On en avait, des bonnes intentions et des grands principes éducatifs ! Mais ça, c’était avant. Avant d’avoir des enfants. Depuis, nous avons revu notre copie et, ô surprise, le monde ne s’est pas écroulé.Est-ce l’effet de notre éducation, de nos convictions, de la mode éducative du moment ou de l’influence de notre entourage ? Toujours est-il que nous abordons généralement la parentalité avec des idées bien arrêtées. Tendance « les enfants ne parlent pas à table » ou tendance « jamais je n’imposerai quoi que ce soit à mon enfant », nous savons ce que nous voulons. Oui mais nos enfants aussi… Alors on s’assouplit, on adapte, on revoit nos positions, et on n’a pas forcément à le regretter.
« La télé, ce sera le strict minimum »
Non, la télé n’est pas une baby-sitter. Pourtant, les enfants de plus de quatre ans passent plus de deux heures par jour devant le petit écran. Car c’est parfois bien pratique de mettre l’aîné devant un dessin animé pendant qu’on donne le bain au petit. Ou de leur mettre un DVD à tous les deux pour faire la grasse matinée le dimanche !
C’est grave ?
On sait que la télévision génère fatigue, irritabilité et instabilité. Hypnotique, l’écran empêcherait les enfants de se consacrer à un jeu actif ou même… de s’ennuyer, une non-activité indispensable à la construction !
Et maintenant, qu’est-ce que je fais ?
Pas de paranoïa : un enfant qui regarde des émissions adaptées, pendant un temps raisonnable, et qui a d’autres activités par ailleurs, ne se transformera pas en légume psychopathe. Côté dosage, on recommande de ne pas dépasser une vingtaine de minutes d’affilée avant 2-3 ans. N’allumez pas systématiquement le poste quand vous êtes chez vous et ne laissez pas l’enfant prendre le contrôle de la télécommande : c’est vous qui décidez quand on regarde la télévision et ce qu’on y regarde. Vous pouvez aussi préférer des DVD qui permettent à l’enfant de dominer ce qu’il regarde. Enfin, s’il est encore petit, essayez de rester avec lui devant l’émission pour répondre à ses questions.
« Jamais je ne me servirai du chantage pour le faire obéir »
Parce qu’on s’en souvient encore, des « si tu ne fais pas ceci, tu n’auras pas cela » de notre enfance. Et on s’était bien juré de ne pas faire marcher nos enfants au chantage. Un excellent principe : un enfant qui obéit parce qu’il a peur n’a pas compris ce qu’on lui demande ni pourquoi on le lui demande. Pourtant, un matin, on s’entend dire « si tu ne t’habilles pas tout de suite, on ne fait pas de crêpes ce soir » et là, on a vraiment le sentiment d’avoir failli…
C’est grave ?
Lorsque que c’est systématique, oui, car cela devient un aveu d’impuissance.
Et maintenant, qu’est-ce que je fais ?
Expliquez : cela fait dix fois que je te demande de t’habiller, si tu ne m’obéis pas, tu seras puni. On n’est plus dans le chantage mais dans un lien cause-conséquence que l’enfant comprend très bien. En revanche, bannissez totalement le chantage affectif (« si tu ne fais pas ça, papa et maman seront très déçus ») qui peut être dévastateur.
« Pas de caprices avec moi : non, c’est non »
L’enfant qui pique une crise dans un magasin, mène ses parents par le bout du nez ou les « a » à l’usure, très peu pour nous. Chez nous, on édictera des règles et on s’y tiendra. Et on a raison : l’enfant a besoin d’un cadre cohérent et stable pour se développer en toute sécurité. Et si les règles changent tous les jours, pourquoi les respecter ? Seulement, la vie quotidienne est pleine d’exceptions : on veut que les enfants fassent la sieste ou au moins aient un moment calme en début d’après-midi mais aujourd’hui, les cousins sont là et ce serait dommage de ne pas en profiter. On leur interdit de manger avant le dîner mais c’est Pâques et Mamie a apporté des chocolats. On les veut au lit à neuf heures mais ce soir, il y a « Shrek » à la télé… Bref, que des bonnes raisons de contourner les règles.
