Isabelle Filliozat est une psychologue spécialiste de la relation parents-enfants. Son livre « Il me cherche ! »* s’intéresse au comportement des enfants de 6 à 11 ans.
Il fait suite à son précédent ouvrage « J’ai tout essayé ! » qui été centré sur le comportement des enfants de 1 à 5 ans. Tous deux sont des guides qui donnent aux parents les clés pour établir une relation plus posée avec ses enfants. Ils expliquent les bases de la parentalité positive dans laquelle l’interdiction et les limites sont remplacés par la permission et les règles à respectées.
CM : Dans quel contexte avez-vous écrit ce livre et quel message voulez-vous faire passer aux parents qui vont le lire ?
IF : C’est une réponse à une demande des parents suite à mon livre «J’ai tout essayé !». Ce livre traite de l’éducation des enfants jusqu’à 5 ans et donc les gens me demandaient la suite. D’autre part, trop souvent cette période entre 5 et 11 ans n’est pas considéré comme une période importante. La psychanalyse l’a appelé la période de latence comme si il ne se passait rien. En réalité tout parent réalise qu’il se passe énormément de choses dans cette période là et le cerveau d’un enfant de 8 ans n’est pas le même que celui d’un enfant de 6 ans ou de 11 ans. C’est donc intéressant de comprendre ce qui se déroule de manière à pouvoir avoir une meilleure réaction.
Dans ce livre, j’ai aussi beaucoup insisté sur nos réactions à nous en tant que parents. Parce que nous avons encore plus que lorsqu’ils étaient petits, tendance à disjoncter. Très souvent on se met à crier, à punir et on n’est pas le parent que l’on voudrait être. Mon objectif est d’abord de déculpabiliser le parent et de donner quelques pistes pour que ça se passe mieux en famille avec les enfants de cet âge-là.
CM : Vous donnez des réponses en accord avec le concept de parentalité positive, pouvez-vous nous en dire plus sur ce concept ?
IF : La parentalité positive ne s’oppose pas à une parentalité négative mais à une parentalité qui dit non. On dit souvent, surtout en France, qu’il faut mettre des limites, poser des interdits, il faut dire non. Dans la parentalité positive au lieu de dire non, je vais dire « oui, et voilà comment tu vas faire. » C’est plutôt une attitude d’accompagnement des enfants, plutôt qu’une attitude de répression.
Par exemple au lieu de dire « non, tu ne cours pas », on va dire « ici tu marches, ici tu cours ». On va fixer des règles avec les enfants, on va être attentifs à ce qu’ils aient les moyens de respecter les règles.
CM : Quels sont les principaux avantages de la parentalité positive ?
IF: Le principal avantage c’est que du coup l’enfant n’est pas tenté de rentrer dans un jeu de pouvoir. Et en général il y a moins de jeu de pouvoir. On n’est pas en train de se bagarrer. Et les enfants font beaucoup plus facilement tout ce que nous désirons qu’ils fassent. Ils sont plus coopératifs. Beaucoup de parents croient que les enfants n’aiment pas respecter les règles et vont les transgresser. C’est faux, c’est uniquement à cause de la manière dont les parents s’adressent à eux que souvent les enfants se rebellent et transgressent.
C’est parce que nous ne mesurons pas la façon dont ça se passe dans le cerveau. Cela nous arrive de poser des interdits aux enfants, or si on dit à un enfant « ne touche pas au placard » nous pouvons être certain qu’il va y toucher. Avant 7 ans, son cerveau ne lui permet pas d’entendre le « ne pas » donc il intègre uniquement « touche placard ». Directement c’est comme si on lui intimait l’ordre de toucher au placard. C’est la raison pour laquelle les enfants transgressent tellement les interdictions.