Le peuple polonais a fait part de son opposition à l’avortement dans une pétition soutenue par plus de 500 000 citoyens. Le parlement a voté : Il vient de se prononcer en faveur de l’interdiction totale de l’IVG. Un comité extraordinaire examinera en dernier le projet de loi, qui a maintenant de fortes chances d’aboutir.
Pas d’exception à la règle
La loi en vigueur jusqu’alors autorise l’IVG dans trois cas de figure : en cas de viol, de danger pour la vie de la mère ou de preuve que le fœtus n’a pas de chance de survivre. Ces situations ne feraient donc plus figure d’exception. Et pour la personne pratiquant un avortement, la loi prévoirait deux ans de prison, peu importe les circonstances de l’intervention.
Selon l’Union Suisse pour décriminaliser l’avortement (USPDA), un rapport de la Fédération pour les femmes et le planning familial aurait « révélé qu’il existe en Pologne un marché noir florissant de l’avortement. Les avortements clandestins seraient estimés à « 80 000 au moins, voire même 200 000. » par an. Un marché noir qui devrait augmenter de manière significative avec ces nouvelles restrictions qui excluraient les cas dans lesquels l’avortement est ni plus ni moins une solution de survie.
Les libertés individuelles à l’épreuve de la démocratie
Scandaleux, ce projet de loi l’est d’autant plus qu’il est l’expression directe de la volonté du peuple. Alors que la Pologne dispose déjà des restrictions les plus sévères en ce qui concerne l’IVG, et que les avortements illégaux représentent un risque sanitaire pour les femmes qui y ont recours – et judiciaire pour les personnes qui se risquent à les pratiquer – comment le peuple polonais peut-il souhaiter aussi ardemment se mettre plus encore en danger ? Car dans ce cas précis, interdire strictement l’IVG revient aussi à accepter que des femmes meurent en accouchant, et à dénigrer d’un revers de main les victimes de viol.
Le comité exceptionnel qui examine le dossier doit rendre son verdict le premier septembre prochain.