Le directeur d’une école primaire de l’Isère est en garde à vue depuis lundi matin car il est soupçonné de viols sur au moins deux fillettes de sa classe de CP. L’homme de 45 ans avait déjà été condamné à six mois de prison avec sursis en 2008 pour détention et recel d’images à caractère pédopornographique. Cette peine s’accompagnait d’une mise à l’épreuve et d’une obligation de se soigner. Cependant, aucune interdiction de travailler avec des enfants n’avait été prononcé. Nous avons essayé de savoir comment cela est possible.L’homme est aujourd’hui soupçonné d’avoir agressé sexuellement au moins deux élèves de sa classe de CP de l’école primaire du Mas de la Raz de Villefontaine dans l’Isère. Les faits se seraient déroulés de décembre 2014 à mars 2015. En 2008, il avait été condamné pour détention et recel d’images pédopornographiques, alors comment a-t-il pu continuer d’exercer son métier en contact avec des enfants ?
Ce que répond l’académie
Contactée par notre rédaction, la direction de l’inspection académique de l’Isère a attesté que le dossier du directeur ne comportait pas de notification de condamnation antérieure à son affectation dans l’académie. L’inspectrice d’académie de l’Isère, Dominique Fis a également indiqué avoir appris l’existence de cette condamnation antérieure lorsque le directeur d’école a été placé en garde à vue ce lundi. « Ne connaissant pas la nature de cette condamnation, je ne peux pas expliquer pourquoi elle n’était pas mentionnée dans le dossier », a-t-elle ajouté.
Dominique Fis a par ailleurs annoncé que tout avait été mis en œuvre pour que l’école fonctionne normalement. « Un nouvel instituteur a pris en charge la classe du directeur et une cellule psychologique a été ouverte pour les enfants et pour les enseignants. Ce qui est important, c’est que les enfants continuent de bénéficier de l’enseignement nécessaire malgré tout. »
Comment a-t-il pu continuer à exercer ?
Selon Olivier Baratelli, avocat de la fondation pour l’enfance interrogé par LCI, l’interdiction d’exercer sa profession aurait pu être une peine complémentaire à la condamnation de l’homme en 2008. Or, elle n’est pas systématique, contrairement à l’inscription au Fichier national des auteurs d’infractions sexuelles (FNAIS). Cependant, ce fichier n’est pas systématiquement consulté lorsqu’un enseignant est muté, ce qui pourrait expliquer que l’inspection académique de l’Isère ait ignoré le passé de l’enseignant.
De son côté, Najat Vallaud Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a initié une enquête administrative confiée à l’inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche afin de mettre en lumière les défauts de communication qui ont conduit à cette situation alarmante.