souvent les mêmes ingrédients : un espace temps différent avec une prédilection pour le passé franchement passé ou l’avenir franchement lointain, l’amour des grands espaces aussi où toutes les chevauchées fantastiques ou galactiques sont possibles, les grands frissons, les créatures étranges (monstres, dragons et consorts) et les mondes parallèles… Le gros de la troupe au rayon grand format puisque ce genre que l’on appelle « fantasy » (de l’anglais « imagination ») et qui reprend bien des thèmes de la littérature du merveilleux représente 65% des ventes (Ipsos fin 2006). S’y ajoutent le « chick Lit » (15% des ventes grand format), nouveau genre qui s’adresse à un public féminin (Le Journal de Bridget Jones est l’exemple type). En littérature jeunesse, il s’adresse à la lectrice pré-ado ou ado avec un brin de romantisme et surtout une bonne dose d’humour et d’autodérision autour des peines de cœur, d’amitié, de collège, de lycée et de parents. Enfin, la littérature « pure » représente 20% de ce marché avec des romans d’aventure ou policiers… ou les deux ! Premier gros succès dans ce domaine d’un auteur français, Tobie Lolness (ça sonne un peu anglais, non ?) de Thimothée de Fombelle que Côté Mômes a largement salué au moment de sa sortie. Et si le marché du grand format est pour l’heure encore dominé par des œuvres anglo-saxonnes achetées aux enchères, au prix d’une concurrence sans merci entre éditeurs, la relève hexagonale semble désormais assurée.