C’est grave ?
Rassurez-vous, ce qui serait grave serait de rester braqué sur des principes intangibles, montrant à votre enfant que vous êtes incapable de vous adapter à des circonstances exceptionnelles. Souplesse n’est pas faiblesse.
Et maintenant, qu’est-ce que je fais ?
Vous expliquez à l’enfant quelles circonstances font que vous l’autorisez à enfreindre la règle, tout en précisant bien que celles-ci sont exceptionnelles.
« Jamais je ne donnerai de fessée à mes enfants »
La violence n’est pas une méthode éducative et de nombreuses études tendent à montrer qu’elle entraîne la violence. Pourtant, le jour où notre enfant se rend particulièrement insupportable, notre main part toute seule et on a beau le regretter à la seconde même, c’est trop tard. La fessée est encore très répandue en France : lors d’un sondage effectué par l’Union des familles en Europe en 2006-2007, plus de 80% des parents disaient avoir déjà administré une fessée à leur enfant et plus de la moitié d’entre eux s’opposaient à ce qu’une loi vienne l’interdire, comme c’est le cas dans une vingtaine de pays européens.
C’est grave ?
C’est le signe d’un échec dans la communication entre le parent et l’enfant. Mais c’est aussi parfois le seul moyen que trouve le parent exaspéré pour mettre un terme à une situation insupportable et qui s’enlise : tandis que l’enfant cherche à repousser les limites le plus loin possible, le parent se sent de plus en plus incompétent. Une tape coupe court à la crise et évite de lancer à l’enfant des paroles qui peuvent s’avérer beaucoup plus violentes.
Et maintenant, qu’est-ce que je fais ?
Cantonnez-vous à une tape sur les fesses, pas de claques au visage ni de fessée-déculottée-devant-tout-le-monde, très humiliantes. Expliquez pourquoi vous avez réagi ainsi : tu m’as désobéi, tu as fait quelque chose de dangereux pour toi, tu as frappé un autre enfant… Ne reportez pas la fessée, ne la déléguez pas à quelqu’un d’autre : c’est vous qui la donnez, au moment où vous n’en pouvez plus, ce n’est pas papa, ce soir, en rentrant du bureau. Enfin, si la crise perdure malgré tout, c’est à vous, adulte, d’aller vers l’enfant et de le rassurer : j’étais furieuse tout à l’heure parce que tu t’es conduit de façon inacceptable mais ça ne veut pas dire que je ne t’aime plus ; maintenant, je propose qu’on se réconcilie.
« Jamais on ne se disputera devant les enfants »
C’est vrai, les parents n’ont pas à mêler leur enfant à leurs problèmes, cela les inquiète, les perturbe et met à mal leur besoin de sécurité. Pire, les disputes à propos de l’enfant en sa présence sont très déstabilisantes pour lui. Seulement, on ne planifie pas une dispute ! Il suffit parfois d’un rien pour qu’elle éclate. Et on se retrouve à se crier dessus devant un petit garçon médusé…
C’est grave ?
C’est gênant si cela devient un mode de communication entre vous, si la dispute est particulièrement virulente ou si l’enfant en est l’objet : il pourrait se sentir coupable d’être à l’origine d’un tel chaos.
Et maintenant, qu’est-ce que je fais ?
Expliquez à l’enfant que ce n’est pas parce que vous vous êtes disputés que vous ne vous aimez plus. Papa et maman ne sont pas toujours d’accord tout comme lui-même n’est pas toujours d’accord avec ses copains. Et s’ils se disputent, ils se réconcilient aussi. Attention, ce qui trouble les enfants, ce n’est pas tant le désaccord entre ses parents que la façon dont ils l’expriment : en cas de problème, tentez de ne pas céder aux cris et aux mots blessants. Si possible, remettez la discussion à plus tard, lorsque vous serez seuls. La colère vous emporte ? Lorsque le calme est revenu, parlez à votre enfant, expliquez-lui que ses parents ne sont pas toujours d’accord mais qu’il n’y est pour rien.