Pour être une torturée patentée, je suis fan depuis toujours des bouquins de psychologie. J’y cherche sans doute ce que leurs titres nous promettent : sérénité, maîtrise de soi, harmonie avec les autres, voire bonheur absolu. Et pour tout vous avouer, il est rare que j’y trouve autre chose que verbiage abscons et références barbares à d’autres ouvrages, plus anciens, introuvables et quoi qu’il en soit sans doute plus hermétiques encore. Je relis douze fois un chapitre, je m’accroche désespérément à ce que j’ai appris, sujet, verbe, complément, mais rien n’y fait : je n’y comprends rien que je ne sache déjà. Les troubles du comportement, dérives dépressives et autres spasmes du corps et de l’esprit s’entassent dans une solitude poussiéreuse au pied de mon lit.
Dernièrement, poussée par la force de l’habitude et de l’espoir toujours renouvelé quand on cherche une vie meilleure, je m’arrête sur un titre accrocheur : Les états d’âme, un apprentissage de la sérénité. Je marque un temps d’arrêt – quand même, j’ai appris à me méfier de moi-même ! – avant de filer à la caisse avec ma dernière trouvaille. Et là, ô joie, une vraie perle. Ce monsieur Christophe André, avec son air de rien et son petit accent du Sud, nous donne une sacrée leçon de sagesse. Exit les grosses colères et autres désespoirs ravageurs, nous voilà plongés dans la finesse, dans la lenteur, dans une oisiveté légère qui atteint pourtant à coup sûr les profondeurs de l’âme. Et voilà que nos tristesses deviennent des opportunités de bonheur, nos ruminations des préoccupations de second plan. Tout un chacun y apprendra qu’il est normal d’avoir la haine, la rage, le blues, que sais-je encore, mais y trouvera surtout comment cultiver, par des exercices simples, des états d’âme positifs qui lui permettront, quand la bise sera venue, d’encaisser les rigueurs de l’hiver !
S’observer, s’accepter puis s’aimer : voilà la condition sine qua non à notre mieux être et à l’harmonie du monde. En toute modestie, Christophe André nous l’offre sur un plateau. Je dis modeste car, comme Freud avant lui qui aimait à dire que partout où il allait, les poètes étaient passés avant lui, Christophe André nous amène tranquillement à redécouvrir poètes, philosophes, écrivains d’un autre temps qui lui ont, eux aussi, ouvert la voie. Nous ne sommes pas loin du sacré avec ce sacré pavé. De la race de ceux que l’on ne voudrait jamais lâcher. Les sagas policières et autres Millénium n’ont qu’à bien se tenir !
Les états d’âme, un apprentissage de la sérénité est paru chez Odile Jacob – 480 pages, 22,90 €- Site et blog de Christophe André : www.christopheandre.com, psychoactif.blogspot.com
