Bébés : les nombrils du monde

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De la naissance aux premiers pas, quatre bébés du bout du monde nous font partager leurs aventures. Une idée toute simple filmée avec beaucoup de justesse et d’humour.

Aux Etats-Unis, pourtant terre de cinéma, un début de polémique est né autour du film « Bébés » : les « acteurs » principaux du film n’auraient pas eu un « contrat de travail » digne de ce nom, respectant le temps de pose et de repos autorisé lors d’un tournage. On excusera la bêtise procédurière de nos cousins d’outre atlantique en reconnaissant que le film semble, par moment, dépasser le cadre du documentaire pour entrer dans le domaine de la fiction, naturel oblige.

Réalisé par Thomas Balmès sur une idée d’Alain Chabat, le film suit quatre bébés, de leur naissance à leurs premiers pas (un an). Evidemment, les temps de sieste des enfants ont été respectés et donc pas filmés : les héros du film sont des aventuriers, qui n’hésitent pas à grimper sur tout ce qui bouge, à défier les jouets les plus incompréhensibles et dompter les animaux les plus dangereux (une chèvre).

Chaque bébé est élevé dans des pays aux cultures très différentes : la petite Hattie est de San Francisco, Mari est tokyoïte, Bayarjargal explore les vastes étendues mongoles et Ponijao est en Namibie. Manque peut être un bébé parisien, mais bon…

L’intérêt de cette idée toute simple est évidemment de comparer les différents types d’éducation. Même si le documentaire ne propose aucun commentaire, on est forcément impressionné par le contraste entre les parents japonais et américains, protecteurs et omniprésents, et ceux africains et mongols, qui laissent plus de liberté aux enfants, devenus durs à cuire par la force des choses !

En posant sa caméra dans un coin de la chambre, Thomas Balmès a rassemblé tout un tas de scènes cultes : Mari la japonaise, désespérée de ne pas comprendre le fonctionnement d’un jouet en bois, Ponijao mordillant l’oreille d’un chien et la pauvre Bayarjagal, véritable héroïne du film : une chèvre vient boire l’eau de son bain, elle s’emmêle dans un rouleau de papier toilette, son frère la « mouche » à grand coup de torchon dans la figure et elle finit par se retrouver attaché à son lit avec une ficelle ! « Pour éviter que le bébé ne se brule au poêle situé au centre de la yourte » explique Purev, sa maman.

Simple et beau

Pour pouvoir saisir tous ces moments intimes, Thomas Balmès a passé de longues heures avec les parents afin de les convaincre de participer à l’expérience. Si les américains ont accepté pour « ouvrir leurs horizons », la maman namibienne a des raisons bien plus pragmatiques : « J’ai accepté car ça m’a permis d’être suivie par un médecin. Je suis très pauvre et je n’aurais pas eu les moyens d’en consulter un sinon.» Les parents mongols, eux, étaient heureux de pouvoir laisser le bébé seul avec l’équipe ! « On avait confiance. On ne pouvait pas rester tout le temps à côté de lui, on était très occupés avec le bétail et les taches ménagères. »

« Bébés » s’inscrit dans une vague de documentaires comparant les modes de vie des différentes cultures, un peu à la manière du « Premier cri » de Gilles de Maistre, et pose la question : qu’est-ce qui nous rapproche ? La maman américaine est effrayée de voire la petite namibienne jouer avec les animaux, la mère namibienne n’avait jamais entendu parler de tire-lait, mais tous les enfants semblent très heureux. Finalement, le seul dénominateur commun à une belle éducation serait-il l’amour ?

Drôle et évidemment émouvant, « Bébés » est un film simple et beau. Même si leurs contrats de travail n’ont pas été respectés, il y a fort à parier que les jeunes acteurs garderont tous un joli souvenir de cette expérience. La seule polémique serait peut être de savoir lequel des quatre enfants est le plus mignon. A titre personnel, j’aime beaucoup la petite Ponijao, mais ça n’engage que moi.

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